Cyclisme

Igor Anton : le talent, la malchance, et l’inconstance

Igor Anton 2013Igor Anton, c’est ce type de coureurs capables de vous faire passer pour toutes les émotions en une saison. Un jour au top, le suivant à la rue. C’est malheureusement comme ça que l’on peut résumer la carrière du basque. Une carrière dans laquelle on a cru tenir là un grand champion, mais les chutes, les blessures, ou simplement le manque de régularité ont fait d’Anton un coureur presque comme les autres. Oui presque, parce que Fuji reste un grimpeur hors norme. En mettant de côté les histoires de dopage, beaucoup de suiveurs comparent Anton à Iban Mayo, légende d’Euskaltel. Le Galdakar passe professionnel en 2005 au sein de l’équipe Euskaltel Euskadi. Une première saison pour apprendre, durant laquelle Anton participe au Giro en tant qu’équipier de Samuel Sanchez. Pas de coup d’éclat pour cette année.

Il a fallu attendre fin 2006 pour que Fuji montre au public son véritable potentiel. Alors qu’il était encore équiper de Sanchez sur la Vuelta, il remporte la seizième étape devant Valverde, Vinokourov et Samuel Sanchez. Une première victoire professionnelle de taille qui place Anton comme un grand espoir du cyclisme basque, il a 23 ans. Il finira ce Tour d’Espagne à la quinzième place, en ayant aidé Sanchez à terminer septième. Quelques semaines plus tard, il remporte l’Escalade de Montjuic ainsi qu’une étape.

Tout le monde attend alors la saison 2007 avec impatience. Le premier résultat significatif arrive en mai, lors du Tour de Romandie, où Anton s’impose au sommet à Morgins devant Thomas Dekker lors d’un sprint en côte houleux. Au final, Anton achèvera cette course septième, notamment à cause de ses lacunes en chrono. Premier top 10 sur une course par étape Pro Tour qui annonce de très bonnes choses pour la suite. Et la suite c’est le Tour de France. Première déception de sa carrière, son abandon lors de la onzième étape. Pas dans le rythme, la faute à un manque de forme et à ses difficultés en plaine.

Ce Tour de France oublié, il est alors aligné sur la Vuelta, toujours en tant qu’équipier de Sanchez. Cette fois pas de victoire pour lui, mais trois étapes pour Sanchez, un podium final et pour Anton une huitième place au général. Premier top 10 sur un Grand Tour, l’espoir grandit encore chez les supporters.

L’année 2008 arrive à grand pas. Après des semaines de combat contre une blessure au tendon d’Achille, il remporte une belle étape sur le Tour de Suisse, devançant notamment Cunego, Zaugg, ou Kreuziger, ce qui lui permet de prendre le maillot jaune. Finalement, il terminera troisième. Premier podium sur une course d’une semaine Pro Tour. Igor Anton se place inévitablement comme deuxième leader de l’équipe avec Samuel Sanchez. C’est en partie pour cela qu’on décide de mettre Sanchez sur le Tour et Anton sur la Vuelta. Un choix qui s’avèrera presque payant. Sanchez, après un bon Tour de France (sixième), deviendra champion Olympique. Et Igor Anton réussissait un très beau Tour d’Espagne, puisqu’au matin de l’étape reine et après le chrono, il figurait à la sixième place. Seulement, au pied de l’Angliru, juge de paix de la treizième étape, Anton chute et se casse la clavicule et la hanche. Premier gros coup d’arrêt pour le jeune grimpeur.

La saison 2009 est la pire de sa carrière. N’arrivant pas à se remettre de sa chute, il finit le Tour de France soixante-sixième et la Vuelta trente-troisième. Cependant il remporte entre-temps la Subida Urkiola. Une année à vite oublier pour la basque et ses fans.

Igor AntonAu moment de débuter 2010, personne ne sait trop à quoi s’attendre. Anton s’applique donc à vite montrer à tout le monde qu’il a retrouvé son meilleur niveau. Au Tour de Castille et Léon, il s’impose lors de l’étape de montagne devant Alberto Contador. Sur le chrono, El Pistolero lui prend le maillot de leader. Voilà les supporters rassurés. Et ils vont vite retrouver les espoirs qu’ils avaient mis sur Anton, puisque lors de la Flèche Wallonne, il se détache dans le Mur de Huy avec Contador, avant de se faire reprendre et de finir quatrième. Il prend ensuite le départ de La Doyenne, et y prend un très prometteuse sixième place. Le grand Igor Anton est revenu, le rêve de remporter la Vuelta renait. Il se prépare ensuite discrètement pour le Tour d’Espagne. Et personne n’aurait imaginé ce qu’il s’est passé sur cette Vuelta. Après deux semaines parfaitement maîtrisées, deux victoires d’étape et le maillot Rouge sur le dos, Anton est le favori numéro 1 à la victoire finale. Les Nibali ou Rodriguez ne semblent pas en mesure de faire trembler Fuji. Il est sur le point de ramener un premier Grand Tour à Euskaltel. Mais une nouvelle chute vient casser la dynamique du petit grimpeur. A l’approche de la dernière difficulté de la quatorzième étape, Anton tombe à très grande vitesse, tout comme son coéquipier Egoi Martinez. Les deux basques sont contraints à l’abandon, avec une nouvelle fracture de la clavicule pour le leader. Encore une fois, Anton devra tout reprendre depuis le début, en essayant de revenir au meilleur niveau.

Est-ce que 2011 sera une deuxième saison blanche ? Eh bien non. Cinquième de la Flèche Wallonne, Anton prouve qu’il a su récupérer beaucoup plus vite qu’en 2009. Il participe au Giro, où il fait figure de favori pour au moins un Top 5. Accompagné de Nieve, Anton effectue deux premières semaines correctes avant de connaitre la gloire au Monte Zoncolan. Premier espagnol à gagner en haut de ce mur (max de 22%) d’une dizaine de kilomètres, Anton rentre dans l’histoire. Il est alors troisième au général, derrière Contador et Nibali. Et si son premier podium sur une course de trois semaines n’arrivait pas sur son Tour national mais bien en Italie ? Le lendemain, alors que Mikel Nieve réalise une étape extraordinaire en battant Garzelli d’une façon magnifique, son leader perd toutes ses ambitions de podium, redescendant à la onzième place. Nieve lui atteint la cinquième place. Après ce week-end incroyable (premières victoires d’Euskaltel sur le Giro), Anton n’arrive pas à revenir dans le rythme et finit dix-septième de ce Tour d’Italie. Irrégularité flagrante, et inquiétante quand on veut gagner un Grand Tour. Les supporters hésitent alors entre satisfaction et déception. La suite de la saison choisira pour eux. En effet, Anton prend le départ de la Vuelta avec une revanche à prendre. Beaucoup d’espoirs, peut-être plus que jamais, sont placés en lui. Mais le natif de Galdakao n’y est pas du tout. Toujours distancé quand les choses se compliquent, il termine la Vuelta au trente-troisième rang. Malgré cette immense désillusion, il arrive à se faire quelque peu pardonner en remporte l’étape arrivant à Bilbao, lors du retour de la Vuelta au Pays Basque, très bien aidé par Gorka Verdugo. Une nouvelle victoire historique pour Anton et son équipe, mais la déception est là quand même.

Il laisse alors tous ses supporters dans le flou en vue de la saison 2012. Après un début de saison timide, comme d’habitude, il devait aider Sanchez sur Liège-Bastogne-Liège. Mais devinez quoi ? Il chute durant le départ fictif et se fracture encore une clavicule. Aucun résultat jusqu’au départ de la Vuelta, où personne n’ose plus trop croire en ses chance. Un Tour d’Espagne dominé par trois hommes (Contador, Valverde, Rodriguez) et dans lequel Anton est dans le groupe derrière ces hommes, mais pas au mieux. A la fin, il est neuvième au général. Un résultat moyen, mais plus très surprenant. Anton a maintenant trente ans, et on a l’impression que son palmarès mériterait d’être trois fois plus gros. Une carrière en dent de scie, il est vrai souvent à cause de chute. Mais le résultat est qu’aujourd’hui, Euskaltel ne peut pas être certaine d’avoir des résultats avec Anton, contrairement à Sanchez, ou même Nieve qui enchaîne régulièrement les bonnes performances. Est-ce déjà la fin pour Anton ? Ou est-il capable de recommencé un sorte de seconde carrière, sans les soucis des blessures ? Réponse cette année ! Même si nous avons déjà un peu la réponse, puisque ce genre de coureur sera toujours en mesure de réalisé un exploit pour ci par là, grâce à ses qualités intrinsèques assez exceptionnelles. D’autant plus qu’Anton devrait encore faire la Vuelta, puisqu’aux dernière nouvelles Sanchez ira en Italie, Nieve sur le Tour, et donc Igor Anton pour une énième tentative sur le Tour d’Espagne. Et si c’était son année, pour de vrai cette-fois ? Se cassant la clavicule tous les deux ans, il devrait être épargné en 2013. A lui d’en profiter !

Euskaltel Euskadi 2013

Un mot sur l’équipe Euskaltel. La saison 2013 a débuté, aucun résultat pour eux, ni pour les basques ni pour les autres. Dis donc, est-ce que recruter des coureurs étrangers pour leurs points était judicieux ? En attendant, Anton a déjà déçu un peu sur le Tour de Catalogne, tout comme Mikel Nieve sur Paris-Nice. Début de saison très compliqué, même Samuel Sanchez était à la peine sur le Tirreno. Seul Gorka Izagirre tire son épingle du jeu. La semaine prochaine se déroule le premier gros objectif de l’équipe, l’Itzulia. Avec Sanchez, Anton, Landa, Sicard, Verdugo, Martinez et les frère Izagirre, on peut déjà dire que s’ils ne remportent pas une étape et un top 5 final, ce sera un début de saison complètement raté.

Crédits photos : site officiel d’Euskaltel-Euskadi

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