Souvent, quand on parle de groupe « ouvert » en football, c’est pour éviter d’utiliser un qualificatif plus dévalorisant… Cependant, concernant ce groupe A, il n’en est rien. Car s’il s’agit en effet sur le papier du groupe le plus « ouvert » de cet Euro (il faut dire que les chances de chaque pays de sortir de la poule sont quasi-égales), les équipes en lice sont loin d’être « faibles ».
Russie et Grèce ont terminé en tête de leur groupe lors des éliminatoires, la République Tchèque a fini derrière l’intouchable Espagne puis s’est facilement défait du Monténégro en barrage (2-0 ; 1-0) et la Pologne est l’un des deux organisateurs (avec l’Ukraine) de cet Euro 2012. Difficile en somme de tirer un véritable favori de ce groupe…
Et même si les Pays-Bas, l’Allemagne ou le Portugal semblent promis aux deux qualifiés en quarts, parler d’outsiders de la compétition pour qualifier les équipes de ce groupe A semble être adapté. Présentation.
1. Grèce : L’Euro, « drachme » national ?
Les éliminatoires :
Dans un contexte politique et économique assez catastrophique en Grèce, les hommes de Fernando Santos ont terminé en tête de leur groupe lors des éliminatoires de l’Euro. Placés dans le groupe F avec Croatie, Israël, Lettonie, Géorgie et Malte, les Grecs ont terminé invaincus (sept victoires et trois nuls), deux points devant les Croates. Surtout, ils ont parfaitement maîtrisé ces derniers lors des confrontations directes (0-0 puis 2-0), pourtant considérés comme favoris naturels de la poule.
Les points forts :
Si la Grèce s’en est si bien sortie lors de ces éliminatoires, c’est en grande partie grâce à une défense solide (cinq buts encaissés seulement, pour quatorze inscrits), véritable point fort de cette sélection. Si le fameux gardien Nikopolidis (rappelez-vous, le sosie de Georges Clooney) n’est plus de la partie, l’avenir de la sélection réside maintenant dans le défenseur central de Schalke 04, Kyriakos Papadopoulos. Âgé de 20 ans seulement, il est déjà un pilier du club de Gelsenkirchen qui a terminé sur le podium de la Bundesliga cette saison. Puissant et doté d’un excellent jeu de tête, il est l’un des artisans du beau parcours de la Grèce en éliminatoires (deux buts inscrits) et un des grands espoirs à suivre lors de cet Euro.
Le joueur clé :
Le joueur clé de la sélection de Fernando Santos, c’est le milieu de terrain Giorgos Karagounis. Déjà présent en 2004, il est le capitaine et leader de l’équipe grecque. Âgé de 35 ans, passé par l’Inter Milan et le Benfica (même si il a disputé la majeure partie de sa carrière au Panathinaïkos) il jouera en Pologne et Ukraine sa dernière grande compétition internationale. En 2011/2012, il a disputé 38 matchs avec le Pana (toutes compétitions confondues), et a inscrit deux buts. Et même s’il n’a plus la fougue de la jeunesse avec lui, sa grande expérience est un atout majeur pour la Grèce.
Leurs chances dans la compétition :
Vainqueur surprise de l’Euro 2004 au Portugal grâce à la tactique pour le moins défensive mise en place par Otto Rehhagel et le jeu de tête d’Angelos Charisteas (passé par Arles-Avignon), la Grèce aura du mal à rééditer un tel exploit. Sortir de cette poule serait déjà une très belle performance. Mais l’union sacrée de tout un pays autour de cette équipe pour oublier le quotidien, le temps d’une compétition, pourrait-elle donner des ailes ?.. Premiers éléments de réponse dès le 8 juin.
2. Pologne : Casser sa baraque
Les éliminatoires :
En tant que pays organisateur, la Pologne n’est évidemment pas passée par les éliminatoires de l’Euro. Cependant, elle a effectué une batterie de matchs amicaux : battue par la France en juin dernier, la Pologne a ensuite enchaîné huit matchs en six mois pour trois victoires (Géorgie, Biélorussie, Hongrie), quatre nuls (dont l’Allemagne et le Portugal) et une seule défaite (face à l’Italie). Un bilan correct, auquel il manque peut-être une victoire de prestige pour être qualifié de « bon »…
Les points forts :
Le principal point fort de cette sélection polonaise est, outre le fait de jouer à domicile, son trident offensif qui n’a rien à envier à personne. A gauche on retrouvera ainsi Ludovic Obraniak, auteur d’une excellente deuxième partie de saison avec les Girondins de Bordeaux, et à droite Jakub Blaszczykowski (« Kuba »), le capitaine, champion d’Allemagne avec Dortmund. Enfin, en pointe, c’est l’une des révélations de la saison en Europe avec le BVB qui occupera le poste : Robert Lewandowski (voir « Le joueur clé »).
Autre point fort de l’équipe, la complémentarité entre les trois « Polonais de Dortmund » (les deux cités plus haut plus l’arrière latéral droit Lukasz Piszczek). Tous nommés dans l’équipe-type de l’année en Bundesliga par le magazine « Kicker », leur entente a fait des merveilles au sein de leur club (impliqués dans 51 des 80 buts du Borussia en Bundesliga selon Opta). Des performances similaires en sélection pourraient emmener la Pologne très loin dans la compétition.
Enfin, plutôt dans la catégorie « point d’interrogation », il faut citer ici le gardien d’Arsenal Wojciech Szczesny. Capable de prouesses dans ses dix-huit mètres, il peut aussi se rendre coupable des pires erreurs possibles comme face à Norwich avec son club, début mai. Si la Pologne hérite d’un Szczesny au top, il peut se révéler être un véritable point fort pour son pays dans cet Euro.
Le joueur clé :
Comme annoncé, le joueur clé de l’équipe de Pologne est l’attaquant du Borussia Dortmund, Robert Lewandowski. Âgé de 23 ans, il a effectué une saison pleine avec son club (34 matchs, 22 buts, 8 passes décisives en Bundesliga). Très complet, il excelle dans le jeu dos au but et possède un formidable jeu de tête. Également rapide et technique, « Kicker » l’a placé dans son équipe-type de l’année en Bundesliga devant Huntelaar et Gomez, pourtant plus efficaces en terme de buts marqués. Il aura la chance d’être épaulé devant par Blaszczykowski qu’il connaît parfaitement bien et Obraniak. Autant dire qu’il ne devrait pas manquer de caviars devant pour porter la Pologne vers les sommets.
En sélection, il a déjà inscrit treize buts (en 38 matchs), et a véritablement le potentiel pour devenir l’une des stars de cet Euro. Pour ça, il faudra continuer sur la lancée de sa saison en Bundesliga…
Leurs chances dans la compétition :
Avec comme meilleure performance un premier tour en 2008 (seul Euro disputé par la Pologne par ailleurs), et un seul point pris (face à l’Autriche), les hommes de Franciszek Smuda ont cette fois toutes les cartes en main pour faire une belle compétition : un groupe à leur portée, une bonne équipe, et « l’avantage » de jouer à domicile.
Et même si, en cas de qualification en quarts, la tâche sera forcément ardue, on peut légitimement espérer pour la Pologne un Euro similaire à celui de la Russie il y a quatre ans…
3. République Tchèque : République Cech
Les éliminatoires :
Placée dans le groupe I avec l’Espagne, la République Tchèque savait dès le départ qu’elle jouait pour la deuxième place. En lutte avec le Liechtenstein, la Lituanie et surtout l’Écosse, les Tchèques s’en sont sortis in extremis (deux points d’avance sur l’Écosse au final). Malgré quatre points pris face aux Écossais, les hommes de Michal Bilek ont failli laisser filer ce bon bilan à cause d’une défaite face à la Lituanie. Sans conséquence au final.
En barrage, la République Tchèque a tranquillement écarté le Monténégro (2-0 ; 1-0) pour valider son billet vers la Pologne.
Les points forts :
On pourrait presque regrouper « point fort » et « joueur clé » pour la République Tchèque. En effet, le véritable atout des Tchèques est leur gardien, le néo-vainqueur de la Ligue des Champions avec Chelsea, Petr Cech (voir « Le joueur clé »).
Autre point fort, le milieu de terrain Hübschman-Rosicky-Plasil. Les trois hommes ont été plutôt performants avec leurs clubs respectifs cette saison (Shakhtar Donetsk-Arsenal-Bordeaux), mais c’est surtout le deuxième cité qui est le plus attendu, lui qui a retrouvé un très bon niveau de jeu. Malgré une blessure au mollet et une préparation tronquée, il sera bel et bien présent en Pologne. Mais sans doute pas à 100%…
Citons enfin également un joueur comme Milan Baros devant, champion de Turquie avec Galatasaray (huit buts inscrits) et toujours dangereux pour les défenses.
Le joueur clé :
Le joueur clé de la sélection Tchèque c’est son gardien, Petr Cech. Et faut-il vraiment le présenter ? Vainqueur de la Ligue des Champions avec Chelsea cette saison (et grand artisan de la victoire finale et de celle en demi face au FC Barcelone) ce grand gardien (1m97), casqué suite à une fracture du crâne en 2006, est le meilleur joueur de sa sélection depuis plusieurs années maintenant (et la retraite de Nedved). Si la République Tchèque a terminé la phase éliminatoire en n’encaissant que huit petits buts, elle lui doit en grande partie ce bon résultat. Il sera assurément l’homme à suivre du côté des Tchèques, et nul doute qu’il sera au rendez-vous.
Leurs chances dans la compétition :
Même avec un grand gardien et un Rosicky retrouvé (s’il n’est pas forfait), la République Tchèque semble un peu limitée pour espérer faire une belle performance lors de cette compétition. Passer les poules serait déjà un bon résultat en soi pour un pays qui est allé jusqu’au stade des demi-finales en 2004 (époque Nedved), et qui a remporté la compétition en 1976 (époque Tchécoslovaquie).
Mais qui sait, avec un Cech niveau Ligue des Champions et une tactique « à la Chelsea » qui lui réussit plutôt bien pour l’épauler, les Tchèques pourraient jouer les trouble-fêtes…
4. Russie : Retour vers le futur
Les éliminatoires :
Demi-finaliste surprise de l’Euro 2008, alors sous les ordres de Guus Hiddink, le grand artisan de cet exploit, la Russie a dû batailler pour terminer en tête du groupe B lors des éliminatoires. Mais avec un bilan de sept victoires, deux nuls et une défaite (23 points) les hommes de Dick Advocaat ont finalement devancé l’Irlande (21 points), l’Arménie (17 points) et la Slovaquie (15 points). La Macédoine et Andorre terminaient loin derrière.
Les points forts :
Avec quatre buts encaissés seulement lors des éliminatoires, le point fort de cette équipe russe est sa défense. Malgré la longue blessure du gardien Akinfeev (rupture des ligaments croisés du genou gauche) à partir d’août dernier, Malafeev a parfaitement assuré l’intérim.
Devant lui, les frères Berezoutski (Alexeï et Vassili, même si le second est forfait pour l’Euro) sont les piliers de la défense d’une équipe passée de prometteuse en 2008 à vieillissante aujourd’hui. En effet, le seul jeune qui est véritablement venu se greffer à l’effectif tout en apportant une vraie plus-value est le milieu de terrain offensif du CSKA, Alan Dzagoev (21 ans). Lui aussi un « point fort ». Mais autour de lui, toujours les mêmes : Arshavin (30 ans, voir « Le joueur clé »), Zyrianov (34 ans) et Pavlyuchenko (30 ans). Des joueurs aux qualités indéniables mais plus près de la fin que du début…
Le joueur clé :
Le joueur clé de cette sélection russe aurait pu être le jeune Dzagoev ou son gardien, Akinfeev, mais il s’agit bien d’Andrei Arshavin. Pourquoi ? Simplement parce que les résultats de la Russie dépendront en partie des performances de son capitaine… Un Arshavin niveau « Euro 2008 », ou pas loin, pourrait en effet permettre à son pays de créer une nouvelle surprise. Mais c’est un scénario peu probable. Arshavin a déçu à Arsenal, alternant bonnes performances et (surtout) longues périodes « d’absence » (au sens figuré). Aucun doute pourtant, ce joueur a du talent. Et il faudra qu’il le prouve lors de l’Euro, car il apparaît vraiment comme étant le diapason de la Russie…
Leurs chances dans la compétition :
Difficile, vraiment, de juger cette équipe de Russie. Il sera très compliqué de rééditer la performance de 2008 mais leur statut les place logiquement en position de « favori » (même si ce qualificatif est à nuancer au vu du niveau à peu près égal des équipes en lice) du groupe. Ensuite, à l’image de leur exploit face aux Pays-Bas il y a quatre ans, tout est possible. Mais pour cela, il faudra forcément qu’Arshavin retrouve un niveau de jeu décent…
Pour terminer cette présentation du groupe A, je dirais que la Pologne et la Russie ont les plus grandes chances d’atteindre les quarts de finale.
En s’appuyant sur ses cadres évoluant à Dortmund (Piszczek, Blaszczykowski, Lewandowski) plus quelques joueurs de talent (Obraniak, Szczesny) et le relatif avantage de jouer la compétition à la maison, la Pologne devrait passer les poules pour la première fois de son Histoire. Les Polonais ont la chance d’avoir un groupe largement à leur portée, et je les vois donc terminer en tête.
Derrière la Pologne, difficile de s’avancer mais je vois bien la Russie. Même si l’équipe est vieillissante, les Russes ont l’expérience pour eux et une équipe bien équilibrée. Ils devraient pouvoir s’extirper du groupe et atteindre les quarts pour la deuxième fois consécutive. Cependant, attention à la forme rayonnante de Petr Cech avec la République Tchèque et à l’unité des Grecs dans le contexte politique que connaît le pays hellène… Ils ne seront pas là en tant que « faire-valoir », et on peut compter sur eux pour déjouer ces pronostics.
Calendrier :
Vendredi 08 Juin
Pologne-Grèce (18h)
Russie-Rep.Tchèque (20h45)
Mardi 12 Juin
Grèce-Rep.Tchèque (18h)
Pologne-Russie (20h45)
Samedi 16 Juin
Grèce-Russie (20h45)
Rep.Tchèque-Pologne (20h45)
Crédit photos : AFP, Cyfrasport, Reuters
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