Dans son autobiographie 50 ans dans les coulisses du tennis (éditions le Cherche Midi), Danielle Bombardier retrace les différentes expériences qu’elle a pu vivre sur le circuit ATP. Pour cultureSPORT, “Babie” est revenue sur sa décennie passée à Roland-Garros en tant qu’attachée aux “relations joueurs”. Toujours à l’affût sur les résultats des Bleus, elle s’est également penchée sur le duel franco-français entre Richard Gasquet et Hugo Gaston.
Roland-Garros : « La vente des billets à la main, c’était très amusant »
« J’ai connu la belle époque de Roland-Garros. Je ne dis pas que ce n’est pas bien maintenant mais c’était autre chose. Je trouve que les joueurs s’amusaient plus à l’époque où j’y travaillais. Maintenant c’est devenu un vrai job. La fête existe beaucoup moins. »
« Je travaillais à Roland toute l’année. J’y suis rentrée parce que je connaissais les personnes qui y étaient. Il y avait très peu de monde par rapport à maintenant. Le président avait ouvert un bureau dédié aux joueurs étrangers qui venaient en France et qui souhaitaient jouer dans les tournois français. Je travaillais avec Jacques Dorfmann (NDLR : juge arbitre dès 1954 et directeur du tournoi de 1969 à 1988) et Hervé Dutreil (ancien directeur exécutif). Je me suis également occupé de la vente des billets des Internationaux de France. Je le faisais à la main, c’était très amusant. Maintenant tout est sur ordinateur. Cette aventure a duré dix ans, c’était super, j’ai adoré. »

Les tournois français : « Je continue tant qu’ils veulent de moi »
« Je suis partie pour différentes raisons. Derrière, les joueurs que j’avais connus ont créé leurs tournois. J’ai travaillé avec Gilles Moretton (NDLR : nouveau président de la Fédération Française de tennis) pendant 23 ans à Lyon. Dominique Bedel et Pascal Portes ont également lancé un tournoi à Nice. J’y suis revenue 15 ans plus tard avec Jean-François Caujolle (actuel directeur de l’Open 13). Il y en a eu plein d’autres : la Guadeloupe, Clermont-Ferrand, Metz, Montpellier… Je reste dans les tournois copains. Il faut qu’il y ait de l’amitié derrière tout ça. Je continue tant qu’ils veulent que moi. »

Sa proximité avec les joueurs : « Je les ai vus démarrer gamins »
« Les Frenchies, je les ai vus démarrer », sourit-elle. « J’ai connu Gilles Moretton quand il n’avait que six ans. » Idem en ce qui concerne Richard Gasquet. « Tous ceux qui ont maintenant plus de 30 ans voire même la cinquantaine, je les ai connus comme joueurs. Ce sont des souvenirs hyper sympas. »
Assidue et passionnée, Danielle Bombardier suit avec attention la progression de ses protégés. « J’adore ça, ça me fait plaisir aussi. Malheureusement, comme tout le monde, ils vieillissent. Du coup on attend la relève. » Parmi les jeunes pousses tricolores, « il y en a deux que j’aime bien ». D’un côté Benjamin Bonzi, qui affronte ce mardi 1er juin l’Argentin Facundo Bagnis, “j’espère qu’il fera quelque chose à Roland“, lâche-t-elle. De l’autre, Hugo Gaston, “qui est super sympa. On ne peut pas savoir s’ils vont être forts mais ils vont tout faire pour. Tout le monde n’est pas Nadal, Federer ou Djokovic, rappelle-t-elle. C’est un sport qui est quand même excessivement dur. Il faut faire beaucoup de sacrifices pour y arriver.”
Auteur d’une admirable performance lors de la précédente quinzaine en octobre dernier, Hugo Gaston, qui bénéficiait d’une wild card offerte par la FFT, avait réussi l’exploit de se hisser jusqu’en huitièmes de finale Porte d’Auteuil. Le Toulousain, qui avait sorti Stan Wawrinka en cinq set puis poussé Dominic Thiem dans ses derniers retranchements (mené deux manches à rien puis battu dans la manche décisive), est subitement passé de l’ombre à la lumière.
En l’espace de quelques jours, le public et la presse n’en avait plus que pour le champion olympique de la jeunesse 2018, devenu une véritable coqueluche. « J’ai peur de son Roland cette année parce qu’il aura la pression, souffle Danielle Bombardier. S’il perd au premier tour, il va perdre tous les points qu’il a engrangés de son huitième. C’est ça qui est terriblement dur, d’une année sur l’autre, si vous ne jouez pas pareil… »
Le coeur de Danielle Bombardier risque de balancer aujourd’hui. En effet, le joueur haut-garonnais va affronter son voisin biterrois, Richard Gasquet. « Les matchs entre Français, je n’aime pas ça », peste-t-elle. Le vainqueur de ce duel 100% bleu défiera la légende Rafa Nadal au tour suivant.
Vainqueur à treize reprises sur la terre ocre parisienne, l’Espagnol figure dans la même partie de tableau que Roger Federer et Novak Djokovic. « Je ne sais pas qui a fait le tirage au sort, mais pour moi, c’est une catastrophe, poursuit-elle. Le fait que ces trois forts se retrouvent ensemble, ça me gêne. Un Djokovic-Federer en quarts, ça m’énerve. Après, c’est mon point de vue. Mais un tirage au sort c’est comme ça, à la grâce de Dieu… Il faut un peu de chance. »
Propos recueillis par Nicolas Gréno (@nicolasgreno)
Crédit photo de la une : issue du livre 50 ans dans les coulisses du tennis : “dans mon bureau, porte 11, avec mon mari, les photos de mes joueurs préférés offertes par André Crudo, et mon chien Punch.
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