Sport profondément ancré dans la culture basque, les compétitions de traînières (“Estropadak” en basque) drainent un dense public au Pays Basque, et particulièrement outre-Bidassoa, jusqu’à la côte cantabrique. N’en déplaise à ceux qui l’associent à la chasse à la baleine, pour laquelle excellaient les marins basques, cette discipline ancestrale découle, en réalité, de la pêche à la traîne qui s’effectuait sur une “trainera”.
Devenue embarcation sportive, celle-ci vogue sur l’océan à l’occasion des Estropadak, qui débutent à la fin du mois de mai et s’achèvent trois mois plus tard. Ces compétitions sont organisées une à deux fois par week-end par chacune des équipes présentes dans les différentes divisions (soit trois ligues de douze équipes). Elles mettent aux prises des traînières composées d’un équipage de treize rameurs, s’asseyant par paires de deux excepté le treizième, et d’un « patron » qui joue le rôle de barreur. Durant une vingtaine de minutes et par série de quatre, les traînières s’élancent sur 5556 m (3 milles nautiques), via un parcours qui nécessite d’effectuer le plus souvent deux allers-retours.
Si les Basques d’Hegoalde (Pays Basque espagnol) dominent, en nombre et par leurs performances, les rameurs labourdins se font aussi peu à peu leur place au sein des compétitions. Rêvant de défier les embarcations espagnoles, voilà ainsi maintenant trois ans qu’est née Lapurdiko Araun Taldea, une entente qui réunit les différents clubs d’Iparralde (Pays Basque nord), tels que Ur-joko et Ibaialde.
La création de cette équipe permet aux rameurs labourdins de prendre part aux compétitions officielles aux côtés des “rameurs stars” d’Hegoalde qui ont déjà participé à des Jeux Olympiques. Actuellement en troisième division (ligue ARC2), les Labourdins ont un objectif en tête : remonter à l’échelon supérieur. Un Graal à reconquérir, puisque en 2017, Lapurdiko Arraun Taldea, alors jeune formation, avait plus que bousculé les équipes espagnoles, en accrochant la montée en deuxième division.
Alors que le confinement touche à sa fin et qu’un retour en mer se profile, rien n’est encore acté quant au prochain calendrier des compétitions. Les instances évoquent, timidement, un possible décalage de la saison.

Parmi les figures de l’entente Lapurdiko Arraun Taldea, Damien Gascue, natif d’Ossès, a commencé par la course à pied (pendant dix ans à l’Aviron Bayonnais), avant de se lancer dans la rame en traînière. “Je connaissais déjà un peu cette discipline mais j’ai commencé un peu par hasard en suivant les traces de mon cousin”, explique-t-il.
Une révélation
Se découvrant une passion pour le milieu marin, celui qui a débuté au sein du club d’Oiartzun a très rapidement accroché à ce sport si singulier. “Cette discipline ancestrale en Hegoalde est historiquement très ancrée sur la côte cantabrique. D’un bout à l’autre de la côte, il y a énormément d’équipes”, rappelle-t-il. La naissance d’une entente, il y a maintenant trois ans, a immédiatement séduit Damien Gascue, habitué au poste de proa (notamment chargé de faire pivoter le bateau). “Nous étions tous dispersés dans plusieurs équipes et, grâce à cette organisation, nous avons donc pu tous nous retrouver. C’est une grande fierté d’être le seul équipage d’Iparralde”, ajoute le Bas-Navarrais.

L’éclosion de Lapurdiko Arraun Taldea a également donné à découvrir cette discipline, peu mise en lumière de ce côté des Pyrénées, mais aussi à encourager les différents rameurs, masculins comme féminins, à venir défier les flots atlantiques.
Cela dit, “créer une équipe n’a pas été une mince affaire, témoigne Damien. Il faut au moins vingt rameurs pour être compétitif et au niveau budget c’est très compliqué. Une trainière coûte déjà près de 30 000 euros !” Physiquement éprouvant et plutôt chronophage, ce sport nécessite également une grande capacité d’adaptation aux conditions de l’océan. “De nombreux paramètres rentrent en jeu : la houle, le courant ou encore la coordination entre les différents rameurs. C’est pourquoi nous tentons de travailler le plus possible en mer”.
Pourtant, au-delà de ces indéniables exigences, “la traînière” est source d’immenses satisfactions, assure le rameur basque. “Chaque jour d’entraînement permet d’apprendre de nouvelles choses”.
De quoi attirer les compétiteurs et autres amoureux des challenges.
En quelques mots…
Le meilleur moment sur une traînière ?
Damien Gascue : Notre première victoire lors de la régate sur nos terres à Saint-Jean-de-Luz en 2017. Un succès que je n’oublierai jamais.
Le moment le plus difficile ?
Damien Gascue : Je n’ai jamais vraiment vécu de moments compliqués en mer. Je dirais plutôt l’arrêt brutal de cette saison qui a été assez dur à encaisser.
L’ambiance dans l’équipe ?
Damien Gascue : Elle est vraiment très bonne : nous sommes un vrai groupe d’amis. Nous nous entendons également très bien avec l’équipe féminine.
Bixente Gorostegui (@GorosteguiB). Crédit photo de la une : page Facebook de Lapurdiko Arraun Taldea.
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