Alors que le Tour de France fête sa centième édition cette année, celui des Flandres célèbre son siècle d’existence. Si le parcours a souvent été remanié, l’atmosphère y régnant n’a cessé de se renforcer. Listé parmi les cinq monuments du sport cycliste, le Ronde est un mélange d’exploits, de drames, de stratégies sur fond de bergs et de pavés. À quelques heures du départ, Culture Sport vous propose de remonter le temps…
Les Flandriens, prophètes en leur pays
Comme bon nombre de courses cyclistes, le Tour des Flandres est une idée sortie des papiers journaux. Karel Van Wijnendaele, patron de Sportwereld, lançait le 25 mai 1913 le départ du premier Tour des Flandres. À l’époque, la Belgique n’était pas divisée en régions distinctes, et le nom générique des « Flandres » désignait la partie ouest du pays. Longue de 324 kilomètres, le peloton décrivait un cercle dans cette région en partant de Gand, pour finir sur le vélodrome de Mariakerke. Alors que les bergs se succèdent sur le profil des éditions contemporaines, le Oude Kwaremont était la seule aspérité du premier parcours. Après douze heures d’effort, Paul Deman était le premier vainqueur du Ronde. Le Belge fut l’instigateur d’un monopole flandrien dans les lignes du palmarès. Seul le Suisse Suter fera exception en 1923. Il faut dire que les routes exécrables du plat pays n’attiraient pas la concurrence étrangère. Mais la domination locale a plu aux autochtones, et la course n’a cessé de croitre en popularité. C’est d’ailleurs la particularité de l’épreuve. Si la Primavera est la plus longue, que la Doyenne est la plus vieille, que l’Enfer du Nord soit la plus dangereuse, le Lombardie la plus montagneuse, le Ronde est incontestablement la plus mobilisatrice.
Les premières légendes
Durant la Première Guerre mondiale, le Tour des Flandres avait fait l’impasse trois années de suite. Or la Seconde n’a pas empêché le peloton de courir à travers la campagne parsemée de pavés. Il faut préciser que les organisateurs avaient conclu un accord avec l’occupant allemand, entraînant une vague d’accusations pour collaboration. Entre les bombardements, Briek Schotte construisait sa popularité. Etant le plus jeune au départ en 1940, il est également le plus vieux à conclure l’épreuve vingt ans plus tard ! Collectionnant les podiums, L’Homme de fer a tout de même levé les bras à deux reprises. Schotte mourra en 2004, le jour du Tour des Flandres… Tout un symbole. Il aura roulé aux côtés d’autres légendes. Buysse, Van Steenbergen, Van Looy et Magni. Lequel fut le premier étranger à dominer régulièrement les locaux. Trois fois vainqueur, il détient le record de victoire avec Achiel Buysse, Eric Leman, Tom Boonen et Johann Museeuw.
Des endroits mythiques, des moments inoubliables
Ce dernier aurait pu accrocher un quatrième succès à Meerbeke en 1994 mais Gianni Bugno l’en a empêché pour sept petits millimètres ! Une histoire folle, comme beaucoup d’autres. Comment oublier le retour surprise de Nuyens en 2011, la victoire précoce de Van Hooydonck, des coups de stratégies signés Devolder, de la fin de carrière de Godefroot conclue en fanfare, ou des duels Merckx/Leman et Van Petegem/Vandenboucke ? Comment ne pas évoquer également les endroits mythiques : que ce soit le célèbre Kwaremont dont les années ne défigurent pas son charme, le terrifiant Koppenberg que la queue du peloton doit escalader à pied, ou le terrifiant Muur de Grammont ? Car chaque édition est jonchée d’histoires exceptionnelles, et ceux qui les composent sont devenus des héros. Défiant les éléments, quelques fois au soleil mais bien souvent à travers la pluie, la neige, face au vent, les visages salis des courageux ayant rallié l’arrivée témoignent de la difficulté de la course. Celle-ci a beau changer fondamentalement son itinéraire, elle restera toujours une course de référence. Avec un nouveau final implanté autour d’Oudenaarde, la ferveur du public flamand ne démord pas en soutient pour leur nouvelle idole, Tom Boonen. Lequel part à la conquête du record absolu de quatre bouquets. La tâche s’annonce difficile : sans parler de ses soucis de santé, Tomeke aura fort à faire face à Fabian Cancellara, déjà victorieux il y a trois printemps, Sagan – certainement le prochain « monstre » des pavés – ou un autre larron. Car on peut être fort physiquement, faut-il encore saisir l’occasion de déjouer les plans des adversaires : le Ronde, en plus d’être éprouvant, est un véritable jeu d’échec, et c’est ainsi depuis cent ans !
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