C’est sur les traces de son père et de son oncle, tous deux anciens grands pelotaris, que Yoan Heguiabehere plonge dès son plus jeune âge dans le bain de la pelote à main nue. Investissant trinquets, murs à gauche et autres places libres, comme de naturels terrains de jeux, le Camboar s’est rapidement pris de passion pour ce sport qu’il a commencé à pratiquer dès l’âge de six ans.
Pour autant, alors que tout le destinait à faire carrière en main nue, une rencontre avec Jean-Michel Idiart en 2010 bouscule les plans du Basque, alors âgé de près d’une vingtaine d’années. De retour d’un voyage à New-York, Jean-Michel vient en effet de découvrir un nouveau sport en pleine construction outre-Atlantique, le frontball, “la balle de face”. Véritable sport de rue là-bas, le frontball découle du one-wall (sport qui se joue à main-nue face à un mur) majoritairement pratiqué par des immigrés aux Etats-Unis.
“Je suis rapidement tombé amoureux de ce sport.”
Yoan Heguiabehere
A la clé, une discipline spectaculaire que Jean-Michel Idiart, créateur depuis du Frontball Pro Tour, ambitionne de faire bourgeonner au sein du berceau basque. Pour ce faire, quoi de mieux que de contacter des pelotaris au jeu nerveux, ouverts à l’évolution du sport-roi chez les Basques. C’est ainsi qu’à peine revenu en France, il contacte sans tarder Yoan Heguiabehere : “il était persuadé que mon style de jeu correspondait tout à fait aux profils des joueurs de frontball : des joueurs techniques et vifs.” se rappelle ce dernier. Pour le pelotari basque, un coup de foudre : “je suis rapidement tombé amoureux de ce sport”.

A l’issue de multiples essais avec moult pelotaris, c’est en 2010 que le frontball a vu réellement le jour au Pays Basque. Une discipline très accessible car de l’avis de Yoan Heguiabehere, “elle constitue un point de ralliement entre tous les jeux de balle.” Un sport tourné vers l’attaque et comme l’analyse également le pelotari, “très cardio et qui nécessite d’être toujours en train de plonger”.
“Pour jouer au frontball, il y a seulement besoin d’un mur et d’une pelote.”
Yoan Heguiabehere
Majoritairement pratiqué en Amérique du Sud, Mexique et Espagne, le frontball peut déjà se targuer d’une belle diffusion à l’échelle mondiale. Preuve en est, “vingt-cinq pays étaient représentés lors du championnat du monde 2017, du jamais vu pour une compétition internationale de Pelote Basque” se réjouit le pelotari…
Comment alors pour les tenants de cette variante de la pelote basque particulièrement dépoussiérée, puisque les parties mêlent sport et spectacle (hip hop, jeux de sons et de lumière…) ne pas regretter une progression trop timide à leur goût ? Ils rêvent [que] “ça aille plus vite” d’autant que cette discipline nécessite peu d’investissements : “il n’y a pas besoin de construire un mur à gauche, seulement d’un mur et d’une pelote” rappelle Yoan Heguiabehere.
Ce sport, rompu à la mixité sur les canchas, a également des arguments à faire valoir sur le plan social. Devinant dans le frontball, “une opportunité d’intégration sociale et la possibilité d’un meilleur accès au sport pour les enfants vivant en zones de conflit ou de pauvreté”, Yoan Heguiabehere s’est lancé, à travers l’association Frontball Développement, dans des actions à travers le monde afin de promouvoir son sport. Il a ainsi posé ses pelotes à Mexico où existe depuis 2011 une école de frontball. Près d’une dizaine d’autres écoles sont nées depuis lors aux quatre coins de la planète, notamment en Palestine. Yoan Heguiabehere, champion de France et du monde de la discipline en 2017, se veut aussi prophète en son pays, et investit de multiples écoles et structures liées à la jeunesse afin de faire découvrir sa discipline.
De quoi susciter l’intérêt des institutions ou du grand public pour cette jeune discipline. Sport de démonstration lors des derniers Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2018 à Buenos Aires, le frontball se prend à rêver d’intégrer, un jour, le club si prisé des sports olympiques.
En quelques mots…
Ton coup favori ?
Yoan Heguiabehere : Le lâcher à droite.
Le meilleur moment de ta carrière ?
Yoan Heguiabehere : Mon titre de champion du monde en 2017 dans un quartier de Mexico, à l’issue d’une ambiance digne d’un match de boxe.
Le moment le plus difficile ?
Yoan Heguiabehere : Je dirais la période qui a suivi mon titre de champion de monde car j’étais déçu que la Fédération Française de Pelote Basque (FFPB) n’ait pas su surfer sur la dynamique de mon titre pour promouvoir la discipline.
Bixente Gorostegui (@GorosteguiB). Crédit photo de la une : compte Instagram de Yoan Heguiabehere.
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