Onze fois sur dix, les suiveurs du Tour citeront Chris Froome ou Alberto Contador comme prochain vainqueur du Tour. En effet, ces grimpeurs hors pairs semblent invincibles au point d’en masquer les outsiders. Or, ceux-ci peuvent y croire : la Grande Boucle réserve chaque année son lot de surprises ! Alors Culture Sport a décidé de se mouiller au petit jeu des pronostics…
Thibault Burban mise sur Alejandro Valverde
En 2012, le leader de la Movistar a signé un très bon retour, remportant, entre autres, la 17ème étape du Tour de France avant de finir deuxième de la Vuelta et troisième du championnat du monde aux Pays-Bas. Il a été un peu plus discret cette année, enfin, pour un coureur de son calibre. Celui qu’on surnomma très petit : « El imbatido » n’a que très peu gagné cette saison. Il n’a embrassé la victoire qu’au Tour d’Andalousie. Mais l’espagnol a toujours été placé comme en témoignent ses deuxième et troisième places à l’Amstel Gold Race et à Liège-Bastogne-Liège. Il figure également dans le top 10 de la Flèche Wallonne. On l’a vu très actif sur le Dauphiné. Même s’il n’a jamais été en mesure de jouer la gagne, Valverde y fût très en verve, passant régulièrement à l’attaque, souvent avec l’aide d’un de ses coéquipiers. Ses tentatives ressemblaient fortement à une petite répétition générale en vue du Tour de France. Mais, au mois de juillet, ceux qui l’accompagneront seront d’un tout autre calibre. Avec Rui Costa et Nairo Quintana, il sera bien épaulé en montagne. Par ailleurs, l’équipe Movistar s’est révélée dans l’exercice du contre-la-montre par équipe. Nice ne devrait donc pas lui faire plus peur que cela. En revanche, malgré les progrès effectués dans ce domaine, l’effort solitaire reste le talon d’Achille de « la bala ». Si celui d’Embrun-Chorges peut lui convenir, le Mont Saint-Michel sera le juge de paix des chances d’Alejandro Valverde. S’il ne perd pas trop de temps en Normandie, tout restera alors possible lors d’une troisième semaine qui risque de se révéler passionnante. En tout cas, le leader de l’équipe Movistar apparaît plus serein que jamais à l’approche de cette centième édition. Partageant le leadership avec l’étoile montante du cyclisme colombien, Nairo Quintana, il est déchargé d’un certain poids qui a pu peser lourd sur ses épaules les années précédentes. Depuis son retour de suspension pour dopage, on voit un nouveau Valverde, plus apaisé, plus mûr psychologiquement. S’il clame toujours rêver du maillot jaune, un podium aux Champs-Elysées est son objectif. Sa forme grandissante laisse imaginer un Alejandro Valverde aux avant-postes sur les routes françaises. A condition que la poisse et surtout les chutes qui l’accompagnent si souvent sur la grande boucle ne soient pas de la partie…
Maxence Châble mise sur Thibaut Pinot
La saison de Pinot en 2013 est conforme aux attentes, avec une huitième place en Catalogne et une quatrième place sur le Tour de Suisse en début de mois. A cela ajoutons un très bon tour de Romandie, notamment sur le prologue et l’étape reine où Pinot a osé attaquer l’invincible Froome. Pas de victoire cette année mais des prestations en montagne très rassurantes. Pinot, dixième du Tour l’année dernière et vainqueur de la huitième étape a l’air d’avoir parfaitement préparé son rendez-vous de juillet. Un programme de course complet, avec de la montagne, des chronos et des étapes de plaine idéales pour s’entrainer en vue de la Grande Boucle. Pas de chute, pas de coup dur psychologiquement parlant, le franc-comtois se présentera en Corse samedi prochain dans des conditions parfaites. Enfin presque parfaites. Car un problème s’est révélé en Suisse, même si on le connaissait. Thibaut Pinot ne descend pas bien. Ça lui a coûté quelques secondes sur l’épreuve helvète. Et même si dans les montées le Français est plus fort que l’an dernier, son classement final le 21 juillet à Paris pâtira de ses lacunes en descente s’il ne se lâche pas. En chrono, Pinot arrive à limiter la casse et il ne sera pas le dernier des favoris dans cet exercice. Alors si le protégé des frères Madiot peut suivre les meilleurs dans la descente, tout est réuni pour qu’il confirme sa place d’outsider. Pinot semble avoir compris qu’il doit savoir se reposer sur ses équipiers pour pouvoir performer au plus haut niveau. C’est quelque chose de difficile à son âge mais son frère Julien et le staff de l’équipe lui ont bien fait rentrer ça dans la tête. Pinot peut espérer le Top 5 mais pour cela il ne devra pas connaitre de jour sans et ne devra pas céder à la tentation d’attaquer tout le temps. Sa fougue, qui peut être un avantage sur les courses de seconde zone, pourrait lui faire défaut sur le Tour de France. Il faudra pour lui trouver les bons moments pour passer l’offensive car sur cette course, la force physique compte mais le côté tactique est très présent. La FDJ devra être présente autour de son leader s’ils comptent se battre en haut de classement.
Dylan Pastor mise sur Tejay Van Garderen
Certes, il a beaucoup moins d’expérience et de références sur le Tour que les deux grands favoris mais Van Garderen a de bonnes raisons de croire en lui: tout d’abord il a été le meilleur jeune du Tour de France 2012 et a terminé devant son leader Cadel Evans, il avait achevé son deuxième Tour à une excellente cinquième position. Van Garderen est bon partout: en chrono, en montagne, il possède une bonne équipe: la BMC avec Cadel Evans qui va très certainement se transformer en lieutenant de luxe pour le jeune Américain, Evans qui sort fatigué d’un Giro très éprouvant qu’il a terminé à la troisième place. Tejay a également remporté sa première course par étapes: le Tour de Californie, course de référence dans l’optique du Tour de France. Il a également terminé, cette année, troisième du Critérium International qui s’est déroulé en terre Corse, terre d’accueil du départ du Centième Tour, il a fini quatrième de Paris-Nice, deuxième du Tour de San Luis en Argentine au début de saison, il a terminé septième du Tour de Suisse, le dernier rendez-vous de préparation avant le Tour de France mais devancé par un certain Thibaut Pinot, qui sera, lui aussi, à la bagarre. Pinot/Van Garderen c’est aussi le duel pour le Maillot Blanc cette année. Tejay Van Garderen aura-t-il les épaules assez larges pour supporter la pression pendant trois semaines, et pourra-t-il profiter du round d’observation entre les deux archi favoris Chris Froome et Alberto Contador pour au final s’imposer? Lors du Tour de France 2008, Cadel Evans et Alejandro Valverde étaient les deux grands favoris de l’épreuve, et c’est finalement, un outsider qui en avait tiré les marrons du feu: Carlos Sastre…
Julien Detroz mise sur Bauke Mollema
À force d’observer l’évolution irrégulière de Robert Gesink, les Pays-Bas ont quelque peu omis Bauke Mollema. Et pourtant, le récent deuxième du Tour de Suisse suit une carrière à la courbe ascendante. Laissant ses équipiers se refroidir sur le Tour d’Italie, Mollema s’est préparé convenablement à la bataille de juillet avec, au passage, des résultats prometteurs. Le Néerlandais, leader annoncé de l’équipe Belkin, aura une équipe forte désignée à sa cause. Le sponsor américain arrive au bon moment, une semaine avant le départ en Corse. De quoi rassurer les pensionnaires de la formation sur leur avenir. Avec Nordhaug, Ten Dam et Gesink, l’équipe a fière allure. Un soutient essentiel, mais une source de pression. Or, le problème majeur de la jeunesse batave relève de la gestion mentale. Le placement est médiocre, les chutes sont courantes, surtout en première semaine. Si Mollema évite la première partie de course sans encombre, il peut rêver ! Car ses dernières prestations en altitude peuvent inquiéter la concurrence. Dominateur à Crans Montana, il a démontré un caractère nouveau : il sait gérer son effort. Sa maturité lui offre une connaissance précise de son corps. Il faudra se méfier du quatrième de la Vuelta 2011 !
Nicolas Gréno mise sur Joaquim Rodriguez
Pour la victoire finale dans cette centième Grande Boucle, je ne vais parier ni sur Christopher Froome, ni sur Alberto Contador. On me qualifierait de petit joueur si c’était le cas. Et comme vous avez raison ! Du coup, je préfère miser sur un plus gros “poisson” en mettant une petite pièce sur Joaquim Rodriguez. Plus gros poisson… Oui pas tellement car le numéro un mondial 2012 est peut être l’outsider numéro un après les coureurs du Team Sky et du Team Saxo-Tinkoff.
Contrairement à l’an passé, l’Espagnol n’a pas pris part au Giro pour courir le Tour et peut être viser une belle place d’honneur. En 2012, le coureur Ibérique avait terminé, en Italie, deuxième d’une édition très montagneuse. Il est donc tout à fait capable de suivre les deux grands favoris du Tour que sont Froome et Contador. Reste le problème des chronos. Le point faible du leader de la Katusha. Trois exercices chronométrés sont prévus : deux individuels et un par équipes. Concernant le chrono collectif, Rodriguez pourra compter sur son team. Eduard Vorganov, Pavel Brutt, Aleksandr Kuschynski, Gatis Smukulis et Alexander Kristoff, bons rouleurs, sont annoncés. Alberto Losada et Daniel Moreno seront également présents autour de leur compatriote. Avec un tel groupe, la formation Russe pourrait éviter de gros écarts à Nice.
On parle beaucoup de Froome et Contador, mais gare à Rodriguez qui pourrait bien bousculer la hiérarchie déjà bien établie avant le départ de Corse. Attention à Purito. Venga !
Crédit photos : Elise Eymeri, Amélie Croguennec
0 comments on “Tour de France 2013 : Culture Sport vous démontre que Froome et Contador ne sont pas seuls”