Aujourd’hui, nous vous proposons sur Culture Sport, un petit bilan des mondiaux d’athlé handisport qui se sont achevés dimanche après une belle semaine de compétition. Les records du monde sont tombés en pagaille !
Dès le premier soir Joël Jeannot, ancien athlète handi et commentateur pour l’événement, fit remarquer (lorsqu’il n’était pas obligé de donner des cours à Patrick Montel) que l’athlétisme handisport était à un tournant de son existence. Car après « une longue mise en place » était venu le temps « de la performance et des records » a annoncé le champion Olympique de Sydney. Et cette semaine lyonnaise fut sans aucun doute un tournant dans le monde handisport avec 52 records du monde battus… Donc oui monsieur Jeannot, la performance était au rendez-vous ! La logique sportive veut que la performance donne une notoriété, à un sport en manque de crédibilité athlétique auprès du grand public. Il faut donc admettre qu’un grand pas a été franchi lors de ces championnats handisports, et tout le mérite revient aux athlètes et à leurs entraîneurs. Beaucoup ont des histoires tragiques qui se traduisent par des séquelles physiques irrémédiables. Ils ont pourtant réussi à faire oublier cela, grâce aux prouesses réalisées dans l’enceinte de Parilly, devant près de 40 000 personnes sur la semaine.
L’exploit de McFaden et l’incroyable Hug
> photo : Marcel Hug, un mec « or » norme
C’est sur une double victoire suisse en marathon féminin et masculin que ce sont achevés dimanche dernier, les 6èmes championnats du monde d’athlétisme handisport. Ces victoires obtenues en T54 (paraplégiques en fauteuils) sont l’œuvre de Manuela Shaer en 1h49’45” et du désormais légendaire Marcel Hug qui acquiert sa 5ème médaille d’or en remportant le marathon en 1h28’44”. Aucun adversaire, ni aucune distance ne semble résister aux poussées puissantes de l’helvète qui remporte également le 400m, le 1500m, le 5000m et le 10 000m et, « pousses toi de là que je m’y mette ! », une médaille d’argent sur 800m.
Son équivalent féminin se nomme Tatyana Mc Faden qui s’est emparée de 6 médailles d’or sur les 6 épreuves dans lesquelles elle s’était engagée… Excusez du peu ! Par ailleurs l’histoire de cette athlète adoptée en Russie, alors qu’elle était très malade, a beaucoup ému la petite sphère médiatique voyant en elle le conte de fée de l’héroïne orpheline… Mais n’oublions pas de saluer son travail !
L’équipe de France : « les jeunes ont montré la voie »
Les 14 médailles obtenues sont un motif de satisfaction important par rapport aux absences et au manque d’expérience de cette équipe. Symbole de cette jeunesse qui monte, Mandy François Elie (22 ans) qui confirme sa suprématie sur le sprint catégorie T37 (hémiplégie sévère) en remportant le 100 et 200m. La jeune martiniquaise rapporte donc 2 des 3 trois médailles d’or à son équipe. L’autre médaille d’or française se trouve autour du cou du lanceur de javelot Tony Falelavaki. Originaire de Wallis et Futuna, le colosse remporte le concours F44 (amputés d’une jambe) avec un jet à 54,39m. En bonne capitaine, Marie-Amélie Le Fur a remporté 3 médailles d’argent au 100m, 200m et à la longueur. Âgée de 24 ans, elle aura à cœur de l’emporter face à la néerlandaise Van Rhijn, lors d’une prochaine échéance mondiale ou continentale, qui lui est passée devant au 100m et au 200m. Jean Minier, actuel DTN, est donc satisfait de cette semaine lyonnaise pour l’athlétisme français : « On avait beaucoup d’absent mais les jeunes ont montré la voie », a-t-il déclaré au micro de France 4.
Encore un petit effort…
Pour ceux qui ont suivi de près ou de loin ces championnats du monde, certains ont peut-être éprouvés quelques difficultés à comprendre la catégorisation des handicaps. Pour mieux assimiler tout cela, vous pouvez vous rendre sur ce lien. Cependant la classification possède quelques incohérences. Dans les catégories T11 à T13 (athlètes ayant des déficiences visuelles), il est possible de voir des courses avec des athlètes qui ont un guide et d’autres qui n’en ont pas. Or c’est une technique de course différente et qui peut pénaliser les athlètes ayant un guide. Autre exemple, avec le français Clavel Kayitare, 3ème sur le 100m et 7ème sur le 200m catégorie T42. Lors du 200m, il n’a pu faire bonne figure face à ses adversaires qui possèdent des prothèses, lui qui a une jambe atrophié ne lui permettant pas d’avoir une impulsion aussi puissante que les « spatules » de ses concurrents. Il réussira pourtant l’exploit de décrocher une médaille de bronze sur le 100 ! Il serait donc opportun de mettre davantage de cohérence dans cette classification, pour renforcer la crédibilité des courses. En tout cas celle des athlètes s’est encore un peu plus affirmée lors de ces championnats.
Article rédigé par Jean-Félix Pomier
Crédit photos : Philippe Desmazes, Luc Percival, page Facebook de la Fédération Française Handisport
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