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Miguel Indurain et la Vuelta, une relation particulière

CYCLISME. Vuelta. Miguel Indurain, le seul quintuple vainqueur consécutif de la Grande Boucle, revient sur sa relation particulière avec le Tour d’Espagne.

Il a tout gagné. Ou presque. Le Tour de France ? Il en a cinq à son actif. Le Giro d’Italia ? Il en a glané deux (*). Et la Vuelta alors ? Nada. Aussi fou que cela puisse paraître, Miguel Indurain n’a jamais remporté le Tour d’Espagne. Il n’a jamais pu triompher sur son tour national. Si le Basque n’a pas décroché la moindre victoire d’étape en sept participations, il peut se targuer d’avoir paradé avec le maillot amarillo pendant quatre jours. Et ce lors de sa deuxième saison chez les pros, en 1985.

Pas la bonne saison

cultureSPORT Miguel IndurainÀ sa décharge, jusqu’en 1994, la Vuelta était disputée en début de saison, placée juste avant le Giro et le Tour. « On la courait en avril. Et à cette époque de l’année, j’avais des problèmes de bronches dû au temps. Il faut dire qu’avec la pluie et le froid, ce n’était pas vraiment la bonne période pour moi. » Une fois déplacée en septembre, Indurain aurait-il vraiment pu y triompher ? Dans sa configuration actuelle, l’Espagnol n’y a pris part qu’une seule fois. C’était en 1996, année de son revers sur la Grande Boucle (onzième à plus de quatorze minutes de Bjarne Riis). « Si c’était pour arriver toujours fatigué avec les nombreuses courses et entraînements, ça aurait été difficile. Quoi qu’il arrive, j’aurais préféré courir le Tour de France. C’était mon objectif principal chaque saison.« 

Mais qui sait, peut-être que le parcours de cette Vuelta lui aurait plu ? « Je trouve ce tracé plutôt exigeant, nous avoue-t-il. Chaque étape est vraiment différente. » En tant que Navarrais, Indurain va regarder avec beaucoup d’attention l’étape 14 qui reliera Urdax à Gourette. « Certes c’est une étape classique, mais les coureurs vont devoir affronter des cols difficiles : Marie-Blanque, le Soudet et bien sûr, l’arrivée au sommet de l’Aubisque.« 

Un de ses successeurs au palmarès du Tour (2007, 2009) et du Giro (2008, 2015) renoue avec la Vuelta. Avec trois victoires en autant de participations (2008, 2012, 2014), Alberto Contador est invaincu en Espagne. Après avoir annoncé sa retraite, le Madrilène a avoué vouloir poursuivre sa carrière deux saisons de plus. « C’est une très bonne nouvelle pour le cyclisme espagnol. Alberto possède toujours le désir de se battre. Après, tout dépendra de son mental et de sa force pour rester à un niveau maximal.« 

Contador finalement au départ

En juin dernier, lors de la présentation des étapes basques, on s’interrogeait déjà sur le pourcentage de chances de voir le coureur de la Tinkoff au départ d’Ourense. « Cette saison est différente puisque c’est une année olympique. Du coup, les gens ne savent pas encore ce qu’il va faire. On verra par la suite comment il sera et s’il viendra sur la Vuelta. » Eh bien, Contador a lourdement chuté lors des deux premières étapes de la Grande Boucle. Le numéro six mondial, blessé et fiévreux a abandonné vers Andorre, à bout de forces. Victorieux lors du Tour de Burgos, « El Pistolero » viendra bien sur cette Vuelta. Il aura très certainement envie de conserver son invincibilité sur les routes hispaniques.

« Tout comme Contador, on n’a pas encore eu la confirmation de la participation de Purito, d’Alejandro Valverde (Movistar) et de Chris Froome (Sky)« , déclarait Indurain en juin. Deux bons mois plus tard, on peut lui annoncer que tout le monde sera au départ, sauf Joaquim Rodriguez (Katusha), deuxième l’an passé. Les autres membres du podium 2015, le vainqueur sortant Fabio Aru (Astana) et le meilleur grimpeur du dernier Tour Rafal Majka (Tinkoff), ne viendront pas non plus. En revanche, Nairo Quintana (Movistar) est venu s’ajouter sur la star-list alléchante de cette édition 2016.

1996 : la défaillance sur le Tour, l’or à Atlanta

Vainqueur du Dauphiné Libéré, Miguel Indurain est en passe de remporter une sixième couronne consécutive sur le Tour. Mais pour la première fois depuis qu’il domine la Grande Boucle de la tête et des épaules, le Basque donne des signes de faiblesses lors de cette édition 96. Dans la montée vers les Arcs (7e étape), le quintuple vainqueur lâche plus de trois minutes aux leaders. L’Espagnol termine finalement onzième du général, à Paris. Quelques jours plus tard, malgré cette première « défaite » sur le Tour depuis 1991, Indurain s’aligne au départ des Jeux Olympiques. Vingt-sixième de la course en ligne, il devient champion olympique du chrono devant Olano (à 12 secondes) et Boardman (31 secondes). Mais comment a-t-il fait pour se remobiliser mentalement après ce coup d’arrêt et décrocher la première médaille d’or olympique en contre-la-montre ? « Après le Tour je me sentais bien (deuxième du chrono final à Saint-Emilion derrière Ullrich, ndlr), mais je n’étais pas au maximum de mes capacités. Je me suis donc entraîné pour être en forme à Atlanta. C’était pour moi une bonne opportunité de participer aux JO puisque, auparavant, les Jeux n’étaient ouverts qu’aux amateurs. L’épreuve chronométrée était mon unique occasion d’y décrocher une médaille. » Indurain convoquera la presse le 2 janvier 1997, dans un hôtel de Pampelune. Il annoncera, dans la ville où il avait perdu 8 minutes et un top 10 sur le Tour 96, qu’il mettait un terme à sa carrière.

(*) Miguel Indurain a réussi l’exploit de réaliser deux doublés Giro-Tour consécutifs, en 1992 et 1993. En 1994, il a bien évidemment remporté la Grande Boucle, mais a terminé troisième en Italie.

Propos recueillis par Nicolas Gréno (@nicolasgrenon.greno@culturesport.net)
Crédit photo : Nicolas Gréno/cultureSPORT

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