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Alexandra Recchia, “Hajimé !” pour guider son art vers les sommets (1/2)

Entretien-Portrait

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A 27 ans, Alexandra Recchia incarne la nouvelle génération féminine du Karaté, un art martial nippon inventé il y a plus de 100 ans. Avec un palmarès garni : athlète de l’équipe de France des – 50kg, championne d’Europe 2016-2013, vice-championne d’Europe 2015, championne du Monde 2012 et 3ème en 2014. Pour notre équipe cultureSPORT, elle accepte de se confier largement sur ses débuts, ses objectifs, ses passions… Tout le monde est prêt ? Alors “Hajimé !”

“Alexandra, tu es….”

Une musique essentielle ? Cheap Trills de Sia, elle me donne le sourire.

Un livre ? La bible (je suis actuellement en train de la lire).

Une habitude alimentaire ? Pas un jour sans chocolat !

Un voyage ? Tahiti.

– Une série TV ou film ? Une série, Game of Throne. Un film, Kill Bill.

Un sport ou des sports ? Lesquels ? Le karaté pour le dépassement de soi, les valeurs inculquées et la beauté du geste. Le volley-ball pour l’esprit d’équipe et la stratégie de jeux.

Un évènement (culturel, politique, économique, etc..) ? Je suis marraine d’une compétition handi-karaté depuis 2011. Elle se déroule à Lentilly et permet à des handicapés de s’exprimer et d’avoir une journée sportive bien à eux. Je trouve cela super et pas assez développé.

Une saison ? L’été.

Un art ou des arts ? Lesquels ? La musique (j’aimerais plus tard savoir jouer de la guitare, je trouve ça chouette) et la danse (j’adore le côté sensuel de la salsa).

Une bonne action ? Je n’en ai pas une qui me vient en particulier. J’essaye de donner un peu de monnaie ou un ticket resto chaque semaine à une personne démunie se trouvant dans la rue.

Une qualité et un défaut ? Persévérante et impatiente.

Un réseau social ? Facebook.

Un projet en cours ou à venir ? Acheter une maison en Corse avec mon compagnon et s’y installer définitivement.

Un coup favori ? Le ura mawashi geri (coup de pied retourné au visage), bien sûr.

Un kata ? Empi (kata inspiré de la boxe chinoise, qui rappelle un oiseau au vol-flying swallow).


” Mon père avait déjà fait du karaté étant plus jeune, moi j’ai immédiatement accroché “

cultureSPORT : Qui t’a donné l’envie de pratiquer le karaté et qui t’inspire encore aujourd’hui ?

Alexandra Recchia : Personne ne m’a donné envie. Mes parents appréciait cette discipline, mon père en avait fait lui même plus jeune et étant petite j’étais souvent embêtée et je me battais alors … Et j’ai immédiatement accroché.

cultureSPORT : A quoi ressemble une journée d’entrainement et une journée de repos et Comment intègre-t-on l’équipe de France ?

Alexandra Recchia : Quand j’étais à la fac, je m’entrainais 2 fois par jours. Des fois, je faisais deux séances de karaté (un entrainement personnalisé et un entrainement collectif) et des fois, c’était préparation physique le matin (course, musculation ou circuit training) et karaté le soir.

Depuis que je travaille, je ne m’entraine plus qu’une fois par jour, soit le matin, ce qui me fait arriver au travail vers 11h et partir vers 19h-20h, soit le soir et dans ce cas je travaille de 9h à 17h.

Le repos c’est au moins une fois par semaine, généralement le dimanche, sauf en cas de regroupement Équipe de France ou de compétition.Je gère ma fatigue et suis totalement autonome dans ma planification d’entrainement.C’est l’avantage de l’expérience et de connaître son corps même s’il m’arrive encore de pousser trop loin parfois.

On intègre l’équipe de France en participant au parcours de sélection. Le staff se réunit en amont d’une échéance européenne et mondiale et fixe un parcours de sélection (généralement championnat de France, coupe de France, open international de Paris, d’autres opens internationaux …). Soit on est déjà dans le collectif France de par ses résultats passés et on participe à toutes ces compétitions avec l’équipe de France, soit on participe avec l’étiquette de son club. Celui qui se positionne le mieux dans sa catégorie sur le parcours de sélection est choisi pour représenter la France sur un championnat d’Europe ou du Monde.

cultureSPORT : Quelle est ton approche psychologique lors des compétitions de kumité (combats conventionnels) et tes rituels ?

Alexandra Recchia : Pour les grands évènements, il m’arrive de faire de la préparation mentale, plus précisément de la visualisation mais cela n’est pas systématique, seulement quand j’en ressens le besoin. C’est simple, je me plonge dans le noir, je fais 5 grandes inspirations et expirations pour me détendre et je visualise ma compétition de A à Z en partant de mon arrivée dans le gymnase jusqu’au podium. Aussi, quand je me sens particulièrement stressée, c’est un dire plus que d’habitude, je me répète 3 mots dans ma tête pour éviter les pensées parasites.Pour ce qui concerne les mots, c’est secret !

” Le karaté à Tokyo ? Une immense joie, un soulagement. Il ne reste plus qu’a prouver que nous avons notre place “

cultureSPORT : Ton sport a été nommé aux Jeux de Tokyo 2020, quel est ton ressenti ?

Alexandra Recchia : Une immense joie et comme une sensation de soulagement. Cela fait une bonne dizaine d’années que nous prétendions à l’olympisme et nous avions eu de douloureuses déceptions. Enfin, nous y sommes et je pense que c’est une juste décision, le karaté a énormément évolué notamment au niveau du règlement, pour que nous puissions répondre aux critères du CIO.Il ne reste plus qu’à prouver que l’on a notre place sur les jeux de Tokyo.

cultureSPORT : Pendant des années, le Karaté espérait être choisi, en vain… comment l’attente a-t-elle été gérée ?

Alexandra Recchia : Je ne cacherais pas qu’en tant qu’athlète, j’ai connu quelques moments de frustration surtout que je côtoie des sportifs de haut niveau de disciplines olympiques alors je me faisais pas mal chambrer. Mis à part cela, l’attente n’a pas été particulièrement gérée pour ma part. Je faisais ma vie, mon train train et cela m’était bien suffisant. Mes journées sont suffisamment chargées.

cultureSPORT : Quel a été le travail, le message de votre fédération et des athlètes pour convaincre les instances ?

Sans doute que le karaté avait œuvré ces 10 dernières années pour faire évoluer la discipline, la réglementation et l’arbitrage pour correspondre aux critères de l’olympisme. La World Karaté Fédération  (fédération mondiale) a également énormément joué sur les réseaux sociaux, elle a cherché à rassembler et à démontrer que le karaté était bel et bien populaire et fédérateur. Les meilleurs athlètes internationaux ont également été fortement sollicités pour la communication.

cultureSPORT : Il y a plus de 100 ans, Maître Gichin Funakoshi faisait sa première démonstration de « Okinawa-té » devenu aujourd’hui « Karaté-do » ( la voie du combat à mains nues)*à Kyoto. Le plus bel hommage serait de miser sur un(e) karatéka porte-drapeau non ?

Alexandra Recchia : Je ne vous dirais pas le contraire, ce serait une fierté et un immense honneur mais avant que cela n’arrive…

” Nous discutons des Jeux 2020, mais avant toute l’énergie est focalisée sur les Mondiaux 2016 “

cultureSPORT : Dès la fin de Londres 2012, chacun se projetait déjà sur les Jeux aujourd’hui de Rio 2016… est-ce votre cas, quel programme d’entraînement sera mis en place ?

Alexandra Recchia : Effectivement, les jeux de 2020 sont au cœur des discussions mais nous avons un objectif proche (fin octobre 2016). Donc pour le moment, toute l’énergie et la préparation est focalisée sur les mondiaux. Une fois passés, on reviendra sur les jeux. Quoi qu’il en soit 4 ans c’est long, les karatékas Français, nous venons de vivre une préparation intensive de 8 mois pour préparer les championnats d’Europe à domicile (Montpellier, Mai 2016), aussi je ne pense pas qu’il faille entamer une préparation sur 4 ans mais plutôt une planification par étape. Ce sera aux coachs et au staff Équipe de France d’optimiser cette planification.

Propos recueillis par Pierre-Alexandre Carré (@carr_pierre64)
Crédits photos : Cédric Lambert/Alexandra Recchia
Lien utile : site officiel d’Alexandra Recchia

*Oscar, 12 ans, fan de sport, atteint d’une leucémie foudroyante a reçu la visite de l’athlète, ce mercredi 31 août à l’hôpital Trousseau à Paris. Restons positifs malgré les épreuves ! Sa page de soutien : “Souris Oscar”, soutien contre la maladie.

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