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Oiana Trillo ou la jeune prodige du sauvetage côtier

Du haut de ses 17 ans, Oiana Trillo, licenciée au club d’Hossegor, est l’une des meilleures sauveteuses côtières de sa génération. S’il a le vent en poupe sur les littoraux aquitains depuis quelques années, le sauvetage côtier est un sport qui puise ses origines de l’autre côté de la planète, en Océanie. Naturellement né de l’aide aux rescapés sur les plages australiennes ou néo-zélandaises, le sauvetage côtier rassemble en réalité plusieurs disciplines, en mer ou sur le sable, et qui vont de la nage, au kayak jusqu’à la course à pied.

Une passion pour Oiana Trillo : après plusieurs titres de championne de France, la jeune lahonçaise a même décroché la saison dernière, en individuel, le titre de championne d’Europe junior à Riccione (Italie) en spécialité kayak mais aussi le relais par équipe avec ses compatriotes.

Brésilienne de naissance, elle a depuis son plus jeune âge combiné plusieurs pratiques sportives : le sauvetage côtier qu’elle pratique depuis l’âge de neuf ans, couplé à la natation, désormais au sein du Biarritz Olympique. La jeune femme raconte ici son quotidien actuel et évoque sa discipline de prédilection encore peu connue du grand public, le sauvetage côtier.


cultureSPORT : Après plus d’un mois de confinement en France, comment vas-tu ?

Oiana Trillo : En ce qui me concerne, et comme un bon nombre de personnes je pense, la longueur du confinement commence à se faire ressentir, ce qui rend cet isolement assez interminable. Il me tarde énormément de repartir en mer.

cultureSPORT : Habituellement, comment te prépares-tu pour le sauvetage côtier, épreuve qui combine plusieurs disciplines ?

Oiana Trillo : En préparation à la saison de sauvetage côtier, centrée sur la période d’été, j’ai l’habitude, durant l’hiver, d’effectuer à la fois quatre à cinq séances hebdomadaires de natation, seulement une séance de sauvetage côtier le mercredi ainsi que de la musculation le mardi et le vendredi. À l’approche des compétitions, j’essaie parfois de combiner séries de planches, de kayak et de nage.

Tout le travail ne sera pas perdu.

Oiana Trillo

cultureSPORT : En cette période exceptionnelle, comment t’y prends-tu pour garder la forme ?

Oiana Trillo : Tout d’abord, ce que je veux souligner, c’est que les entraînements que j’effectue à l’heure actuelle ne remplacent pas ce que j’ai l’habitude de faire. En ce moment, j’essaye d’aller courir entre deux à trois fois par semaine. Je m’astreins à de la PPG et réussis à faire entre 30 et 40 minutes de surf dans ma piscine grâce à une planche à élastique. Après, le confinement a aussi du bon car je peux maintenant m’entraîner quand je veux et non plus après la fin des cours.

cultureSPORT : Ne ressens-tu pas un peu de frustration de ne pas pouvoir effectuer de compétitions ?

Oiana Trillo : Certes, je suis un peu déçue que tout le travail effectué durant l’hiver ne paie pas, d’autant plus que des qualifications pour intégrer l’équipe de France étaient prévues il y a peu (NDLR : le 26 mars dernier), mais je m’entraîne d’abord pour le plaisir. Je suis certaine que tout le travail ne sera pas perdu.

cultureSPORT : Si l’on regarde vers l’avenir, quels sont tes futurs projets?

Oiana Trillo : L’an prochain, je devrais normalement intégrer le pôle de Montpellier ainsi qu’une classe préparatoire pour rentrer en école d’ingénieur (NDLR : Oiana est actuellement en terminale scientifique). Plus généralement, je souhaiterais concilier le plus longtemps possible sauvetage côtier et études.

Oiana Trillo. Crédit photo : FFSS.

cultureSPORT : Comment décrirais-tu le sauvetage côtier en quelques mots ?

Oiana Trillo : C’est un sport qui combine plusieurs disciplines et qui peut se dérouler en individuel mais aussi par équipes. Par sa forme, il se rapproche un peu du triathlon. Ce sport à forte sensation nécessite d’avoir un bon niveau dans plusieurs disciplines et d’avoir de l’endurance car les épreuves s’enchaînent.

Le sauvetage côtier connaît un réel succès.

Oiana Trillo

cultureSPORT : Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce sport et qu’est-ce qui est le plus difficile selon toi ?

Oiana Trillo : Ce que j’apprécie, c’est l’intensité de cette discipline et le fait de passer du temps en mer. Si on le compare à la natation, le sauvetage côtier est beaucoup plus ludique. De plus, le fait que ce sport permette aussi d’apprendre des choses sur le sauvetage en général me plaît. Enfin, partager des victoires avec toute l’équipe est génial. J’apprécie énormément ce choc des générations. Cela dit, c’est un sport assez chronophage qui nécessite beaucoup de sacrifices. Le fait qu’il y ait de nombreuses épreuves oblige aussi à ne délaisser aucune discipline.

cultureSPORT : Comment analyses-tu le boom que connaît le sauvetage côtier sur nos littoraux français ? Qu’est-ce qui lui manque, selon toi, pour être encore plus reconnu ?

Oiana Trillo : Effectivement, ce sport était peu connu en France il y a quelques années. Mais, il connaît actuellement un réel succès. Preuve en est, le nombre de licenciés au club d’Hossegor a triplé en seulement deux ans. Cependant, ce sport nécessite peut-être une meilleure communication car, aujourd’hui encore, nombreuses sont les personnes qui ne considèrent pas le sauvetage côtier comme un sport. Toutefois, nous sommes dans la bonne voie car ce sport a été proposé comme sport de démonstration pour les Jeux Olympiques de 2024. La France demeure encore loin des nations telles que l’Australie ou la Nouvelle-Zélande pour lesquelles le sauvetage côtier est le “sport roi”, comme le rugby chez nous. C’est dire !

En quelques mots…

Ta discipline favorite ?

Oiana Trillo : L’Ironman Race, une épreuve qui combine les épreuves de nage, planche et surf ski avec une transition en course à pied.

Le meilleur moment de ta carrière ?

Oiana Trillo : Mon titre de championne d’Europe en 2019, une victoire assez inattendue pour moi.

L’ambiance au sein de ton club ?

Oiana Trillo : Très chaleureuse, le club du sauvetage côtier d’Hossegor veillant à entretenir un esprit de famille.

Qu’est-ce qui te manque le plus en ce moment ?

Oiana Trillo : Mes proches, mes amis et mes coéquipiers.

Propos recueillis par Bixente Gorostegui (@GorosteguiB). Crédit photo de la une : FFSS.

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