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Cyril Barthe : « Une année très enrichissante »

En rejoignant les Champs-Elysées sans encombre, Cyril Barthe a bouclé son tout premier Tour de France. Onzième des championnats nationaux une semaine avant le grand départ de Nice, le cycliste bayonnais a également découvert le Tour des Flandres en octobre, dans une saison chamboulée par la Covid.

Cyril Barthe, Men in Glaz. Crédit photo : FRJ/B&B Hotels-Vital Concept P/B KTM.

Tour de France, Tour des Flandres, Paris-Nice, Paris-Tours : tel était en substance le menu 2020, plutôt éclectique, de Cyril Barthe. La Covid, qui est venue bousculer le traditionnel calendrier mondial, n’a pas empêché le coureur licencié à l’Aviron Bayonnais de s’aligner sur ces épreuves chargées d’histoire. « Le staff souhaitait me faire découvrir toutes ces grandes courses pour ensuite aller y performer petit à petit. » Pour sa première saison au sein de la formation B&B Hotels-Vital Concept, le Basco-béarnais a appris. Beaucoup appris. « J’essaie de travailler du mieux possible pour ensuite pouvoir aller le plus haut possible. » Après avoir goûté pour la toute première fois aux joutes de la Grande Boucle, Cyril Barthe espère forcément être de la partie pour l’édition 2021, qui s’élancera de Bretagne, sa nouvelle terre d’adoption.


cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Une grande partie des passionnés le savent : le Tour de France est l’épreuve cycliste la plus réputée au monde. Mais une fois sur place, as-tu été surpris par sa grandeur ?

Cyril Barthe : Avec la crise sanitaire, je pense être malheureusement tombé sur la mauvaise année. Mais cela reste tout de même le Tour ! Petit, je le regardais à la télé et là, le fait d’y être, c’était quelque chose de grandiose. Certes, j’avais été super content d’avoir pu prendre part à la Vuelta en 2019, mais comme je l’ai dit précédemment, le Tour, ça reste le Tour…

“Sur la Grande Boucle, tout ce que l’on est est multiplié”

Cyril Barthe, coureur de l’équipe B&B Hotels.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Justement, quelles différences as-tu constatées entre les grands tours espagnol et français ?

Cyril Barthe : Déjà, ces deux épreuves ont été complètement différentes à cause de la Covid. Avec le huis clos imposé sur le Tour, beaucoup de choses ont dû changer. Du coup, c’est difficile de comparer. Toutefois, j’ai pu voir que les équipes étaient beaucoup plus homogènes et hyper soudées sur le Tour. Il fallait vraiment faire sa place pour parvenir à exister. Sur la Grande Boucle, tout ce que l’on fait est multiplié. En courant chez nous, la motivation est également plus grande.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Ton équipe B&B Hotels-Vital Concept participait, elle aussi, pour la première fois à la Grande Boucle. Le bilan (douze tops 10) est plutôt flatteur…

Cyril Barthe : Nous avions forcément à cœur de bien figurer. On a bien respecté le projet à savoir se concentrer autour de Bryan (Coquard) et Pierre (Rolland). Bryan a toujours pu disputer ses sprints. Il avait les jambes pour gagner cette fameuse étape mais malheureusement, on n’a pas eu de réussite. Idem pour Pierre. Les échappées, qui auraient pu aller au bout sur certaines étapes, ont été un petit peu trop contrôlées. Mais dans l’ensemble l’équipe a été très contente parce que nous avons été offensifs tous les jours. Tout le monde a fait son job à 100%. On peut être fiers de notre Tour.

Cyril Barthe sur la 13e étape du Tour de France entre Châtel-Guyon et Puy Mary. Crédit photo : FRJ/B&B Hotels-Vital Concept P/B KTM.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Tu n’es pas passé loin d’entrer, toi aussi, dans le top 10 d’une étape (1). Après en avoir signé deux l’an passé sur la Vuelta, n’es-tu pas un peu déçu de pas avoir réussi pareille performance sur le Tour ?

Cyril Barthe : Avec la présence des meilleurs coureurs mondiaux, le niveau était forcément plus élevé sur le Tour. Comme  j’avais un rôle de coéquipier, mon principal objectif était d’abord de répondre aux demandes de mes directeurs sportifs. Forcément, si j’avais été meilleur, j’aurais eu des opportunités. Mais j’ai encore quelques lacunes en montagne…

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Cette saison, tu as également pu prendre part à Paris-Tours, une course historique mais aussi au Tour des Flandres, ton tout premier Monument…

Cyril Barthe : Ça a été une année très enrichissante. L’expérience que j’ai pu engranger va me servir pour progresser mais aussi pour avoir les idées plus claires et savoir où je mets les pieds les prochaines fois. J’ai vraiment apprécié les épreuves en Belgique (NDLR : en plus du Tour des Flandres, il a également été aligné lors de Kuurne-Bruxelles-Kuurne et de la Flèche Brabançonne). Elles ont une véritable histoire. Quand on sait tous les champions qui sont passés sur ces pavés, c’est quelque chose… Cela me booste pour y performer. J’ai bien envie d’y retourner dans les années à venir. Je vais m’entraîner afin de pouvoir y tirer mon épingle du jeu.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Après avoir commencé ta saison par le triptyque du sud-est (Étoile de Bessèges, Tour de la Provence, Paris-Nice), s’en est suivi un inévitable confinement. Comment l’as-tu géré ?

Cyril Barthe : Les sensations étaient plutôt bonnes. Après Bessèges et la Provence, nous avons eu la chance d’être invités au tout dernier moment sur Paris-Nice. On a essayé de s’en sortir avec nos armes. Pendant le confinement, j’ai essayé de rester en condition. Forcément, c’était compliqué pour mettre en place les entraînements mais j’ai fait le job jusqu’au bout. Il a fallu s’adapter au mieux afin de préparer les échéances de fin de saison. Ne sachant pas quand est-ce qu’on allait reprendre, c’était difficile de se projeter sans objectif précis.

Cyril Barthe et son masque glaz, LA couleur représentative de la formation de son manager Jérôme Pineau. Crédit photo : FRJ/B&B Hotels-Vital Concept P/B KTM.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Après la Route d’Occitanie et le Tour de Wallonie (deux courses de préparation en vue du Tour), tu as réussi à décrocher une belle onzième place aux championnats de France, tout en te mettant à la planche pour ton leader…

Cyril Barthe : J’étais vraiment content d’avoir été aux avant-postes. Malheureusement, Bryan (Coquard) a raté le titre de peu. Ça aurait été magnifique d’avoir le maillot bleu-blanc-rouge au sein de l’équipe. Mais cela reste quand même une très bonne journée.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : En fin de saison, la malchance a semblé t’accabler avec de nombreuses crevaisons…

Cyril Barthe : Je n’ai vraiment pas eu de chance. Pourtant, j’ai vraiment voulu faire les choses bien en continuant à m’entraîner après le Tour. Malheureusement, j’ai crevé à deux reprises lors de Paris-Tours dans les chemins de vigne (NDLR : neuf secteurs non goudronnés). Rebelote sur le Tour des Flandres, à quarante bornes de l’arrivée. Certes je n’étais pas avec les tout premiers, mais je figurais dans le deuxième groupe…

Cyril Barthe à l’arrivée de la Flèche Brabançonne (première course après le Tour de France), conclue à la 34e place. Crédit photo : FRJ/B&B Hotels-Vital Concept P/B KTM.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : As-tu été surpris par le dépannage express de Bryan Coquard, qui t’a cédé sa roue dans le Koppenberg ?

Cyril Barthe : J’ai forcément été touché par le geste de mon leader. Quand on voit le champion que c’est, ça fait plaisir. Cela me donne encore plus envie de me surpasser pour lui lors des prochaines courses.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Le fait de ne pas avoir pu t’aligner au départ de l’Enfer du Nord, est-il un regret ?

Cyril Barthe : Effectivement, je devais également découvrir et me tester sur Paris-Roubaix. C’est vraiment dommage, j’étais très déçu. Mais ce n’est que partie remise !

“Pour progresser et aller de l’avant, je pense que je ne pouvais pas trouver mieux”

Cyril Barthe, coureur de l’équipe B&B Hotels.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Lorsque tu as signé à B&B Hotels-Vital Concept en octobre 2019, tu disais rejoindre un cocon. Un an plus tard, maintiens-tu tes dires ?

Cyril Barthe : Oui, je me sens vraiment bien au sein de l’équipe. Il y règne une très bonne ambiance. Nous sommes vraiment bien encadrés. Pour progresser et aller de l’avant, je pense que je ne pouvais pas trouver mieux. Je suis vraiment fier d’avoir intégré cette formation. Pendant le confinement, nous avons toujours été soutenus, je ne me suis jamais senti délaissé. Malgré le contexte, j’ai eu la chance de pas mal courir. Je crois que j’ai pu cumuler pas moins de cinquante jours de course. Tout le monde ne peut pas en dire autant dans le peloton.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : La saison s’est à peine terminée qu’un deuxième confinement a été décidé par le gouvernement. Comment envisages-tu la saison prochaine ?

Cyril Barthe : Ce deuxième confinement est complètement différent du premier dans le sens où nos vacances étaient déjà planifiées et organisées. Du coup, c’est forcément plus facile à gérer. Les courses de reprise sont encore loin (2). J’espère que tout sera rétabli d’ici là.


Son amour pour l’Aviron

Quel lien entretient-il avec l’Aviron Bayonnais aujourd’hui ? « J’ai fait toutes mes écoles à Bayonne, j’ai vécu cinq ans là-bas. J’y ai aussi mon entraîneur d’enfance, Thierry Elissalde, qui reste proche de l’Aviron. C’est mon club de cœur pour toute la vie. » Même de loin, Cyril Barthe parvient à garder un œil sur la relève composée notamment de Maxime Renoux, qui a participé aux derniers championnats de France de l’avenir et de Patxi Darthayette, qui a resigné un contrat d’un an au sein de la formation Grupo Eulen. « Je garde toujours contact avec Patxi qui est un très bon ami. On a fait ma préparation pour le Tour ensemble. Avec Éric, aussi. Je pense qu’il aurait été fier de me voir sur la Grande Boucle… » 

Cyril Barthe sur le Tour de France aux côtés de Peter Sagan, porteur du Maillot Vert et de ses équipiers Pierre Rolland et Cyril Gautier. FRJ/B&B Hotels-Vital Concept P/B KTM.

Fiche d’identité

Prénom/nom : Cyril Barthe
Âge : 23 ans (né le 14 février 1996 à Sauveterre-de-Béarn)
Taille/poids : 1m84/69 kg
Profil : puncheur
Équipes : Fundación Euskadi (amateurs, 2015-août 2017), Euskadi Basque Country-Murias (stagiaire d’août à décembre 2017, pro de 2018 à 2019), B&B Hotels (depuis 2020)
Sa saison 2020 : 1 top 20 sur la 12e étape du Tour de France (96e du général final, 12e du classement des jeunes), 11e du championnat de France, 15e du GP La Marseillaise, 20e de l’Étoile de Bessèges, 34e de la Flèche Brabançonne
Palmarès : champion de France espoirs, une étape du Trophée Joaquim-Agostinho (2018), deux étapes du Tour du Portugal espoirs, champion d’Aquitaine (2017)

  • (1) Dix-septième de la douzième entre Chauvigny et Sarran, à 2 minutes 30 de Marc Hirschi, arrivé avec le groupe des favoris
  • (2) Interview réalisée le jeudi 5 novembre 2020

Propos recueillis par Nicolas Gréno (@nicolasgreno), en novembre 2020. Crédit photo de la une : FRJ/B&B Hotels-Vital Concept P/B KTM.

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