Tour de France

L’alphabet du Tour de France #3 (lettre C)

C'est l'histoire d'un Maillot Jaune qui décida de se faire un kilomètre à fond...

Du 27 juin au 22 juillet, si vous comptez bien, il y a vingt-six jours. Dans l’alphabet il y a… vingt-six lettres. Nous allons donc en profiter pour réaliser un abécédaire du Tour de France. De A (Anderson, Phil) à Z (Z, l’équipe) en passant par J (jaune, Maillot) ou L (Liège), nous remonterons, avec vous, toute la grande et belle histoire de la Grande Boucle.

C * Cancellara/Compiègne

Demain, il sera le grand favori à sa succession. Vainqueur du dernier prologue du Tour, à Rotterdam (2010), il remet son “titre” en jeu dans les rues de Liège, où il s’était (déjà) imposé il y a huit ans. Là aussi il remet en quelques sortes son titre en jeu. Tiens, on parle de prologues. Continuons donc ! Abordons celui de Londres, en 2007. Celui là, Fabian Cancellara ne l’a pas loupé non plus. L’horloge Suisse a bien été réglée. Maillot irisé sur les épaules, le champion du Monde a devancé son dauphin du jour, Andreas Klöden de treize secondes. Son écart le plus conséquent dans un prologue. Nous ne prenons pas en compte, bien évidement, le chrono inaugural de Monaco 2009.

Revenons deux ans en arrière, dans la capitale Britannique. Les bonifications sur la Grande Boucle existent encore. Les étapes suivantes sont promises aux sprinteurs. Même si ces derniers sont loin au général après le premier jour de course, les guépards du peloton vont progressivement revenir aux avants-postes. La tunique jaune de Cancellara est donc en danger. Mais ça va, le coureur Helvète possède tout de même une avance confortable. Cependant, il souhaite l’accroître un peu plus, histoire de rester une fois pour toute à l’abri. Parce qu’on ne sait jamais. Oui c’était le tube de l’époque (petit clin d’oeil à Christophe Maé).

Prenons la télécommande et avançons dans le temps voulez-vous ? Pas trop loin non plus ! Prologue, première étape, deuxième étape, troisième étape… stop ! Nous y sommes. Waregem-Compiègne, Belgique-France. 236,5 kilomètres sont au programme du jour le plus long de cette édition 2007. Les 187 encore en lice ne sont pas pressés ce jour-là. Matthieu Ladagnous (Française des Jeux), Nicolas Vogondy (Agritubel), Stéphane Augé (Cofidis) et Frederik Willems (Liquigas) se sont échappés. A vingt kilomètres de la ligne, l’écart entre les fuyards et le peloton est d’environ deux minutes trente. C’est à ce moment là que les équipes de sprinteurs commencèrent à lâcher les chevaux.

Plus que trois kilomètres. La meute est revenue à fond les ballons. Plus que trente secondes de liberté pour le quatuor de tête. Ils sont quasiment condamnés à rentrer dans le tas mais peu importe. Ils continuent à y croire dur comme fer. Ils s’accrochent au peu d’espoir qu’il reste. En une minute, un kilomètre est parcouru. L’écart a baissé de seulement trois secondes. Deux bornes encore. Devant, ils sentent le souffle des 183 hommes qui sont au sein du peloton. Les quatre compagnons d’infortune se regardent, s’épient. Les pavés (pas ceux de Paris-Roubaix) arrivent. La flamme rouge aussi.

C’est parti pour mille mètres de folie. Les plus fous de ce Tour 2007 peut être. Cancellara est présent dans la première partie du peloton. On se dit alors que le Suisse veut éviter une potentielle chute. Bah non, le coureur du Team CSC démarre juste en facteur. Pour le fun, le leader de la Grande Boucle décide de s’en aller comme ça. Au petit bonheur la chance. “Et si je gagnais l’étape avec le Maillot Jaune sur les épaules ? Pour une fois que ce n’est pas un sprinteur qui va gagner avec mais un finisseur. Je tente le coup de grande classe“, se disait-il dans sa tête. Bon, plus que 500 mètres. Il dépose les quatre courageux du jour. Cramés, même si Vogondy et Ladagnous essayent de rester sur le porte-bagages de Spartacus. 200 mètres, les sprinteurs pointent le bout de leur nez. On voit Tom Boonen (Quick Step-Innergetic) remonter tout comme Robbie McEwen (Predictor-Lotto), Erik Zabel (Team Milram) et Danilo Napolitano (Lampre-Fondital). Mais rien à faire. Fabian Cancellara coupe la ligne d’arrivée en vainqueur. Le Maillot Jaune triomphe. Une première depuis Lance Armstrong en 2005, mais c’était dans un chrono (Besançon). Il faut remonter à la dix-septième étape du Tour 2004 pour voir un leader de la Grande Boucle remporter une étape en ligne avec la tunique dorée sur le dos. C’était au Grand-Bornand, une étape de montagne donc… avec Armstrong, toujours. Là aussi, pour la petite histoire, ça s’était joué au sprint.

Cancellara conserve son Maillot Jaune. Et de quelle manière ! Quel panache. Son avance au général est donc un peu plus conséquente. Dix secondes supplémentaires. Et dire que la veille, après une grande chute collective à Gand, provoquant un véritable chaos (heureusement que la règle des trois derniers kilomètres existait pour Cance’), le Suisse pensait s’être blessé

Numéro précédent : #2, lettre B (Blaireau, le)

Bonus : Pour revivre les trois derniers kilomètres en langue Française

Crédit photo : AFP, Getty Images

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