Dimanche, le norvégien Edvald Boasson Hagen a remporté le grand prix de Plouay, confirmant ainsi la stature internationale de la course bretonne. Mais la véritable star du weekend dernier fut le circuit. Passant de 17km à 27km, le parcours a suscité de nombreux commentaires. Impulsé par les organisateurs et la télévision, ce changement n’est pas du goût de tous.
«Si cela reste ainsi, l’année prochaine, je ne reviendrais pas», «mieux vaut rester à la maison dans ces cas-là». C’est ce genre de phrase que l’on pouvait entendre à la sortie de l’épreuve masculine, dimanche soir à Plouay. La raison : l’allongement de 10km de l’ancien circuit qui réduit le nombre de passage des coureurs, 9 au lieu de 13, et augmente par conséquent le temps d’attente au bord des routes. Attendre 40 minutes entre chaque passage pour voir Voeckler et consort peut paraître long. Les coureurs eux-même se sont plaints de ne pas voir les spectateurs tout au long du circuit. Le petit circuit permettait aux spectateurs les plus motivés de faire le tour, tout en étant présents à l’arrivée pour l’emballage final. Les nouveautés effectuées se trouvent quant à elles trop loin de l’arrivée pour attirer la foule.
Certes, Plouay dispose d’un plateau exceptionnel depuis son intégration dans le World Tour en 2005, et ce malgré la concurrence de la Vuelta. En atteste son palmarès. Mais il est facile de comprendre que les spectateurs préfèrent rester devant leur tube cathodique pour admirer les Gerrans, Rui Costa, et autres Boasson Hagen si ce n’est que pour les voir à neuf reprises. On a présenté le nouveau circuit comme plus difficile, permettant de modifier le scénario habituel. A en croire la plupart des cyclistes, ce n’est pas le cas. Le rallongement donne davantage de plage de récupération entre les différentes difficultés, le Hézo et Ty-Marrec. Et on a assisté au dénouement classique. Au menu : une échappée matinale qui se fait avaler par le peloton, quelques contres et les costauds qui s’expliquent dans la dernière difficulté. Rien de nouveau même si le suspense est là dans les dernières minutes.
La vérité est ailleurs. Jean-Yves Tranvaux, vice président du Grand Prix, l’avouait après la course. Plouay doit plaire à l’UCI car sa place dans le World Tour est loin d’être assurée. Pour cela, l’objectif est simple : l’audience. C’est donc dans cette idée que le circuit s’est dirigé vers la vallée du Scorff. Le paysage est bel et bien au rendez-vous pour les caméras. Moins la difficulté. Mais ce sont les audiences qui attirent les partenaires et font grandir la notoriété de courses isolées comme Plouay. Malgré tout, il ne faut quand même pas oublier qu’un Grand Prix de Plouay sans spectateurs, ce n’est plus réellement Plouay.
Et les organisateurs semblent y avoir réfléchi. Ils ont à leur disposition un site extraordinaire pour le cyclisme qui leur donne la possibilité de varier les offres sur 4 et bientôt 5 jours : démonstration de BMX, cyclo-sportive, épreuve sur piste, championnat de France des journalistes, course amateur, élection de miss Morbihan, concours de boules… La grande innovation a été l’instauration du Challenge sprint pro juste après la manche de coupe du monde féminine. Cette épreuve rassemble les coureurs sélectionnés par leurs équipes ProTeams et Continentales, à raison d’un par équipe, pour un tournoi débouchant à un sprint à 4. Plouay est la première course française à organiser ce type d’épreuve. Au vu des spectateurs restant regarder les séries de sprint, le pari semble réussi.
L’idée d’installer des écrans géants sur différents points du circuit est également à l’étude pour les prochaines années. A y regarder de plus près, le projet de Plouay pourrait être d’accueillir un championnat du monde. Le président de la Fédération Française de Cyclisme, David Lappartient, l’a annoncé : la France compte se présenter pour l’attribution du championnat du monde à partir de 2017. La dernière fois que l’hexagone a accueilli cet événement, c’était en 2000 et cela se déroulait à… Plouay.
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Crédit photos : Amélie Croguennec (Culture Sport)
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