Encore soixante kilomètres à parcourir dans les rues de Madrid et la Vuelta sera conclue. Deux coureurs reçoivent un bon de sortie de la part du peloton : Grischa Niermann et David Moncoutié. Les deux vétérans vivent leur dernière journée en tant que cycliste professionnel. L’Allemand a déjà l’avenir assuré avec un poste d’entraîneur au sein de la Rabobank. Quant au Français, il préfère se reposer avant d’envisager le futur. Ce coureur atypique et luttant contre la pratique du dopage mérite amplement un focus sur sa carrière.
Un coureur éthique et prudent
Qui est ce Cofidis qui stagne constamment à l’arrière du peloton ? Sans hésiter, il s’agit de David Moncoutié. Le Lotois n’est pas comme ses collègues : il est conscient des dangers de la route. Au lieu de frotter en tête de peloton, il préfère éviter les accidents, acceptant les inconvénients que cela comporte. La moindre cassure lui est fatale : il figure automatiquement dans le dernier groupe. Du coup, il lui est impossible de s’illustrer dans les hauteurs des classements généraux malgré des qualités de grimpeurs incontestables. Moncoutié a trouvé la solution et son palmarès le prouve : deux succès d’étape sur le Tour de France, quatre sur la Vuelta. Le Cofidis s’est spécialisé dans les échappées en montagne. Ses supporters sont conscients qu’il est capable de faire encore mieux, mais David est une personne humble qui se satisfait de la chance dont il dispose. Pour lui, le cyclisme est avant tout un plaisir. La pratique du dopage ne lui correspond absolument pas. Il fait partie de ces rares coureurs dont on est persuadé de son éthique. Le natif de Provins n’a sans doute pas évolué à la bonne époque. Il quitte la scène lorsque les pelotons commencent à reprendre du crédit. En effet, sa période faste s’est étalée durant la défunte décennie, laquelle fût entachée par une série d’affaires de dopage. A force égale, le Lotois aurait certainement gonflé son palmarès…
Un coureur fidèle
Si David Moncoutié est très apprécié, c’est également pour sa fidélité au sein de sa formation. Sur seize années de professionnalisme, le quadruple vainqueur du classement du meilleur grimpeur de la Vuelta n’a jamais quitté sa maison formatrice : Cofidis. Malgré les affaires de dopage, malgré la valse des managers, malgré le changement de statut de la structure nordiste, Moncoutié n’aura jamais contacté d’autres équipes. Il s’est même aligné sur des courses qu’il n’appréciait guère afin de satisfaire le sponsor. Il a pris part à deux Tour de France à contrecœur. Pourtant, le double vainqueur d’étape sur la Grande Boucle voulait tirer un trait sur l’épreuve juilletiste qu’il jugeait trop médiatique et trop nerveuse. Or, sa présence constante à l’arrière du peloton était une aubaine pour la visibilité du sponsor médiatisé à souhait par la présence d’une caméra à ses côtés ! Moncoutié s’est exécuté, mais n’a jamais brillé durant ces deux éditions. Il préférait en garder sous la pédale en vue de la Vuelta. Nettement moins nerveuse, plus montagneuse et ensoleillée, le tour ibérique plait au Français et cela se confirme avec quatre succès d’étape et autant de maillot de meilleur grimpeur. Cette série aura duré quatre saisons consécutives. Or cette année, à l’image de son équipe, Moncoutié n’a pas rencontré le succès espéré. Chutant sur la Grande Boucle, il abandonne pour la première fois de sa carrière sur un grand tour. Quelque chose a changé dans sa carrière. Cela lui conforte l’idée de mettre un terme au cyclisme professionnel à l’issue de la Vuelta. Mais la réussite ne le suit plus. Il est incapable d’enchainer les échappées en quête du maillot à pois. Une déception ? Certainement pas ! David sait accepter la défaite. Encore une qualité…
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