La Roche-aux-Faucons est devenue incontournable. Depuis son intronisation au parcours en 2008, c’est dans cette côte que les favoris se découvrent. Toutefois, des travaux de voiries trainant en longueur ont forcé les organisateurs à dévier la finale du Liège-Bastogne-Liège. La côte de Tilff étant monopolisée par un jumping équestre, il a fallu s’orienter vers la côte de Colonster. Réputée plus facile, va-t-elle transformer la physionomie de course ? Notre envoyé spécial a enfourché son vélo pour jauger les quarante derniers kilomètres.
Un engouement pour la classique
Il est un endroit d’apparence comme il en existence tant d’autre dans la région. La brume qui se dégage au fil des heures, l’effervescence matinale dans la vallée, les vaches qui pâturent dans les prés : rien ne peut laisser prédire l’agitation d’une prochaine course cycliste. Rien ? Les camping-cars présents en masse au pied d’une côte laisse prédire la prochaine effervescence dominicale. Aussi, quelques cyclos se risquent à escalader l’ascension aux pentes vertigineuses. Sur le côté, une stèle marque l’importance du lieu. « La Redoute » est-il gravé. En ce vendredi précédent Liège-Bastogne-Liège, les formations professionnelles viennent reconnaître le parcours. Les connaisseurs s’amassent en bord de route, attendant le balai traditionnel des équipes. En réalité, c’est la région tout entière qui calque sa semaine sur l’épreuve ardennaise. Une école primaire a carrément mis les cours en parenthèse, le temps d’un passage de Philippe Gilbert, banderole à l’appui. C’est depuis cet endroit que j’entame la finale de la Doyenne des classiques. Au préalable, les coureurs auront déjà rallié Bastogne, puis enchainé sept côtes répertoriées. Avec deux-cents-vingt kilomètres dans les jambes pour mettre en appétit, voici le menu principal qui s’offre à eux.
Une histoire de train…
Comme d’autres cyclos, je me glisse dans la roue d’une équipe, dans mon cas Cofidis. La vitesse est élevée mais les coureurs sifflotent. Pour eux, ce n’est qu’un entrainement, une reconnaissance. On arrive rapidement au pied du Hornay. Il s’agit d’une côte non-répertoriée mais qui sert parfois de rampe de lancement. Rien d’insurmontable. On plonge alors sur le petit village de Méry au terme d’une descente pourvue de quelques virages techniques. Plutôt que de grimper la Roche-aux-Faucons, il faut désormais se farcir six kilomètres de vallée. Entretemps, trois passages à niveau ferroviaires se présentent aux coureurs. S’ils sont proches l’un de l’autre, rien n’empêche le peloton d’être à l’arrêt, l’espace d’un train. Car d’après nos renseignements, deux rames croiseront la route à partir de 16h30 à cinq minutes d’intervalle, en plein milieu des prévisions horaires. Et si c’était ici que se jouait la course ? Stuart O’Grady peut s’en remémorer un certain Paris-Roubaix 2007…
Colonster n’est pas La Roche
Ensuite, c’est donc la côte de Colonster. Une épingle à cheveu oblige les coureurs à aborder l’ascension sans élan. Mais le profil trop régulier et peu pentu ne favorisera pas pour autant les offensives. Les arbres protègent le vent sur la gauche tandis que le sommet est dénué d’abris éoliens. On enchaine en tournicotant aux abords de l’université, recherchant la descente vers Liège et son stade de football. Une fois la Meuse traversée, on aborde la côte de Saint-Nicolas. Pour ma part, le rythme effréné des Cofidis m’est fatal. Je dois abandonner mes compagnons pour me concentrer sur l’effort. Ici, les pourcentages s’écrivent avec deux chiffres. À six bornes de l’arrivée, ce sera le moment ou jamais pour s’extraire et éviter un sprint à Ans. Car la montée finale n’est pas suffisante pour distancer des unités. Néanmoins, après deux-cents-soixante kilomètres parcourus et plus de six heures de selles, la fraîcheur jouera un rôle majeur. Et si sprint il y a, il sera forcément particulier. C’est ici qu’Iglinskiy avait déposé Nibali, contredisant la logique supériorité du Sicilien. Car en plus d’être costaud physiquement, il faudra aussi se ménager et jouer finement son coup…
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