Comment ne pas retracer l’histoire du Tour sans évoquer le Mont Ventoux, un col aussi étrange qu’intraitable. Son érection isolée dans les terres provençales surprend autant que sa difficulté. C’est dans ce théâtre infernal que de nombreux drames se sont joués. Le plus connu, le plus tragique reste inévitablement le décès de Tom Simpson en 1967
Le Mont-Ventoux, la mythique calvitie
Ah la Provence ! Son soleil permanent, sa chaleur estivale, ses grillons et son Mont-Ventoux. La montagne fait désordre dans le paysage local. Dans les terres se hisse un géant, un monstre. Sa présence étonne autant que sa flore : des espèces rares y ont trouvé leur bonheur. Ces plantes sont bien les seules à apprécier l’endroit. Il culmine à 1911 mètres. Pour parvenir à sa fin, quelques soit son versant, il faut se farcir plus de mille mètres de dénivelé. Sans oublier le vent violent qui écrase le cycliste dans l’effort, il faut ajouter une pente exponentielle. Une véritable montée en enfer. Le chemin aux allures de calvaire fait peur. Même le Tour de France s’est tâté. Il aura fallu attendre l’asphaltage de la route pour accueillir la caravane. C’était en 1951, sans pour autant déterminer l’arrivée en son sommet. À l’époque, le peloton escaladait le Géant de Provence avant de le redescendre : une folie. Car redescendre le Ventoux relève du suicide. Sinueux, il ne connait pas les garde-fous. La moindre trajectoire hésitante se paie cash. Saisissant le danger, le Tour se contentera à l’avenir de dresser la banderole finale à hauteur de l’observatoire, celui-ci dominant le mont chauve. Lieu culte du sport, le Ventoux mêle spectacle, suspense et tragédie. Cette année, le Tour de France déposera y ses valises. Le col des Tempêtes – qui désigne la route gravissant le Ventoux – constituera la porte d’entrée au massif alpin.
Tom Simpson, triste pionnier
Indéniablement, Tom Simpson aura été un précurseur. Premièrement, il fût l’instigateur du cyclisme en Grande-Bretagne, l’un des premiers anglo-saxons à briller sur la Grande Boucle. Il fût également le premier coureur à périr de ses pratiques dopantes. Coïncidence ou superstition, le drame eut lieu le treize juillet 1967 lors de la treizième étape. Au départ de Marseille, la chaleur était déjà présente. Au cours de la journée, le mercure ne faisait que grimper. L’organisation interdisant les ravitaillements, les coureurs acceptaient le cognac que proposaient les spectateurs. Un cocktail mortel lorsque vous ingurgitez alcool et amphétamines sous la canicule. C’est le mélange que Simpson s’est concocté. Le natif d’Haswell n’a jamais brillé sur le Tour. En 1962, il a porté le tricot jaune une journée avant d’en être rapidement dépossédé. Seule cette année l’a vu rejoindre Paris, les autres tentatives ayant toutes avorté. Cinq ans plus tard, c’est le coup de grâce. Sur les pentes du Ventoux, il déambule, avant de quitter la route et de s’écrouler sur les cailloux. La foule se presse autour de lui pour apporter les premiers soins. Le Britannique, tentant de respirer en courbant son torse au maximum, vit ses derniers instants. Il décèdera quelques minutes plus tard dans l’hélicoptère médical. On retrouvera dans ses poches des capsules d’amphétamines, faisant découvrir au grand jour les pratiques dopantes utilisées par la majorité du peloton. Pourtant, ce même Simpson avait avoué sa tricherie deux ans auparavant. Mais la direction de course n’aura véritablement traqué les tricheurs que l’année suivant son décès. Une lutte qui s’est perfectionnée au fil du temps, mais qui doit encore être appliquée.
Le sport quel qu’il soit peut être très dangereux. Je pense que ceux qui ont périt ne sont pas idiots. Ils ont eu trop de courage. Un seul faux pas peut tuer de nos jours. Paix à leur âme.