On espérait que l’ajustement de son parcours favorise le retour des stratégies. On a été servi. Depuis 2011 et l’arrivée à Meerbeke, le Tour des Flandres n’avait plus de victoire indécise. Si Cancellara a gagné comme l’estimaient bon nombre de parieurs, la façon d’y parvenir est surprenante. À cette occasion, Julien Detroz, notre spécialiste cycliste, a décortiqué la course. Analyse.
Le Koppenberg retrouve son intérêt
Avouons-le, le parcours new-look du Ronde laissaient nostalgiques les amoureux du cyclisme. L’organisateur, tout en conservant l’arrivée à Oudenaarde, a simplifié l’itinéraire et redonné de l’intérêt à l’approche du final. L’an dernier, nous avions patienté le dernier Paterberg pour que Cancellara tue tout suspense. Ce dimanche, c’est dès le Koppenberg que les choses sérieuses ont débuté. Cette côte a retrouvé son rôle de dynamiteur, escamoté durant deux ans, car trop loin. De plus, le Taaienberg s’intercale avant Kwaremont, de quoi solliciter les velléités et l’anticipation. Van Avermaet peut en témoigner.
L’intelligence de Van Avermaet
Van Avermaet, justement. Malchanceux, à nouveau, il s’est retrouvé au sol, à l’approche de l’avant-dernier Paterberg. Alors que le rythme s’intensifiait, il a dépensé énormément d’énergie pour atteindre la tête d’un peloton morcelé. Dans son élan, le Stoumontois d’adoption a prolongé l’effort au sortir du Koppenberg. C’était l’unique chance de basculer en tête après le dernier berg. À la régulière, sa force intrinsèque et sa fraîcheur l’aurait crucifié. Aidé par la nouvelle finale, il a frôlé l’exploit. Il lui a juste manqué… un brin de force et de fraîcheur.
La nervosité, point faible de Vanmarcke
Il avait échoué de peu sur le vélodrome de Roubaix, l’an dernier, face à Cancellara. Il s’était promis de ne plus commettre l’erreur de lancer le sprint. S’il a retenu la leçon lors de l’examen flandrien, il a, à nouveau, pêché par nervosité. Récent quatrième d’un emballage massif à Wevelgem, le Belkin avait les cartes en main pour gagner. Il lui a manqué un petit quelque chose. Sans ses inutiles et répétitives offensives dans les faux-plats précédant le Kruisberg, il aurait renoué avec sa vitesse dévastatrice. S’il canalise ses émotions, il peut prendre sa revanche sur l’Enfer du Nord. D’autant qu’il est le seul à ne pas perdre la roue de Cancellara.
Cancellara entre dans la légende
Ce dimanche, Cancellara a remporté son septième monument. Il a, aussi, rejoint Boonen, Museeuw, Leman, Magni et Buysse au panthéon du Ronde. Cancellara est, incontestablement, une légende du cyclisme. Si son accélération n’est plus celle d’autrefois, il parvient à conserver toute sa lucidité, son sens tactique et son expérience pour trouver une issue favorable. Isolé tôt dans la course, il a déjoué les plans d’Omega Pharma-Quick Step. En solitaire ou au sprint, Cancellara est gagnant. Son prochain rendez-vous, à Roubaix, risque de tomber dans son escarcelle. Il y sera le grand favori.
La Belgique va mieux
On disait les locaux dans le creux de la vague. Gilbert n’ose plus s’aventurer sur les pavés, Boonen sent le poids des ans entamer sa classe et la relève peine à se dévoiler. Si Vanmarcke semblait être l’exception, Van Avermaet a retrouvé de l’envergure en courant judicieusement. Dans le top 10, cinq drapeaux belges s’agitent. De quoi consoler le plat pays. Enfin, le vivier Topsort n’a jamais autant promis : Si Theuns, Lampaert et Van Asbroeck sont restés discrets, Van Bilsen a encore montré son potentiel. Ces jeunes seront, d’ici quelques printemps, aux avant-postes.
Kristoff et Minard à féliciter, Stybar et Chavanel à fustiger
Qui a dit que Kristoff n’était bon qu’à sprinter ? Le récent vainqueur de Milan-San Remo était proche d’accrocher le bon wagon après le Paterberg. Chaque année le bonifie et la prochaine édition peut lui sourire. Minard a été étincelant, lui aussi. Conscient de ses chances minimes de succès, il a préféré attaquer, à juste titre. Il a assuré une présence à AG2R dans la finale, après les déconvenues de Gaudin et surtout Mondory et Turgot. Par contre, on attendait plus d’un Stybar, trop discret depuis son sacre mondial en cyclo-cross. Quant à Chavanel, son passage chez IAM semble l’avoir vieilli. Certes, il était enrhumé, mais le Français n’a rien essayé. Regrettable.
Lotto a tiré la mauvaise boule
Le sort s’acharne sur Marc Sergeant et ses hommes. Dépourvus de Greipel, Sieberg et Willems avant le départ de Bruges, les Lotto ont été impliqués dans chaque chute. Roelandts devra, sans doute, faire une croix sur Roubaix. Félicitons Gallopin qui a eu le courage de revenir aux avant-postes après avoir goûté au bitume. Seul Broeckx, excellent dans l’échappée, a été épargné. Mais à quoi ressemblera l’équipe au départ de Compiègne ?
Crédit photo : AFP
Consultez notre guide cycliste 2014 ici
0 comments on “L’analyse du Ronde”