Après avoir remporté le Giro en mai dernier, le Colombien s’aligne au départ du Tour d’Espagne. S’il s’impose lors de la Vuelta, le co-leader de la Movistar, avec le numéro un mondial Alejandro Valverde, pourrait devenir le premier coureur depuis Alberto Contador, en 2008, à réaliser pareil exploit. Alors Nairo, faisable ou pas ?

√ Oui, il le fera
Quintana est en forme. Il l’a prouvé en s’imposant dans la course qui lui servait en guise de rentrée. Sur le Tour de Burgos, Nairo a dominé des coureurs comme Daniel Moreno (Katusha), Janez Brajkovic (Astana) ou David Arroyo (Caja Rural-Seguros RGA), deuxième du Giro en 2010. Lors de la seule arrivée en altitude et après avoir escaladé quatre cols de deuxième catégorie et un seul de première, le vainqueur du Giro, qui n’a plus couru depuis le 1er juin dernier, s’est tout de suite montré compétitif en plaçant un violent démarrage à près de cinq cents mètres de la ligne. Mis à part Moreno et Mikel Landa (Astana), sur le podium de cette étape reine, tous les autres arrivent avec plus de vingt secondes de retard. Et dire que le meilleur jeune du Tour 2013 a pris le temps de savourer sa sixième victoire de la saison… Second lors de l’ultime étape chronométrée, à seulement une petite seconde du vainqueur (le Letton Saramotins), il a assuré sa victoire finale devançant Moreno de trois secondes. Alors que le Colombien est parvenu à conserver son titre en Castille-et-Léon, ses regards se sont déjà portés vers l’Andalousie, lieu du Grand Départ de la Vuelta.
Un tracé dans ses cordes. Comme chaque année, le parcours du Tour d’Espagne est très montagneux. Pour lui, le petit grimpeur de poche qu’il est, ça lui convient parfaitement. C’est quasiment du sur-mesure. Treize étapes de montagne sont programmées dont sept arrivées au sommet (Cumbres Verdes jeudi prochain, Valdelinares dans une semaine, San Miguel de Aralar le 3 septembre, La Camperona, Lagos de Covadonga et La Farrapona du 6 au 8 ainsi que Puerto de Ancares la veille de l’arrivée). De quoi glaner de précieuses minutes pour combler le probable retard accumulé lors du chrono individuel de 36,7 kilomètres, tracé entre Monasterio de Veruela et Borja.

× Non, il échouera
Une forte concurrence. Le plateau des favoris est impressionnant de qualité. Les deux dauphins de Quintana sur le Giro, Rigoberto Uran (Omega Pharma-Quick Step) et Fabio Aru (Astana) seront au départ. Du côté de la Belkin, on envoie en Espagne un trident Néerlandais composé de Wilco Kelderman, Robert Gesink et Laurens Ten Dam. Contraint à l’abandon sur le Tour d’Italie et un peu en dedans lors de la Grande Boucle, Joaquim Rodriguez (Katusha) sera lui aussi présent tout comme les deux blessés du Tour les plus populaires, Alberto Contador (Saxo-Tinkoff) et Chris Froome (Sky). L’Espagnol a publiquement annoncé pouvoir viser une étape tandis que le Britannique souhaite viser la victoire finale.
Valverde, lieutenant de luxe ou leader ? Lors de ses sept dernières participations, étalées sur ces onze ultimes saisons, Alejandro Valverde s’est à chaque fois classé dans le top cinq : vainqueur en 2009, second en 2006 et 2012, sur la plus petite marche du podium en 2003 et 2013, quatrième en 2004, il a terminé à la cinquième place en 2008. L’Espagnol est donc un habitué de son tour national. Cela parait presque logique. Cependant, pourra-t-il cohabiter cette année avec son jeune équipier ? Il y a deux ans, Quintana, alors tout fraichement débarqué chez Movistar, n’était pas encore une des cartes maitresses de la formation Ibérique. Après un Tour de France loupé (vingtième), Valverde était LE leader désigné en compagnie du tenant du titre, Juan José Cobo. Nairo terminera trente-sixième. C’était la première fois qu’il dépassait les huit jours de course consécutifs. Il a également chuté à de nombreuses reprises et s’est mis à la planche pour la Balaverde. En 2014, la donne a changé. Quintana a pris de l’envergure et de la caisse. Deuxième du Tour de France l’an passé, glanant au passage une victoire d’étape et les maillots de meilleur jeune et meilleur grimpeur, il est aussi devenu le premier Colombien à remporter le Giro. Mais ces arguments pèseront-ils face à la puissance du numéro un mondial, vainqueur de la Clasica San Sebastian, dans sa formation ? Nous ne savons pas si c’est une indication, ou un signe, mais le premier dossard (le 151) attribué au sein de la Movistar a été décerné à Valverde…
L’avis de Francis Lafargue
Nairo Quintana est capable de faire le doublé Giro-Vuelta pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il est en forme au vu de sa victoire dans le récent Tour de Burgos et sera bien accompagné sur la Vuelta. Sa victoire dans le Giro a confirmé ses capacités et son rôle de leader au plus haut niveau. Expérience et confiance donc !
Le terrain lui conviendra également bien que moins difficile que sur le Giro mais avec des arrivées au sommet sélectives. C’est le favori de cette Vuelta où Chris Froome vient chercher sa revanche du Tour de France après son abandon sur chute comme Purito Rodriguez qui sera plus en forme. En revanche, avec Alberto Contador, je doute un peu sur sa complète récupération après sa chute spectaculaire en Alsace.
La chance devra accompagner le porteur du maillot rojo jusqu’à Santiago de Compostela. Oui pourquoi pas ce pèlerin venu de Colombie ?
L’équipe Movistar autour de Quintana pendant cette Vuelta : 151. Alejandro Valverde (Esp), 152. Andrey Amador (Crc), 153. Jonathan Castroviejo (Esp), 154. Imanol Erviti (Esp), 155. José Herrada (Esp), 156. Gorka Izagirre (Esp), 157. Adriano Malori (Ita), 158. Javier Moreno (Esp)
Crédit photo : page Facebook officielle de l’équipe Movistar/La Presse
0 comments on “Nairo Quintana peut-il réaliser le doublé Giro-Vuelta ?”