TOUR DE FRANCE. Une victoire d’étape, une deuxième place au général, une entrée par la grande porte dans l’Histoire du Tour, des milliers de spectateurs – disséminés un peu partout sur la montée vers Saint-Gervais – transis, des millions de téléspectateurs éblouis depuis leur canapé : Romain Bardet a frappé un grand coup et marqué les esprits hier.
Passionnés comme spécialistes, l’ensemble des fans de cyclisme lorgnaient, au fil des étapes, vers les « ratés » de 1999 et 1926. Mais en trente minutes, il a fait oublier le zéro pointé. En trente minutes, il a fait oublier des étapes pyrénéennes et alpestres tristounettes. En trente minutes, il a réussi, avec audace et panache, à se replacer au général. Trente minutes ont suffi pour que Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) fasse se lever la France du sport et du vélo. Trente minutes palpitantes, trente minutes de folie.
Si elle n’a pas été fructueuse lors du dernier Dauphiné (1), son envolée fantastique s’est cette fois révélée salvatrice. Entre un Richie Porte (BMC Racing) qui a lâché prise, un Adam Yates (Orica-BikeExchange) qui a fait l’élastique, un Bauke Mollema (Trek-Segafredo) out, un Nairo Quintana (Movistar) qui a pensé jeter l’éponge, un Maillot Jaune blessé dans sa chair et une attaque de Fabio Aru (Astana) pas assez tranchante, Bardet, en dynamisant le rythme dans le groupe des favoris, s’est envolé vers une deuxième place plus que méritée.
Bien aidé par Mikaël Cherel, les deux coureurs d’Ag2r sont venus nous rappeler que le cyclisme n’est définitivement pas un sport individuel. « J’ai dit à Romain que la descente de Domancy jouerait un rôle clé, déclarait Cherel dans une vidéo réalisée par son sponsor. Je lui ai demandé de me suivre, qu’on allait faire la descente. Derrière, dans l’oreillette, Vincent (Lavenu) et Julien (Jurdie) étaient un peu paniqués. Ils nous disaient : “prudents les gars, prudents” (rires). J’ai gardé l’oreillette mais on voulait grappiller un peu de temps. L’enjeu était tellement grand : le podium était tout proche… Il fallait donc prendre des risques et faire face aux éléments. Là, en l’occurrence, il y avait une belle descente scabreuse et mouillée, comme on l’aime tous les deux. C’était parfait. »
Le pote du héros du jour a rappelé ô combien le cyclisme était aussi, voire surtout, un sport d’équipe. Ag2r La Mondiale, qui a prolongé son bail au sein du peloton international jusqu’en 2020, aime le rappeler via son slogan : « Le contraire de seul au monde. »
(1) En course pour aller chercher le maillot jaune de leader, Bardet a attaqué Thibaut Pinot dans les derniers kilomètres vers Méribel. Le coureur de la FDJ, ne lui laissant aucune chance au sprint, s’est imposé.
Nicolas Gréno (@nicolasgreno)
Crédits photos : Tim de Waele via la page Facebook officielle de l’équipe Ag2r La Mondiale
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