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Dorian Foulon : “Viser piste et route aux Jeux Paralympiques de Tokyo”

À 2024 jours des Paralympiques de Paris, gros plan sur Dorian Foulon.

Dorian Foulon, grand espoir du paracyclisme tricolore, qui participe également à de nombreuses courses valides (il sera aidé par Arkea-Samsic cette saison), vise les Jeux de Tokyo.

cultureSPORT : Comment appréhendes-tu les courses avec les valides ? Tes adversaires savent-ils que tu es aussi un paracycliste ?

Dorian Foulon : Dans le coin, la plupart des coureurs me connaissent maintenant. J’ai toujours pris le départ des courses valides en me disant que j’étais comme eux, que j’étais un humain, que je pouvais faire exactement la même chose. Je ne me dis pas que j’ai un handicap et que je vais être moins fort qu’eux. Pas du tout. Je n’ai jamais eu de problème, aucune appréhension. Forcément, en augmentant le niveau chez les valides, j’ai une force moindre comparée à eux. Le fait de courir à leurs côtés me permet de progresser. Vu le niveau international en paracyclisme, je suis obligé de courir avec les valides pour pousser mon niveau.

cultureSPORT : Comment fais-tu pour compenser ton handicap (1) chez les valides ?

Dorian Foulon : Avec mon nouveau préparateur physique, on a fait un travail spécifique sur ma jambe gauche, handicapée. Forcément, j’ai pu prendre beaucoup de force. C’est un plus, notamment pour la piste. On verra par la suite, mais je n’arriverai certainement jamais à combler la différence qu’il y a entre mes deux jambes.

cultureSPORT : Que retiens-tu de ton expérience de trois ans avec Direct Énergie ?

Dorian Foulon : Ils ont été les premiers à m’aider, à m’ouvrir la porte. Cela m’a permis de commencer les courses internationales sur de bonnes bases. En échange de leur aide logistique, je courrais sous leurs couleurs en paracyclisme. Comme Jean-René Bernaudeau n’a pas souhaité renouveler le partenariat, mon projet a été présenté à Emmanuel Hubert, d’Arkea-Samsic, qui a été intéressé pour m’aider, me soutenir. Étant Breton, c’est un retour aux sources. Cela me fait énormément plaisir. Je compte montrer leurs couleurs au plus haut niveau.

Dorian Foulon, aux côtés de Guillaume Di Grazia, journaliste Eurosport, lors de la présentation de l’équipe Arkea-Samsic. Crédit photo : Céline Aujard pour cultureSPORT

cultureSPORT : Le fonctionnement avec Arkea-Samsic sera donc le même qu’avec Direct Énergie ?

Dorian Foulon : Exactement. Cependant, Arkea-Samsic m’a invité sur leur stage de préparation en Espagne (à Calpe, NDLR). Je n’ai pas pu participer à tout le stage parce que j’avais la compétition internationale de Manchester, mais ils m’ont fait venir pour les trois derniers jours. J’ai ainsi pu vivre et m’entraîner avec les professionnels tels que Warren Barguil ou Élie Gesbert. Forcément leurs conseils vont énormément m’apporter. J’ai pu également échanger avec les directeurs sportifs comme Yvon Ledanois. C’est très enrichissant pour la suite.

cultureSPORT : En plus de participer au stage, tu as également été mis sur le devant de la scène, à l’instar des coureurs professionnels, lors de la présentation de l’équipe…

Dorian Foulon : Là aussi c’était une première. Certaines personnes pensaient même que j’étais professionnel… Je ne suis pas encore à ce niveau-là. Toutefois, c’est bien que le paracyclisme soit mis en avant. J’’espère que d’autres jeunes du Pôle Espoir de Paracyclisme seront aidés par une équipe professionnelle à long terme.

Son calendrier 2019

PARACYCLISME // Mars : Mondiaux sur piste à Apeldoorn (HOL) / Mai : Coupe du monde sur route à Corridonia (ITA) & Ostende (BEL), course internationale sur route à Bourg-en-Bresse / Juin : Championnats de France sur route / Août : Coupe du monde sur route à Baie-Comeau (CAN) / Septembre : Mondiaux sur route à Emmen (HOL).
CYCLISME // Coupe de France DN3.

cultureSPORT : Tu es plutôt piste ou route ?

Dorian Foulon : À la base, je suis routier. Je suis un passe-partout, plutôt rouleur-sprinteur. J’ai une bonne pointe de vitesse et passe dans les bosses mais lorsque ça grimpe trop longtemps, ça ne passe pas. Cependant, pour performer sur route, je pense qu’il faut aussi avoir une autre discipline pour changer d’air l’hiver. Avec ses efforts très courts, très intenses, la piste fait travailler beaucoup plus la force, le coeur. En plus, l’hiver, en handisport, il y existe des épreuves internationales. J’ai découvert la piste lorsque j’ai intégré Urt Vélo 64. Je l’apprécie de plus en plus. La poursuite (sur quatre kilomètres) est ma discipline phare. C’est celle qui se rapproche le plus du contre-la-montre. Ces deux efforts sont complémentaires. La plupart des coureurs qui sont forts en chrono viennent de la piste et de la poursuite.

cultureSPORT : Comptes-tu viser, doubler, route et piste aux prochains Jeux Paralympiques ?

Dorian Foulon : C’est l’objectif. Actuellement, en paracyclisme, on a encore de la chance. Comme il n’y a pas énormément de monde, on peut viser route et piste en même temps. Toutefois, j’espère participer à l’épreuve du kilomètre mais les deux premiers de ma catégorie au niveau mondial ne pratiquent que cette discipline. Ils pourraient même claquer des tops 10 chez les valides au niveau international. C’est un autre niveau. Pour les atteindre, il faudrait que je me spécialise dans le kilomètre, mais ce n’est pas mon but. À long terme sur la piste je viserai le scratch, qui est une épreuve en peloton se rapproche de la course sur route.

cultureSPORT : As-tu digéré la non-sélection pour Rio ?

Dorian Foulon : Ma première saison internationale intervenait l’année des Jeux de Rio (il était encore junior, NDLR). C’est suite à mes résultats que j’ai été présélectionné et qu’on a pu y croire. Je me disais que c’était vraiment la cerise sur le gâteau si je participais aux Jeux. Lorsqu’on m’a officiellement annoncé que je n’étais pas retenu, c’était dur sur le coup. C’est dommage, j’aurais pu engranger de l’expérience en découvrant les Paralympiques là-bas. Je serai plus en forme et j’aurai plus d’expérience pour Tokyo. Ça sera ma première mais je n’espère pas ma dernière.

cultureSPORT : D’autant plus que Paris accueillera les Jeux en 2024…

Dorian Foulon : C’est sûr que c’est un objectif encore plus à long terme. Franchement j’y pense, mais il faut d’abord penser à Tokyo 2020. Paris 2024, ça arrivera par la suite. Faire briller la France, dans notre pays, ça serait énorme. Après je ne me mets pas la pression. Il y a encore le temps.


(1) Né avec un pied bot varus équin congénital gauche, Dorian Foulon a subi de nombreuses opérations afin de remettre son pied vers l’avant. Pour l’empêcher de reprendre sa position initiale, son chirurgien a effectué une arthrodèse (blocage) de la cheville. De ce fait, il ne peut presque plus la bouger et solliciter ses releveurs. Son mollet gauche est à peine développé, ce qui entraîne une perte de puissance de sa jambe gauche de près de 35 à 75%.

Fiche d’identité

Dorian Foulon
Âge :
20 ans (né le 2 mai 1998)
Club : Urt Vélo 64 (aidé par Arkea-Samsic)
Entraîneur : Christophe Dizy
Palmarès : vainqueur de la Coupe du monde paracycliste (en MC5) en 2016 et 2018 (dont 2 manches
aux Pays-Bas & Canada), 5 titres de champions de France 2018 (km, poursuite, scratch, route, CLM),
3ème place aux Mondiaux sur route 2017

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