Pelote Basque Rugby

Pépito Elhorga : “Les amateurs ne sont peut-être pas aussi bien équipés”

À l'approche du derby, "je ne sortais plus, je restais à la maison."

En prélude du derby entre l’Aviron Bayonnais et le Biarritz Olympique, quatre anciennes gloires des deux clubs disputent, aujourd’hui (18h), au Trinquet Moderne, une partie de pelote pas comme les autres. Le « Pilota derby » a été organisé en faveur de l’association Au coeur des jumeaux, qui collecte des fonds afin d’installer des défibrillateurs sur différents lieux sportifs.

Pépito Elhorga avec le maillot ciel et blanc sur les épaules.

Épisode 3 : Auteur d’un essai lors de la Coupe du Monde 2003, Pépito Elhorga, qui faisait partie de l’équipe de France ayant décroché le Grand Chelem en 2004, a joué pour Biarritz (1996-1999) et Bayonne (2007-2012). Nous sommes allés à sa rencontre la semaine passée, à quelques heures de son quatrième entraînement avec son binôme Jean-Jo Marmouyet.


cultureSPORT : Pépito, quel est votre rapport à la pelote ?

Pépito Elhorga : En ayant grandi ici, j’ai forcément goûté à ce sport. Gamin, j’ai commencé par la main nue et la chistera. Durant ma période rugbystique, j’ai dû faire un long break. Depuis que j’ai arrêté ma carrière (2012 chez les pros, 2014 chez les amateurs, NDLR), j’ai repris ce sport que j’aimais énormément. Je pratique essentiellement de la pala en trinquet et un peu de baline. Je suis licencié au club de Sarako Izarra et joue au pasaka. C’est très sympa. La pelote prend beaucoup de place dans ma vie de tous les jours.

cultureSPORT : C’est le grand jour. Vous vous apprêtez à défier la paire Imanol Harinordoquy-Damien Traille. Comment se sont déroulés les entraînements ?

Pépito Elhorga : Jean-Jo (Marmouyet) avait déjà pratiqué la pelote, mais il était un peu plus novice par rapport à nous qui avions arrêté plus tôt. Cela va faire sept-huit mois qu’il a repris et il ne s’en sort plutôt pas mal ! Il va jouer derrière et moi devant. On a essayé de trouver quelques automatismes pour tenter d’accrocher ces Biarrots qui ont plus l’habitude d’évoluer ensemble.

François Carillo “nous avait fait très, très peur”

Pépito Elhorga

cultureSPORT : Vous allez jouer pour l’association Au coeur des jumeaux qui cherche à sensibiliser sur les cas de morts subites. Ces drames peuvent survenir à tout âge, aussi bien chez les pros comme chez les amateurs…

Pépito Elhorga : Et puis ça peut toucher n’importe quel sport. On a pu voir quelques soucis au foot ces derniers temps. On est jamais à l’abri d’un malaise cardiaque. C’est pour cette raison que le défibrillateur est assez pratique. On peut facilement le porter et surtout sauver des vies avec. On a eu l’exemple il n’y a pas si longtemps avec Philippe Richaud. Il a été sauvé grâce à cet outil pendant un match. C’est une bonne chose de mettre cette asso en avant, d’essayer de la faire connaître un peu plus.

cultureSPORT : Vous avez déjà été confronté à ce cas de figure malheureux avec votre ancien coéquipier François Carillo…

Pépito Elhorga : Oui, il nous avait fait très, très peur. Mais heureusement le staff médical a pu le prendre en charge immédiatement. Chez les pros, les médecins sont là, ça peut aller très vite. Mais chez les amateurs, ils ne sont peut-être pas aussi bien équipés.

Pépito Elhorga en 2009. Crédit photo : IconSport.

cultureSPORT : Ces confrontations entre Bayonne et Biarritz sont toujours aussi particulières pour vous qui avez joué dans les deux camps…

Pépito Elhorga : Je pense que ce derby va être très accroché. Il ne faut pas regarder le classement actuel. Si on s’y réfère, on aurait tendance à penser que Bayonne est largement favori mais non. Biarritz a quand même quelques bons éléments dans ses rangs. C’est une équipe de caractère. On l’a vu à Béziers. Ils ont quand même réussi à s’imposer là-bas alors que les Héraultais figuraient dans le top six depuis le début de la saison. Les Biarrots peuvent s’appuyer sur ce match référence. Côté Bayonnais, je connais un peu Yannick Bru et son staff. Je sais qu’ils sauront aborder ce derby comme un match très particulier où toutes les cartes sont redistribuées. De toute manière, il n’y a pas forcément de favoris dans un Bayonne-Biarritz.

“Il y a le reste du championnat à assurer mais à quinze jours du match, on a tendance à ne penser qu’à ça”

Pépito Elhorga

cultureSPORT : Ça reste forcément un match à part…

Pépito Elhorga : Un match à part qu’il faut préparer pleinement. C’est l’équipe qui donnera le plus, qui mouillera le plus le maillot qui va l’emporter. Peu importe qu’on soit deuxième, sixième ou dernier. Il y a eu quelques surprises dans le derby. À une époque, l’Aviron, pourtant assez loin au classement, était allé s’imposer à Aguiléra.

cultureSPORT : Comment abordiez-vous ces derbys ?

Pépito Elhorga : Déjà chez les jeunes, à Biarritz, c’était prenant. Lorsque j’étais pro à l’Aviron, on avait tendance à cocher les deux dates dès que le calendrier sortait. Certes il y a le reste du championnat à assurer mais c’est vrai qu’à quinze jours du match, on a tendance à ne penser qu’à ça.

cultureSPORT : Le fait que les médias et que les supporters ne parlent que de cet événement n’aide pas vraiment…

Pépito Elhorga : Les supporters commencent à envoyer quelques petits messages en disant : “bon, il ne faut pas le perdre celui-là.” Mais on est quand même assez sensibilisés. Je me rappelle que la semaine qui précédait le match, nous étions vraiment en vase clos. Personnellement, je ne sortais plus de la semaine. Je restais à la maison, je me focalisais sur le match. Il y a tellement de pression que s’éparpiller peut être préjudiciable pour l’équipe.

Propos recueillis par Nicolas Gréno (@nicolasgreno), au magasin Otago à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), le mardi 26 mars 2019.

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