Champion du monde U20 avec les Bleuets en 2018, Ugo Boniface a complété son palmarès avec un titre de Pro D2 acquis avec l’Aviron, en mai dernier. En plus de cette finale victorieuse, le jeune pilier bayonnais, qui espère décrocher au plus vite le maintien en Top 14, aborde le cas de la formation tricolore à quatre ans du Mondial sur le sol français.
A lire aussi
– Manuel Ordas : « Même dans les films, on ne peut pas rêver d’une meilleure fin »
– Peyo Muscarditz : « J’espère que cette année ne sera que la confirmation du titre »
cultureSPORT : Vous avez décroché le titre de champion de France et la remontée directe en Top 14 à l’ultime seconde d’une saison de Pro D2 qui a été très longue…
Ugo Boniface : Il y a vraiment eu du suspense jusqu’au bout. C’est ce qu’on aime. C’était un vrai match de haut niveau. Après les phases finales que nous avons pu faire, on ne pouvait s’attendre qu’à une fin comme celle-là.

cultureSPORT : Durant cette finale, tu as été en première ligne, dans le sens propre comme dans le sens figuré. Le combat a été rude devant…
Ugo Boniface : C’était très dur, surtout en mêlée. Heureusement, nous avons su bien gérer dans ce secteur en gagnant de nombreuses pénalités. Je pense que c’est ce qui nous a permis de bien finir le match et de le gagner.
cultureSPORT : Vous avez décroché le premier trophée national de l’Aviron depuis 1943. La génération 2019 réalise qu’elle est entrée dans l’Histoire du club ?
Ugo Boniface : Oui c’est une bonne chose surtout pour nous, les jeunes. Nous avons beaucoup joué en Pro D2 alors que nous n’avons jamais su gagner un titre que ce soit en espoirs ou en crabos. De pouvoir entrer dans l’Histoire avec les pros, cela fait plaisir. Je pense que l’Aviron avait un peu besoin de ça.
Quand tu es jeune et que tu as ta chance en pro, tu as envie de donner le maximum pour y rester.
Ugo Boniface
cultureSPORT : Que peux-tu nous dire de la formation bayonnaise ? Ce sacre en deuxième division concrétise tout ce travail mené depuis quelques saisons…
Ugo Boniface : Depuis son arrivée, Yannick (NDLR : Bru, le manager général) fait beaucoup jouer les jeunes. Il sait que c’est l’avenir du club. Quand tu es jeune et que tu as ta chance en pro, tu as envie de donner le maximum pour y rester. Cela nous a permis de faire de très gros matchs. Nous les jeunes, nous nous sommes connus en espoirs. Du coup nous étions tous contents de pouvoir évoluer et gagner ce titre ensemble, entre copains.
cultureSPORT : En passant par les barrages, vous avez dû jouer un match de plus. Comment avez-vous géré ce paramètre ?
Ugo Boniface : Je trouvais ça bien d’avoir un match supplémentaire, comme ça, tu ne t’arrêtes pas. Plutôt que d’avoir une semaine de repos avant de rejouer, tu enchaînes. Je pense que c’est ce qui a fait défaut à Oyonnax. Ils ont dû se dire : « ils ont joué les barrages, ils sont sans doute plus faibles que nous. » Mais pas du tout. Je préférais jouer un barrage et une demie à l’extérieur plutôt que de stopper une semaine et recevoir derrière. Pour moi, tu n’es plus dans le jus des phases finales.
cultureSPORT : Le début de saison en Top 14 se passe plutôt très bien (l’Aviron est troisième). En tant que promus, vous ne vous attendiez sans doute pas à une entame aussi faste ?
Ugo Boniface : C’est vrai, mais nous avons fait une grosse préparation pour entrer tout de suite dans le vif du sujet et ne pas perdre certains matchs d’un point. Ce que nous voulions, c’était gagner. Ce que nous souhaitons également, c’est décrocher le maintien d’ici février-mars afin de finir tranquillement la saison, ne pas devoir attendre le dernier match pour savoir si nous sommes maintenus ou pas.
cultureSPORT : As-tu le sentiment que vous êtes restés sur la dynamique du titre ?
Ugo Boniface : Beaucoup de joueurs ont été sollicités en Pro D2. Il fallait donc renforcer l’équipe pour le Top 14. C’est un championnat très, très costaud. Je pense que ça a fait du bien. L’arrivée de joueurs comme Jean (NDLR : Monribot), qui connaît bien la division, ou de joueurs qui évoluaient dans des championnats étrangers, où c’est très dur, est quelque chose de positif.
Il faudrait s’inspirer des Anglais. Ils se sont remis en question, ont aligné des jeunes, monté un groupe qu’ils ont su garder et sont arrivés en finale de Coupe du Monde.
Ugo Boniface
cultureSPORT : Tu as été sacré champion du monde U20 avec les Bleuets l’an passé. Là aussi, le rugby français récolte les fruits de son travail de formation. Qu’en penses-tu ?
Ugo Boniface : Cela s’améliore avec la règle des JIFF (NDLR : joueurs issus des filières de formation). Le fait d’avoir gagné cette Coupe du Monde, cela a donné de la confiance aux clubs pour faire jouer les jeunes. Des deux équipes de France championnes du monde (NDLR : 2018 puis 2019), pratiquement 80% des joueurs ont déjà fait un match en pro. Cela nous permet de préparer l’avenir et préparer l’avenir du XV de France. À mon avis, il faudrait s’inspirer des Anglais qui, après leur Coupe du Monde ratée chez eux, se sont remis en question et ont commencé à aligner des jeunes. Ils ont monté un groupe qu’ils ont su garder jusqu’à la Coupe du Monde au Japon et sont arrivés en finale. Il faudrait partir sur une dynamique comme celle-là.

cultureSPORT : Champion de France avec le Stade Toulousain et quart de finaliste du Mondial, Romain Ntamack a été élu révélation de l’année par World Rugby. Toi qui l’as côtoyé de près durant cette aventure en 2018, est-ce qu’il t’impressionne ?
Ugo Boniface : Romain est un gros bosseur, il fera tout pour arriver au plus haut niveau. Il y est déjà mais il fera tout pour réussir au mieux son parcours. Pour moi, c’est l’un des meilleurs jeunes internationaux.
cultureSPORT : Un mot sur la Coupe du Monde des joueurs français ?
Ugo Boniface : Je pense que tout le monde s’attendait à pire. Les Bleus ont perdu un match contre les Gallois sur des choses bêtes. Toutefois, je suis déjà content qu’ils soient arrivés à ce niveau. Beaucoup de nouveaux joueurs ont été intégrés dans l’équipe. J’ai hâte de voir le prochain tournoi des Six Nations et la future Coupe du Monde en France.

cultureSPORT : Justement, en 2023, une nouvelle génération devrait progressivement arriver. Espères-tu en faire partie ? Est-ce dans un coin de ta tête ?
Ugo Boniface : C’est dans la tête d’un peu tout le monde, je pense. Mais pour l’instant je me concentre plus sur Bayonne afin d’essayer de jouer le maximum en Top 14. Pour ce qui est de l’équipe de France, on verra. Après, il y a forcément un facteur de chance en plus du travail. Il faut que je continue de beaucoup bosser physiquement et puis on verra ce qui se passera plus tard.
Propos recueillis par Nicolas Gréno (@nicolasgreno), le mardi 5 novembre 2019.
Ugo Boniface est très combatif sur le terrain. C’est un joueur que j’admire beaucoup en Top 14. Il est sans conteste un élément indispensable dans l’effectif de Yannick Bru.
À+
Ping : Manuel Ordas : « Même dans les films, on ne peut pas rêver d’une meilleure fin »
Ping : Peyo Muscarditz : « J’espère que cette année ne sera que la confirmation du titre »