Pandémie de Covid-19 oblige, l’épreuve helvétique, qui débute ce mercredi 22 avril, et ce jusqu’au 26, se déroulera depuis le domicile des coureurs, connectés sur leurs vélos d’entraînement.
Avant l’officialisation des nouvelles dates du prochain Tour de France (29 août-20 septembre), le peloton n’a pas vraiment pu se projeter sur la suite des événements. Confinés, les cyclistes pros ont dû s’adapter. Si les Allemands, Belges, Hollandais, Suisses et Anglais peuvent sortir s’entraîner de temps en temps en extérieur, les coureurs français sont contraints de rouler sur home-trainer. Certains vont même jusqu’à partager leurs séances sur les réseaux sociaux, via l’application Zwift.
Mais depuis, nombreux sont les organisateurs à s’être positionnés sur le créneau du sport virtuel, véritable alternative. Faute de n’avoir pu organiser le Tour des Flandres en “IRL”, le 5 avril, le Ronde restera à jamais comme étant la toute première course cycliste professionnelle virtuelle de l’Histoire. Plus de 600 000 téléspectateurs ont assisté, en direct sur Sporza, à la victoire de Greg Van Avermaet (CCC), qui a devancé Oliver Naesen (AG2R La Mondiale), Nicolas Roche (Sunweb) et neuf autres coureurs. Victime d’un problème mécanique, Michaël Matthews a dû abandonner dans le Vieux Quaremont… #réalisme
De son côté, RCS, qui s’est alliée avec son partenaire Garmin, a ouvert Milan-San Remo au plus grand nombre. C’est ainsi que le lauréat 2018 Vincenzo Nibali (Trek-Segafredo) a mené un peloton de près de 4000 passionnés, le 22 mars. Alberto Bettiol (Education First), Maurizio Fondriest et Ivan Basso ont également pris part à cette exhibition (les 57 derniers kilomètres de la Primavera).
Depuis samedi dernier, Primoz Roglic, Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma), Jakob Fuglsang (Astana), Elia Viviani (Cofidis) ou encore Matteo Trentin (CCC) participent à un Giro ultra-court, composé de sept étapes, étalées jusqu’au 10 mai. Les recettes recueillies seront ensuite reversées à la Croix-Rouge transalpine, qui lutte sans relâche contre le Covid-19.
Une pléiade de stars
Normalement prévu du 6 au 14 juin, le Tour de Suisse a donc été contraint de modifier ses dates. Sa dénomination a elle aussi été transformée : The Digital Swiss 5. Cinq, comme le nombre d’étapes (une heure environ). Même si elle ne reste que virtuelle, cette épreuve de e-cyclisme s’annonce très disputée. La startlist – regroupant seize World Team, deux Pro Team et une solide équipe nationale de Suisse – est alléchante : Julian Alaphilippe, Remco Evenepoel (Deceuninck-Quick Step), Romain Bardet (AG2R La Mondiale), Greg Van Avermaet, Rohan Dennis (Ineos), Mads Pedersen, Vincenzo Nibali (Trek-Segafredo), Primoz Roglic (encore lui), Adam Yates (Mitchelton-Scott). Les directeurs sportifs auront la possibilité de changer la composition de leur roster (trois coureurs) chaque jour. Forcément, ce point de règlement implique la suppression d’un classement général final.
“Avec ce nouveau format, les coureurs vont pouvoir s’affronter sur des sections des vraies étapes du Tour de Suisse, a expliqué l’organisation, via un communiqué. Le tout en respectant les restrictions dues au Coronavirus“. Forcément, en enfourchant leurs bicyclettes connectées, les participants, reclus chez eux, respecteront, de fait, les différents gestes barrières.
“Un avant et après Coronavirus”
Pour que l’immersion soit totale, la plateforme Rouvy utilisera de vraies séquences vidéo du parcours. Les paysages seront reproduits, à l’identique (ou presque), à l’instar d’un jeu vidéo. Les cyclistes, eux, seront représentés par des avatars 3D avec le maillot de leur équipe. Une caméra par formation permettra de voir l’effort des concurrents pendant l’épreuve. Des données et des statistiques (vitesse, puissance et cadence) s’afficheront à l’écran en temps réel. “Les cyclistes voient la route et leur position en temps réel sur le moniteur projeté devant eux. Le vélo d’entraînement appliquera des résistances sur les pédales en fonction de la topographie“, précise les organisateurs, qui portent ce projet en collaboration avec Velon.
Forcément novateur, ce Tour de Suisse new generation va permettre au peloton de “franchir une nouvelle étape, a expliqué le directeur sportif Benoît Génauzeau, sur le site de Total Direct Energie, qui alignera aujourd’hui le trio Lilian Calmejane, Paul Ourselin, Simon Sellier. L’organisation de cet événement fait partie de l’évolution de notre sport. Comme notre team est tourné vers les nouvelles technologies, nous n’avons pas hésité une seule seconde à accepter l’invitation. C’est une chance pour nos coureurs. Cela va leur donner un objectif à court terme pour les prochaines semaines. Par rapport à l’utilisation de ces types de plateformes connectées, on peut bien imaginer qu’il y aura un avant et un après Coronavirus.”
Le programme
Mercredi 22 avril : Moudon-Leukerbad, 27 km.
Jeudi 23 avril : Frauenfeld-Frauenfeld, 50 km.
Vendredi 24 avril : Fiesch – Disentis-Sedrun (partie 1), 33 km.
Samedi 25 avril : Oberlangenegg-Langnau, 37 km.
Dimanche 26 avril : Fiesch – Disentis-Sedrun (partie 2), 36 km.
Les étapes seront retransmises tous les jours en direct sur la chaîne L’Équipe dès 17h10. Aux commentaires : Claire Bricogne et Christophe Riblon. L’événement sera également diffusé en live sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Instagram).
À partir de 19h, les cyclotouristes auront l’occasion de se mesurer aux professionnels et de comparer leurs temps. Tous les participants auront la chance de gagner de magnifiques prix. “Le Digital Swiss 5 doit être un spectacle pour nos téléspectateurs à tous égards.”
Nicolas Gréno (@nicolasgreno). Crédit photo de la une : montage The Digital Swiss 5.
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