Dans cette période trouble, l’Aviron Bayonnais maintient le cap. Malgré la Covid, le club ciel et blanc a agrandi ses locaux et accueilli deux athlètes : l’escrimeur Victor Alvares de Oliveira – à la conquête d’une qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo – et la pentathlète Margaux Le Strat. On fait le point avec Laurent Irazusta.
cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Président, l’an passé vous parliez de « nouvelle ère ». Cela semble bouger et prendre forme avec l’agrandissement du siège de l’Omnisports. Qu’allons-nous retrouver à l’étage, dans les anciens bureaux du rugby pro, après les travaux ?
Laurent Irazusta : Le transfert du rugby à Jean-Dauger a été une opportunité pour nous. L’occupation des locaux ne permettait pas de répondre pleinement aux attentes des sections et surtout à enclencher notre démarche d’ouverture. Mais grâce à la compréhension du nouvel adjoint aux sports (NDLR : Cyrille Laiguillon), des équipes techniques et de l’aval de Jean-René Etchegaray, les locaux nous ont été attribués. Rénovés et remis en état, ils vont être utilisés par le sport santé, l’Union des anciens, le Général Bernard Béhotéguy (à qui j’ai confié la constitution des archives du club) ainsi que la section échecs, qui va disposer d’à peu près 40m2 (bureaux et lieu de pratique).
cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : D’autres disciplines pourraient-elles intégrer la « maison bleue » à plus ou moins court terme ?
Laurent Irazusta : Il subsiste un phénomène de ricochets dans le sens où le Palais des sports de Lauga s’est tourné vers une activité culturelle. Pourtant de nombreuses disciplines y sont pratiquées (judo, escrime, aïkido). Cependant, l’étroitesse des locaux de la boxe et de la savate nous a obligés à rapatrier nos deux sections au sein de la salle des trophées, qu’elles occupent désormais à plein temps.
cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Suite à l’épidémie de Covid, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo ont été reportés d’un an. Cinq avironnards sont toujours susceptibles d’y participer. En tant que double vice-champion du monde d’aviron, comment auriez-vous fait pour rester motivé après un tel report ?
Laurent Irazusta : Ce qui compte, c’est l’objectif. Pour l’atteindre, il faut mettre en œuvre des stratégies dans un environnement constructif et accompagnateur. C’est ce que nous avons fait avec les athlètes concernés. Nous leur avons mis à disposition des moyens d’entraînement à domicile, essentiellement des éléments de musculation et des ergomètres. Nos rameurs et rameuses ont également reçu un plan fédéral de maintien en forme avec des préconisations et des conseils médicaux à suivre en lien avec la Covid, notamment sur les fréquences cardiaques.
cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Une nouvelle section voit le jour en 2021 : le Pentathlon moderne. Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce projet ?
Laurent Irazusta : Pour que la section escrime puisse fonctionner, il nous fallait trouver un maître d’armes et le payer. Avec Marie-Hélène Aubréjat et Éric Meyzenc (NDLR : décédé en juin 2020), nous avons accompagné les dirigeants à concevoir un budget et à trouver des actions afin de pérenniser la section. L’idée était de créer une section pentathlon moderne afin de donner des perspectives de fidélisation au maître d’armes (NDLR : Sylvain Privé). Margaux, qui allait s’entraîner à Pau, est maintenant inscrite au sein des sections natation, athlétisme et escrime. Par contre, elle n’est pas inscrite à l’Aviron équitation (rires).
« Nous avons des athlètes confirmés qu’il faut suivre jusqu’à Tokyo et de réels espoirs qu’il faut accompagner jusqu’à Paris. »
Laurent Irazusta, président de l’Aviron Bayonnais
cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Justement, un an après la naissance de la section échecs, où en est le club dans sa démarche d’ajout de nouvelles disciplines ? On parle notamment du lancement d’une section escalade…
Laurent Irazusta : Effectivement, nous essayons de nous ouvrir à des sports fédérateurs tels que l’escalade ou le pentathlon moderne, dont l’activité en fédère d’autres. En plus de l’escrime, de la natation, de l’athlétisme et de l’équitation, elle en amène une cinquième : le laser run. C’est une activité moderne à la fois physique, technique et ludique. Cela correspond bien à notre projection : offrir quelque chose de nouveau afin d’intéresser d’autres publics.

cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : En prévision des Jeux organisés chez nous, en France, avez-vous pour objectif de placer des Bayonnais, licenciés ou formés à l’Aviron, issus d’un maximum de sections différentes ?
Laurent Irazusta : Notre but est d’accueillir tout le monde et de donner à chacun son objectif final. Certains veulent découvrir des activités, d’autres préfèrent améliorer leur condition physique et se changer les esprits. Puis, il y a ceux qui visent le haut niveau. C’est là tout le sens de notre implication et de notre engagement. Formé ici, à l’Aviron, le judoka Paul Pividori a eu les capacités de ses ambitions. Il a changé d’étage en allant au CREPS de Bordeaux. C’est l’idéal pour progresser. Il y a côtoyé, sur un même site, des sparring-partners et des gens du même niveau que lui.
Chez les rameurs, des noms éclosent comme celui de Marie Pachebat, qui s’affirme d’année en année. Aujourd’hui espoir, elle a été intégrée au collectif A. On a également d’agréables surprises avec Victor (Alvares de Oliveira) qui a rejoint notre structure avec son maître d’armes et qui aspire à participer aux Jeux de Tokyo et de Paris avec le continent africain à l’instar de Margaux qui est déjà dans les tablettes nationales du pentathlon moderne. Nous avons donc des athlètes confirmés qu’il faut suivre jusqu’à Tokyo et de réels espoirs qu’il faut accompagner jusqu’à Paris.
cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Après deux confinements nationaux, comment un club comme l’Aviron Bayonnais, avec ses vingt-trois sections (1), peut-il s’en sortir au point de vue économique ? Qu’avez-vous mis en place afin de gérer au mieux cette phase critique ?
Laurent Irazusta : Nous avons immédiatement déclenché le chômage partiel. Cela nous a permis de limiter les pertes. J’aurais toutefois préféré que l’on soit dans la situation financière des années précédentes, c’est-à-dire juste à l’équilibre voire à zéro. La Covid a été source de déception et de frustration mais l’ensemble du club a respecté les règles dictées par l’État, le Préfet et la Mairie. Les dirigeants ont été responsables et très sérieux.
cultureSPORT x Aviron Bayonnais Magazine : Quelles ont été, concrètement, les incidences sur les partenariats et qu’en est-il, à ce jour, de l’organisation d’événements ?
Laurent Irazusta : Pour commencer, de par l’annulation des différentes manifestations sportives – la section aviron n’a pu organiser sa mythique randonnée des Trois-Rivières, les compétitions de pelote ont été interrompues, le traditionnel tournoi de Pâques de tennis a été annulé, la course du Bout de l’An a vu son édition 2020 effacée des calendriers -, nos partenaires ont manqué de visibilité. Mais la grande majorité d’entre eux nous sont restés fidèles et je les en remercie. De notre côté, nous en avons profité pour avancer sur l’organisation de l’Esprit Bleu. À cette occasion, la grande famille des sports bayonnais et leurs partenaires seront réunis pendant toute une journée autour d’événements sportifs, festifs et culturels. On espère en 2021 !
- (1) L’Aviron Bayonnais rugby pro et amateur ainsi que l’Aviron Bayonnais Football Club détiennent deux entités à part entière.
Propos recueillis par Nicolas Gréno (@nicolasgreno), le mercredi 2 décembre 2020.
0 comments on “Laurent Irazusta : « La Covid, source de déception et de frustration »”