Tony Estanguet est parti à la retraite il y a maintenant deux semaines. Cette légende du sport Français n’a pas laissé insensible Matthieu Péché, qui s’est entraîné à moult reprises avec le porte drapeau de la délégation tricolore à Pékin, en 2008. D’idole (Sydney 2000), Estanguet est devenu, en l’espace de douze ans, un grand frère (Londres 2012). Pour ce deuxième carnet, nous avons donc demandé à Matthieu, actu oblige, s’il voulait rendre un petit hommage au triple champion Olympique. Voici son petit billet.
Nous sommes en quelque sorte la génération Estanguet. La première fois où j’ai vu cet athlète, ça devait être pendant les Jeux de Sydney. J’étais collégien et je me levais aux aurores pour aller supporter tous les athlètes Français devant un écran, avec tous les jeunes de mon club. Une ligne téléphonique directe avait été mise en place avec Laurent Burtz (athlète du GESN, mon club, qui participait aux Jeux en K1).
Je ne me souviens pas très bien de l’entre deux Olympiade, mais 2004 a été pour moi une immersion totale dans les JO en tant que spectateur. Mes parents avaient décidé d’aller sur place pour suivre toutes les épreuves de canoë kayak. J’étais au bord du bassin avec tout le clan Français et la Tribu (groupe du supporters du canoë kayak). Je me souviens aussi de l’après journée de compétition avec la rencontre des athlètes et de leurs médailles. J’ai d’ailleurs posé avec Tony et sa breloque en or. Cette même année, nous remportions (avec Gauthier Klauss, ndlr) le titre de champions d’Europe Juniors, le premier de nos quatre titres chez les jeunes.
En 2008, nous avons participé aux sélections pour les Jeux de Pékin. Mais encore jeunes et inexpérimentés dans ce type de compétition Franco-Française, nous passions à côté en nous promettant que 2012 sera autre chose. Entre temps arrive le moment où nous descendons sur Pau afin de s’entraîner sur un bassin de type international, mais surtout aux côtés des meilleurs.
Nous croisons de temps en temps Tony sur les séances communes, toujours un mot sympa au passage. Nous rentrons dans le monde de Tony lors de notre première sélection en seniors et les championnats du Monde 2010, en Slovénie. Nous découvrons alors un “tôlier” de l’équipe de France. Quand il parle, tout le monde écoute, mais toujours dans la décontraction. Il a toujours un mot sympa pour tout le monde. Il n’oublie pas non plus de “bizuter” les nouveaux venus par un discours devant toute l’équipe sur une chaise et ce pendant une minute, chrono en main. S’en suit son titre de champion du Monde (à Tacen, ndlr) et le retour à Pau, pas le dernier à boire des coups.
En 2011, il perd son titre au profit de Denis Gargaud (de notre génération 87). Nous le sentons douter. Cela sera confirmé par le début des sélections Olympiques. C’est finalement un mec qui a vécu à fond son aventure, n’hésitant pas à laisser famille sur Pau pendant des semaines, lors de camps d’entraînements à l’étranger.
Une petite anecdote sur les sélections 2012. Nous nous sommes sélectionnés dès les deux premières courses. Nous étions donc libres de regarder en tant que sélectionnés Olympiques le reste des courses. A ce moment là, Tony est venu nous baiser les pieds pour nous féliciter, ou en signe de respect. Je suis resté sans voix !
Pendant les Jeux de Londres, il a joué un rôle de grand frère, de guide. Il nous a présenté de nombreux sportifs Français que nous avions l’habitude de voir à la télé. Nous étions, et le sommes toujours, en quelque sorte dans l’ombre du sport Français.
Ce sont les deux facettes du phénomène Estanguet. Il a contribué à la médiatisation de notre sport mais maintenant qu’il n’est plus là, que vont faire les médias avec le canoë kayak ?
Voilà un peu près ce que j’avais à dire sur Tony (alias Papy) (sourire).
A noter aussi
Matthieu et Gauthier se sont mobilisés pour le Téléthon (vous pouvez encore faire le 36 37 pendant quelques jours), chez eux, à Epinal où ils ont signé quelques autographes à leurs supporters. Ils étaient les parrains dans les Vosges.
Le 14 novembre dernier, ils ont également donné le coup d’envoi du match de hockey sur glace opposant Epinal à Angers. C’est d’ailleurs la formation Angevine qui s’est imposée 7 à 4. C’était pour la petite anecdote.
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Crédit photos : archives de Matthieu Péché, Bernard.P.hotoGraphie .
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