Samedi dernier, Dylan, notre rédacteur, s’est rendu au Grand Prix de Plumelec pour assister aux épreuves dames et messieurs. Pour sa première en tant que journaliste (en herbe) accrédité, il vous dépeint sa journée ponctuée par quelques interviews, rencontres ici et là mais aussi par la prise de plusieurs clichés.
En ce samedi ensoleillé et plutôt frais pour une fin mai, je me dirige vers Plumelec et sa terrible côte de Cadoudal, théâtre du traditionnel Grand Prix, neuvième manche de la Coupe de France masculine de cyclisme.
A Plumelec, c’est la grande fête du vélo. Il faut dire que pendant trois jours (vendredi, samedi et dimanche) le vélo est à l’honneur. Le premier jour du triptyque, une épreuve semi-nocturne amateur, de 6,8 kilomètres, est organisée. C’est le Prologue Bernard Hinault. Le parcours est le même que le prologue disputé lors du Tour de France 1985 remporté par le Blaireau. Les participants y viennent pour tenter de battre le record du quintuple vainqueur de la Grande Boucle. Le samedi, petite révolution. Les dames ouvraient cette année la journée avec le Grand Prix de Plumelec (100 km), comptant pour la Coupe de France. Les spectateurs sont venus nombreux pour assister à la course féminine. La chaleur commence à se faire sentir, malgré un froid glacial qui fait son apparition dés que les nuages s’assombrissent dans le ciel. Au terme d’une course haletante, c’est Emmanuelle Merlot (Vienne-Futuroscope) qui s’impose, en solitaire. Échappée depuis le départ, elle devance son équipière Karol-Ann Canuel et Mélodie Lesueur (BigMat-Auber 93), qui complète le podium. A peine la course terminée, les hommes se préparent.
Ils sont arrivés peu avant le terme de l’épreuve dames. C’est la cohue dans la zone des bus. J’accours quémander quelques interviews. Le premier entretien, je le réalise rapidement avec Marc Madiot, manager de la FDJ. Avec son franc-parler habituel, il m’indique que la seule façon de gagner est de prendre les échappées. Il m’a également déclaré qu’il y n’avait aucun leader au sein de l’équipe. Tout le monde a sa chance ! Sur le papier, l’équipe a fière allure. Les expérimentés Sandy Casar et Pierrick Fédrigo sont présents, tout comme les jeunes pousses : Arthur Vichot, Arnaud Courteille ou encore Kenny Elissonde. Marc Madiot se dirige vers Cyrille Guimard, l’expérimenté manager de Roubaix-Lille Métropole. Poignée de main entre les deux hommes, histoire de prendre quelques nouvelles. Chacun rejoint son bus pour donner les dernières consignes.
A l’arrivée du bus Sojasun, la foule se bouscule pour accueillir le vainqueur sortant et favori de cette édition : Julien Simon. Il signe quelques autographes et répond aux questions des journalistes d’Eurosport, qui ont évidemment fait le déplacement puisque cette épreuve de Coupe de France, tout comme les autres, est diffusée sur la chaîne du câble. Avant la présentation officielle sur le podium, Simon m’accorde un entretien pendant quelques secondes. Le double vainqueur d’étapes sur le Tour de Catalogne 2012 se trouve dans une bonne forme, entouré par une solide équipe. Romain Feillu, est dans un état d’esprit différent. Le sprinteur Français de la Vacansoleil-DCM pense que le circuit est trop dur. 182 kilomètres et treize passages au sommet de la Côte de Cadoudal, c’est un peu trop difficile pour lui. D’autant plus que son équipe va profiter du travail des autres, ils ne sont que sept au départ.
La cohue règne au pied du podium lors de la présentation des équipes entre journalistes, photographes accrédités et un public nombreux, censé, pourtant, ne pas être présent sur la ligne d’arrivée. Après la présentation des 123 coureurs, par l’indispensable normand Daniel Mangeas, speaker du Tour de France depuis un peu moins de quarante ans, les concurrents s’élancent. Le soleil est de retour, il fait enfin chaud.
Très vite les hostilités commencent. Ce sont trois hommes, finalement, qui sortent du peloton. On retrouve un duo français, Théo Vimpère (BigMat-Auber 93) avec César Bihel (Differdange-Losch), et un belge Jean Albert Carneveli (Verandas Willems). Je me rends ainsi sur la côte pour profiter du spectacle. Des milliers de spectateurs sont amassés sur le circuit. Beaucoup suivent toutes les manches de la Coupe de France grâce à leurs camping-cars. J’en vois un en face de moi qui est à l’effigie de la Vendée et de son équipe Europcar.
L’échappée prend très vite du champ à l’heure du déjeuner : près de cinq minutes d’avance. Une heure plus tard, elle en comptera onze. Faisant un aller-retour entre le sommet de la côte et la ligne d’arrivée, j’en profite pour me restaurer dans le village Breizh Bike, où sont réunis les nombreux exposants et où affluent les spectateurs. J’en profite également pour me rendre dans les tribunes, places réservées aux VIP mais les journalistes accrédités y ont droit. Ce sont des petits privilèges !
A trente kilomètres de l’arrivée, la formation Sojasun de Julien Simon durcit le rythme du peloton. Ce dernier éclate en plusieurs groupes. On ne peut qu’encourager les courageux guerriers qui se battent pour accrocher les derniers groupes. L’écart a bien fondu. Les hommes de tête ne possèdent plus que deux minutes d’avance à 25 km. Sur la ligne d’arrivée, on peut remarquer quelques favoris piégés. Pierrick Fédrigo est légèrement décroché dans un deuxième groupe.
La course s’emballe. Le champion de Moldavie, Pliuschin (IAM) part en contre. Une contre attaque courageuse mais inutile puisque pendant plusieurs kilomètres il conservera un écart de vingt secondes face à un peloton de plus en plus étiré. Les trois courageux sont rattrapés à un tour de l’arrivée. C’est le final, tout va se jouer. Quelques coureurs tentent d’accélérer le rythme, mais une vingtaine d’autres franchissent le dernier virage en tête. Et c’est dans un sprint houleux que Samuel Dumoulin (Ag2r La Mondiale) s’impose. Il devance sur le podium, 100% Français, Anthony Geslin (FDJ) et Julien Simon (Sojasun), qui cède son titre.
Cette victoire est très importante pour le moral de la formation Chambérienne qui vit une période très difficile. Membre du Mouvement pour un cyclisme crédible, qui impose des règles anti-dopage très strictes, l’équipe s’est auto-suspendue pour le Critérium du Dauphiné, SA course, de surcroît à domicile. Sylvain Georges, le jeune Français d’Ag2r, a été contrôlé positif lors du Tour d’Italie. Conformément aux règles du MPCC, l’équipe doit se suspendre toute seule. Cette victoire est accueillie comme un soulagement pour le directeur sportif Stéphane Goubert. En effet, il fallait rassurer les sponsors.
Je me suis faufilé derrière le podium pour recueillir les impressions du vainqueur Samuel Dumoulin en compagnie des autres journalistes. Il expliquait que l’équipe assumait ses responsabilités en s’auto-suspendant. Il a eu l’impression de lancer son sprint trop tôt et qu’il allait se faire battre. Il ajoute également que cette victoire est très belle puisque Plumelec est sa course préférée de la Coupe de France. «Elle est difficile et il y a beaucoup de public».
Anthony Geslin, deuxième, est content d’être sur le podium mais déçu de ne pas avoir gagné. «Les jambes tournaient bien, j’ai plus de réussite que l’an passé. La victoire était proche, dommage…». Julien Simon, troisième, est également amer : «si j’avais pris la roue de Samuel, j’aurais pu finir deuxième, voire premier. J’ai été un peu gêné dans le sprint. Dommage !».
A l’issue de cette neuvième manche de la Coupe de France, Geslin, deuxième de l’épreuve prend la tête du classement devant Dumoulin, le vainqueur du jour. Justin Jules, précédent leader, rétrograde en troisième position. Au classement par équipes, la FDJ domine largement.
C’est sur le coup de 18 heures que je quitte Plumelec, en compagnie des milliers de spectateurs. J’en garde un souvenir superbe, une première grande expérience tout en pensant au mois de juillet et au formidable centième Tour de France qui s’annonce et que je regarderais en téléspectateur assidu et passionné.
Article et crédit photos : Dylan Pastor
0 comments on “Une journée sur le Grand Prix de Plumelec”