L’acte IV du Tournoi des VI nations s’est clos dimanche. Un O’Driscoll éternel, une Angleterre au sommet de son art, une Squadra méritante mais bonne dernière et le néant français à Murrayfield… Les tops et les flops, c’est ici. C’est maintenant.
Les tops
Au nom de la Rose
Moins d’une journée après le triste spectacle proposé à Murrayfield par la France, un autre candidat au titre a, quant à lui, offert un rugby flamboyant, bien aidé, il faut le dire, par un XV du poireau joueur (29-18). A domicile, les Anglais ont encore une fois maitrisé leur sujet, avec une panoplie de jeu étonnante. En attaque, l’Angleterre dispose d’un maître d’orchestre rempli de vista répondant au nom de Care. L’ouvreur anglais est d’ailleurs l’auteur du premier essai, dès la 5e, après deux pénalités à la main jouées vite (7-0, 5e). Elle compte également dans ses rangs des joueurs flamboyants comme Nowell et Burell, encore intenables à Twickenham. Le dernier nommé ira de son essai, profitant du coup de pied de Twelvetrees pour surgir et plonger dans l’en-but adverse (20-9, 34e). Les gallois sont parvenus à s’accrocher au score grâce à la botte d’Halfpenny, mais n’ont pas inscrit d’essai. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé… Quand North ou Roberts ne s’emmêlaient pas les pinceaux, la défense anglaise ne laissait rien passé. Et puis, il y a un buteur de classe mondiale en la personne d’Owen Farrell. On en vient à se demander comment cette équipe là a perdu contre la France… Sur ce qu’ils ont proposé tout au long du Tournoi, on voit mal le XV de la Rose perdre à Rome. Les hommes de Lancaster sont désormais les grandissimes favoris, à moins que les irlandais, définitivement les seuls à rivaliser en terme de jeu, ne leur coupent l’herbe sous les pieds.
O’Driscoll est éternel
« One more year ! One more year ! » entonnait le public de l’Aviva Stadium au moment du tour d’honneur de « BOD ». Le centre irlandais, joueur le plus capé de l’histoire, venait de confirmer que ce Irlande-Italie était très certainement son dernier match à domicile. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, pour l’occasion, il a encore régalé son monde. Acclamé tout au long du match, Brian O’Driscoll a été encore un chef d’orchestre remarquable. Par deux fois, il aura combiné avec Jonathan Sexton pour mettre ce dernier sur orbite. La première fois permit de lancer parfaitement l’Irlande dans le match (7-0, 7e). La seconde mit fin à tout espoir italien après un magnifique mouvement collectif mené de main de maître par le centre de Leinster (27-7, 60e). Après cette action, ce dernier sortit sous une ovation digne de son talent, encore bien présent après 35 printemps. Et malgré ce que lui a préparé le public irlandais qui ne veut pas le voir raccrocher, on peut penser que son rêve est maintenant de partir sur une bonne note, à savoir ce Tournoi des six nations durant lequel son équipe aura produit un rugby alléchant. Ce fut le cas encore dimanche, avec pas moins de sept essais inscrits (46-7). Ses coéquipiers doivent rêver de venir s’imposer en France pour lui. Cela ferait un beau cadeau d’adieu. L’homme le mérite.
Les flops
Le néant français
La victoire française sur le fil à Murrayfield (17-19) ne doit pas faire oublier le désastre que fut ce match. Rien n’a marché, à commencer par la touche qui devait être le lancement de jeu privilégié des Bleus samedi après-midi. Les Hamilton & co se sont bien amusés. Tout mettre sur le dos du pauvre Brice Mach, dont c’était la première titularisation, ne sert à rien. Du côté du jeu, de toute manière, ce n’était guère mieux. Bousculés par des écossais comme toujours entreprenants, les Tricolores se sont fait notamment transpercer par un beau mouvement amenant le deuxième essai du XV du chardon : remise intérieure sur un pas de Scott pour le jaillissant Seymour qui trouait alors littéralement la défense française pour l’essai (14-9, 22e). Après un premier essai (encore) gag où Huget et Dulin ne s’entendent pas sur une chandelle dans l’en but français (7-6, 13e), cela faisait beaucoup. On se disait alors que si la défense française, jusqu’ici principale (maigre) source de satisfaction de ce tournoi, commençait à battre de l’aile, la France n’était pas au bout de ses peines. Heureusement que Dulin et surtout Huget étaient bien présents. L’ailier français a redonné un espoir qu’on croyait définitivement enterré en interceptant un ballon de trois contre un pour aller traverser Murrayfield (14-16, 46e). Une éclaircie dans un maelstrom de fautes indigestes. Doussain permettra, finalement d’une pénalité à deux minutes de la fin, à la France de rester encore en lice pour le Tournoi. L’espoir fait vivre.
Mamma mia, la cuillère de bois se rapproche…
Pauvre Italie. Depuis le début de ce printemps, l’équipe de Philippe Brunel n’est pas déméritante. Pourtant, elle ne gagne pas, et c’est le plus préoccupant. Cette dynamique s’est encore vérifiée samedi contre l’Irlande. Tout est une histoire de langue. La Nazionale a d’abord tiré la langue de joie, par l’intermédiaire de Leonardo Sarto qui s’en allait aplatir dans l’en-but irlandais après une course de 40 mètres et quelques placages évités. Par cette action, l’ailier transalpin permettait à son équipe de rester au contact (7-7, 25e). Cette dernière a ensuite tiré la langue collectivement, notamment durant la seconde mi-temps. Alors que l’Italie était rentrée au vestiaire avec un retard encore soutenable (17-7), elle s’est mise à reculer, reculer jusqu’à craquer sous les assauts verts. L’essai d’Healy (22-7, 53e) marqua le début de la fin pour l’Italie. Malgré une performance plus qu’honorable, l’addition sera finalement salée : pas moins de sept essais encaissés (46-7). Ce match aura finalement été le symbole du Tournoi des transalpins. Ils n’auront jamais démérité, produisant le plus souvent du jeu sans pour autant gagner. A part un miracle à Rome face à l’Angleterre, on voit mal comment les hommes de Sergio Parisse pourraient éviter la cuillère de bois…
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Crédit photos : page Facebook officielle du Tournoi des Six Nations
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