Les progrès entrevus lors du Giro ont été confirmés. Treizième dans une Vuelta de haute volée, Romain Sicard a effectué en Espagne sa réapparition au plus haut niveau.
Lors des ses trois premières expériences dans les Grands Tours, Romain Sicard était à chaque fois barré par ses leaders au sein des formations Euskaltel-Euskadi et Europcar. Le champion du monde espoir 2009 devait, la plupart du temps, se mettre à la planche pour eux, travailler pour qu’ils puissent aller chercher un bon accessit au général. Après avoir aidé Pierre Rolland à décrocher une belle quatrième place sur le Giro, les directeurs sportifs du Team Europcar ont décidé que cette Vuelta serait sa première expérience, dans une épreuve majeure du calendrier, en tant que leader.
Derrière un top dix digne, habituellement, du Tour de France (Contador, Froome, Valverde, Rodriguez, Aru, S.Sanchez, D.Martin, Barguil, D.Caruso, Navarro) et un beau duo Espagnol qui s’est partagé les onzième et douzième positions (Moreno, Nieve), Romain Sicard n’a pas à rougir de sa treizième place sur cette édition 2014.
Il y a trois semaines, ce n’était pas gagné d’avance. Sa formation, Europcar, s’était classée bonne dernière du chrono par équipes, reléguant ainsi Romain à la cent soixante-deuxième position d’un général que le Basque remontera petit à petit. En deux journées, il a gagnera cent huit places ! Lors de la quatrième étape, Winner Anacona (Lampre-Merida) et Adam Yates (Orica-GreenEdge) sont sortis du peloton dans la dernière bosse placée à une vingtaine de bornes de l’arrivée. Romain, qui s’est accroché, est parvenu à suivre les deux hommes. Le trio sera même rejoint quelques mètres plus loin par le numéro un mondial en personne, Alejandro Valverde (Movistar). Dans la descente, Romain a pris tout le monde de court. D’abord à l’attaque, il crèvera puis chutera dans la foulée. La guigne. Bien parti pour grignoter quelques places au général, le Bayonnais en perdra finalement quelques unes. Mais pas question de se décourager pour autant. La montagne approchait à grands pas. Son terrain de prédilection se présentait face à lui. La Zubia, première grande arrivée en altitude, lui réussit bien. Derrière le quatuor doré composé de Valverde (vainqueur), Froome (second), Contador (troisième) et Rodriguez (quatrième), Romain termine en vingt-deuxième position à près d’une minute. Ce n’est pas si mal. L’opération remontée se poursuit.
Cette opération remontée prendra une toute autre tournure lors du contre-la-montre individuel entre Real Monasterio de Santa Maria de Veruela et Borja. Auteur d’un excellent temps, le leader du Team Europcar ne concédera, en trente-six kilomètres, qu’1’45” sur le champion du monde de la spécialité, Tony Martin (Omega Pharma-Quick Step) et treize secondes sur Chris Froome (Sky). Quatorzième de cette dixième étape, il a devancé des coureurs comme Malori (lauréat de l’ultime étape chronométrée), Aru (troisième du dernier Giro) ou bien encore Luis Leon Sanchez (ancien champion d’Espagne du CLM).
Vingt-cinquième provisoire, Romain ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. Après un départ donné de Pampelune, depuis son Pays Basque natal, l’arrivée était ensuite programmée au sommet du Santuario de San Miguel de Aralar. Vingt-deuxième de l’étape à 2’22” de Fabio Aru (Astana), le vainqueur du Tour de l’Avenir 2009 se retrouvait au même rang au général. Le top vingt était à portée de fusil. Les étapes de montagne se suivaient et se ressemblaient pour Romain. Initialement venu en Espagne pour décrocher un bouquet, l’Haspandar se glissera durant la quatorzième étape, au sein de l’échappée qui ira jusqu’au bout, à la Camperona. Finalement septième, à 1’44” du vainqueur Ryder Hesjedal, il continuait sa folle progression au général (dix-huitième).
Le lendemain, aux Lacs de Covadonga, Romain agrandissait sa belle collection de tops vingt. Lors du seizième jour de course, après sa troisième échappée sur ce Tour d’Espagne (celle où Brambilla et Rovny se sont crus sur un ring de boxe), sa résistance dans le final de La Farrapona lui permettra de gagner de nouvelles places au général, intégrant pour la toute première fois les quinze premiers. Avec l’abandon de Robert Gesink (pour raisons personnelles), le deuxième Français sautera d’un rang pour se retrouver treizième du général. Seizième au sommet du Monte Castrove et dix-neuvième au Col d’Ancares, il passera les deux ultimes étapes de montagne sans trop d’encombres.
Même s’il a perdu quelques secondes sur son plus grand rival (Wilco Kelderman) dans la quête de la treizième place lors du dernier chrono individuel, tracé dans les rues de Saint-Jacques-de-Compostelle, l’avance de Sicard était visiblement assez importante pour qu’il ne puisse être destitué de son bien. Treizième d’un Tour d’Espagne très relevé, cette performance démontre que le Basque est de retour au plus haut niveau. Celui présagé notamment lors du Critérium du Dauphiné 2010 (onzième).
Pendant cette Vuelta, Romain a également appris qu’il avait été retenu dans la pré-sélection de Bernard Bourreau – l’homme qui était au volant de la voiture de l’équipe de France lorsque le Basque bondissant est allé chercher le titre chez les espoirs, à Mendrisio, en 2009 – pour les Mondiaux de Ponferrada. Malheureusement, Sicard ne prolongera pas la fête en Espagne aux côtés des Bouhanni, Chavanel, Barguil, Péraud ou encore Bardet… Ce n’est que partie remise !
Ses résultats lors des 21 étapes
Top 10 : 7e (14e étape)
Tops 20 : 14e (10), 16e (18), 19e (15 & 20)
Tops 30 : 21e (16), 22e (6 & 11), 25e (12), 28e (13)
Tops 40 : 32e (17), 33e (7), 34e (2), 35e (3 & 9), 36e (19)
Le reste : 58e (5), 65e (8), 76e (4), 83e (21), 162e (1)
Crédit photos : page Facebook officiel du Team Europcar
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