RUGBY AMATEUR. En juillet dernier, nous publions une interview de Cyril Cassagne, vice-capitaine du Peyrehorade rugby, après leur mésaventure en phases finales de Fédérale 3. Cinq mois plus tard, Mathieu Rousset a dévoilé un documentaire retraçant cette aventure humaine qui s’est terminée sur un goût d’inachevé.
L’histoire avait fait grand bruit dans le rugby amateur la saison dernière. Surtout dans le sud ouest de l’hexagone. Peyrehorade, qui avait pourtant obtenu son billet pour la finale de Fédérale 3 sur le terrain, a été contraint de rejouer sa demi-finale suite à un recours déposé par le club d’Annecy. Une mêlée simulée avait tout fait basculer. De retour à Gruissan une semaine plus tard, les Landais, qui ont vécu sept jours difficiles et intenses nerveusement, se sont cette fois inclinés.
Cette mésaventure, Mathieu Rousset l’a suivie de près. Avec sa caméra. Il ne pensait à aucun moment que son documentaire allait tourner de la sorte. Il se voulait pourtant joyeux et souriant, à l’image de ce club et de l’état d’esprit de l’équipe première.
Patron de sa propre boîte de communication, Mayoko (une agence spécialisée dans le buzz-marketing, le comunity management, les relations publiques et la com digitale), Mathieu Rousset est bien connu de la région Aquitaine. La « vente aux enchères » des joueurs de Peyrehorade au profit des Restos du cœur, c’est lui. La création de l’événement « Drop’Adour » lors des fêtes de Dax, c’est encore lui.
Aujourd’hui en Fédérale 2, le club landais s’est relancé dans un nouveau marathon. A mi-parcours, les joueurs du Pays d’Orthe pointent au sixième rang de la poule 8. Ils se retrouvent à trois points de la quatrième place. Pas si mal pour un promu.
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cultureSPORT : Qu’est-ce qui t’as motivé à produire ce documentaire ?
Mathieu Rousset : J’ai assisté en tant que supporter au match de la montée en Fédérale 2 contre Pamiers et à la fête bien arrosée dans les vestiaires avec les joueurs, que j’ai pour la plupart côtoyé pendant mes cinq saisons passés au club en seniors. J’ai arrêté pour ma part il y a deux saisons car je n’avais plus le temps de consacrer du temps aux entraînements et matchs du fait du lancement de mon agence de communication Mayoko.
Ça m’a touché de voir leur bonheur et leur complicité sur le terrain et en dehors pendant le début de ces phases finales. Puis, j’ai senti que cela prenait encore plus d’importance lors de leur victoire à l’arraché obtenue à la dernière minute face à Boucau-Tarnos à Mouguerre en huitièmes de finale. Ensuite, je n’ai pas pu assister ni au quart de finale gagné face à Gruissan, ni à la première demi-finale contre Annecy car je travaillais. Quand j’ai appris qu’ils étaient qualifiés pour la finale, je me suis dit qu’il y avait quelque chose de sympa à faire. J’ai donc appelé l’un des co-présidents, Julien Pedelucq, le lundi matin pour lui proposer de suivre et filmer les joueurs de l’intérieur sur le week-end de finale afin que cela leur permette de garder un super souvenir de cette aventure. A titre personnel, je n’avais jamais réalisé de documentaire ou même de vidéo long format avant, mais je me suis dit que justement cela pouvait être l’occasion de tester quelque chose de nouveau. Je sortais d’un projet de stratégie digitale sur la côte basque qui m’avait pris beaucoup de temps et d’énergie donc cela permettrait de m’aérer la tête avec un travail différent mais tout aussi intéressant.
C’était assez irréel comme ambiance, tout le monde avait pris un énorme coup sur la tête et le terme d’injustice était sur toutes les lèvres.
cultureSPORT : Comment as-tu réagi lorsque tu as appris, en plein tournage, que le club devait rejouer sa demi-finale suite au recours déposé par Annecy ?
Mathieu Rousset : Lorsque Julien Pedelucq a accepté mon projet le lundi matin, il m’a quand même fait part du recours déposé par Annecy la veille et que donc la qualification pour la finale restait hypothétique. Il devait monter à Marcoussis avec Jean-Louis Bareigts (l’autre co-président) le mercredi afin de s’expliquer devant la commission de la FFR qui devait statuer sur ce recours… Mais franchement, comme tout le monde j’avais vu les images de la fameuse mêlée simulée. Je n’y croyais pas un instant et j’étais optimiste pour la finale. Et puis le mercredi soir, je suis allé à Peyrehorade et j’ai appris avec les joueurs, par les co-présidents rentrés de Paris, que la demie était à rejouer… C’était assez irréel comme ambiance, tout le monde avait pris un énorme coup sur la tête et le terme d’injustice était sur toutes les lèvres.
cultureSPORT : Cette mésaventure a, hélas, donné à ton film un côté dramatique inattendu…
Mathieu Rousset : Oui car j’ai quand même décidé de les suivre sur cette deuxième demie, en espérant que je les filmerais sur deux week-ends plutôt qu’un seul comme prévu à la base… Mais bon malheureusement pour les joueurs et tous les supporters, ce n’est pas passé cette fois-ci. Donc oui, cela a clairement apporté une certaine dramaturgie au documentaire renforcée par cette décision incroyable et cette cruelle défaite.
Mais de passer ce week-end avec eux a été quelque chose de vraiment exceptionnel. Je ne m’étais pas fixé de trame ou de thème à suivre avant le week-end de captation. Je voulais justement que cela ressorte tout seul. Pendant le week-end, lorsque j’ai vu leur grande fraternité, leur décontraction pour aborder le match et leur façon de déconner dans n’importe quelle situation, je me suis dit qu’il fallait que je montre tout ça. Franchement l’ambiance était dingue au sein du groupe et avec le staff, ça déconnait tout le temps jusqu’à l’entrée aux vestiaires pour se changer, une vraie équipe de copains !
Suite de l’interview demain à 12h.
Propos recueillis par Nicolas Gréno. Merci à Mathieu Rousset pour sa collaboration. Crédits photos : Mathieu Rousset.
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