Huit étapes ont été disputées. Un tiers de ce Tour d’Italie 2012 a déjà été englouti par les coureurs restants. Huit jours plus tard, on fait un premier point. On parlera des jeunes, d’un champion du Monde qui domine tout le monde au sprint, d’un pays évoluant à domicile qui gagne tardivement et d’un coureur qui manque à la planète cyclisme.
1. Que la génération 88/90 a été au pouvoir
Tyler Phinney (BMC Racing Team), Ramunas Navardauskas (Garmin-Barracuda) et Adriano Malori (Lampre-ISD) ont successivement porté la tunique rose. Premier point en commun. Le second ? C’est qu’ils appartiennent tous trois à la génération montante. Celle des coureurs nés dans les années 1988/1990. Leaders de la deuxième plus grande compétition cycliste, ce n’est pas rien à leur âge. C’est surtout une belle ligne ajoutée à leur palmarès plus ou moins gratiné.Le premier coureur cité s’est emparé de la « maglia rosa » à l’issue du prologue tracé dans les rues d’Herning, au Danemark. Oui, vous l’avez vu de vous-même, cette ville n’a aucune résonnance Italienne ! L’Américain (21 ans) avait annoncé avant le Grand Départ que son objectif principal était d’arracher ce chrono, il a parfaitement conclu son affaire. Le deuxième jeune loup, Lituanien lui (24 ans), a profité de la victoire de sa formation lors du contre-la-montre par équipes pour se parer de rose. Alex Rasmussen, son équipier chez Garmin, troisième du général à l’époque, lâché lors de cet exercice chronométré, l’ancien pensionnaire de la Pomme Marseille, a alors profité de cette aubaine. Le troisième cycliste, champion d’Italie du chrono (24 ans), est devenu prophète en son pays le temps d’une étape. Il a arraché « son » paletot après s’être échappé en compagnie notamment de Rubiano (Androni Giocattoli-Venezuela), le vainqueur du jour.
2. Que l’Italie gagne tardivement
Première étape : rien. Deuxième étape : rien. Troisième, quatrième, cinquième, sixième : toujours rien. Septième : enfin une victoire ! Merci Paolo Tiralongo (Astana). Lui qui n’avait gagné aucune étape en six participations, il en claque deux lors des deux dernières éditions du Giro. Mais cette fois, il s’impose à la pédale, terminant vidé, au sprint, face au tenant du titre Michele Scarponi (Lampre-ISD). L’an passé, son ancien équipier, un certain Alberto Contador (alors en rose), l’avait laissé gagner pour le remercier en quelque sorte pour son travail effectué auparavant. Le lendemain, Domenico Pozzovivo bisse pour le clan Italien. Alors qu’ils faisaient choux blancs depuis le début de leur tour national, les coureurs transalpins montrent qu’ils sont bien dans la place. Le récent lauréat du Tour du Trentin est allé cueillir une belle victoire d’étape – en attaquant dans le col final – non seulement à titre personnel, mais aussi pour son équipe, la Colnago-CSF Inox. Le petit grimpeur de poche a envoyé un message aux autres outsiders de l’épreuve.
3. Que le général est très serré
De la première à la treizième place, les coureurs se tiennent en moins d’une minute. De Ryder Hesjedal (Garmin-Barracuda) à Domenico Pozzovivo (encore lui), nous retrouvons nombre de favoris. Joaquim Rodriguez (Team Katusha) est en embuscade. A neuf secondes du Canadien, l’Espagnol pourrait s’emparer du maillot de leader mardi, s’il parvient à gagner l’étape, avec de surcroit les bonifications qui vont avec. Roman Kreuziger (Astana), est là, lui aussi, bien au chaud dans le top cinq. Le double lauréat de la course, Ivan Basso (Liquigas-Cannondale), quasiment transparent en ce début de saison, répond présent après huit étapes, puisqu’il est dans le sillage des meilleurs (sixième, à une quarantaine de secondes d’Hesjedal). Frank Schleck (RadioShack-Nissan), sans son « frèro » Andy, se débrouille plutôt pas mal. Présent dans le top ten, le Luxembourgeois peut espérer lui aussi glaner un Grand Tour. Scarponi, deuxième Tiralongo lors de la deuxième étape de moyenne montagne, dossard numéro un, est lui aussi dans le rythme pour, pourquoi pas, devenir le premier homme à doubler dans le Giro depuis Miguel Indurain (1992, 1993). Il apparait dans le classement général à la douzième place, concédant quarante-cinq secondes à Rodriguez.
4. Que Mark Cavendish est bien le Roi du sprint
Trois sprints, deux victoires et une grosse chute. Bilan comptable : 67% de victoires. Ce bilan, après trois arrivées massives, aurait pu être bien plus glorieux pour Mark Cavendish (Team Sky) si Roberto Ferrari (Androni Giocattoli-Venezuela) ne l’avait pas violement envoyé au sol. En effet, après avoir subitement changé de ligne, l’Italien a créé une vague qui a irrémédiablement fait chuter le champion du Monde. Ce dernier a terminé l’étape avec le cuissard et maillot rouge (classement par points) déchirés. Sur Twitter, le « Cav » a même déclaré que Ferrari devrait avoir honte d’avoir mis à terre le Maillot Rose (Tyler Phinney) mais aussi le porteur du maillot arc-en-ciel. Bref, ce malencontreux évènement ne l’a pas empêché de reprendre le dessus lors du dernier sprint disputé. Il a tenu à s’imposer, tunique irisée sur le dos, devant sa femme et… sa fille. Elle a pu monter pour la première fois de sa vie sur un podium. Quelque chose nous dit que la petite Delilah-Grace montera à nouveau sur la boite.
5. Que Wouter Weylandt est bien avec nous… dans nos cœurs
Un an après sa tragique mort, Wouter Weylandt est toujours là. Dans nos coeurs et esprits. L’an passé, les organisateurs du Giro avaient promis que le dossard 108 (celui qu’il portait en 2011), serait retiré de la start-list. Promesse tenue par la nouvelle équipe organisatrice.
Décédé le 9 mai 2011, une cérémonie en hommage au Belge aurait pu être tenue un an plus tard. Mais cette année, un chrono par équipe a été programmé le 9 mai. Impossible donc de réaliser une minute de silence collective. La date symbolique de la troisième étape a donc été choisie. La troisième ? Oui, parce qu’en 2010, il gagnait et parce qu’en 2011, il perdit la vie. Les coureurs de la RadioShack-Nissan, son ancienne formation (même si elle a bien évolué – fusion – depuis), et Tyler Farrar (Garmin-Barracuda), son meilleur ami dans le peloton, ont levé les yeux vers le ciel pour montrer à Wouter qu’il est encore sur le Giro. Les autres coureurs engagés sur ce Giro ont eu aussi une pensée pour WW.
Crédit photos : Roberto Bettini
0 comments on “Que faut-il retenir de la première semaine du Giro ?”