On attendait de ces trois matchs amicaux des réponses claires sur l’état de santé de nos Bleus. Au final, le sentiment est mitigé. La France a certes fait le plein de victoires et de confiance, mais est-elle pour autant prête à se frotter au gotha du football européen ? Rien n’est moins sûr.
Ce qui a marché
Trois victoires, neuf buts inscrits. Incontestablement, l’attaque ressort comme la grande satisfaction de ces matchs de préparation. Et devant, Laurent Blanc semble enfin avoir trouvé la bonne formule. Tant pis pour les puristes qui rêvaient d’une association Giroud/Benzema. Le quatuor qui débutera face à l’Angleterre devrait être le même que lors des deux derniers matchs face à la Serbie et l’Estonie. Et ce sont donc Samir Nasri, Florent Malouda, Karim Benzema et enfin Franck Ribéry qui ont convaincu le sélectionneur. Ce dernier, s’il se défendait d’en être un des leaders, avait eu à répondre de son implication dans l’affaire du bus de Knysna. Touché, attaqué de toutes parts, il n’était plus que l’ombre de lui-même en équipe de France. Son dernier but, il fallait aller le chercher au 1er avril 2009, lors d’un match de qualification au mondial 2010 face à la Lituanie. Une éternité que Kaiser Franck, comme on le surnomme en Bavière, ne s’était pas montré décisif sous la tunique tricolore. Et voilà qu’à la 85ème minute d’un match où l’on croyait la France perdue, menée 2-0 par le 131ème au classement Fifa au bout d’une demi-heure de jeu, Ribéry se rachète de la plus belle des manières, d’un lob très astucieux. Un déclic. Lors des deux matchs suivants, il confirme, en marquant à chaque fois. Son entente avec Karim Benzema est presque parfaite, sa motivation retrouvée. Ribery a grandi. A ses côtés, Florent Malouda, déjà qualifié “d’ancien”, a prouvé qu’il fallait encore compter sur lui. Ses bonnes performances ont été récompensées par un but somptueux contre la Serbie. Karim Benzema, s’il a dû attendre le troisième match pour rouvrir son compteur but, a clairement montré qu’il était le meilleur attaquant français à l’heure actuelle. Samir Nasri, de son côté, a connu un peu plus de difficultés. Obligé de s’adapter à un poste qui n’est pas forcément le sien, il n’a pas toujours été en réussite, et a multiplié les dribbles, un peu trop au goût de certains. Quoi qu’il en soit, il a gardé la confiance de Laurent Blanc durant les trois matchs, chose que n’a pas réussi à faire Jéremy Menez. Percutant mais brouillon, il débutera l’Euro sur le banc, mais sera un homme à surveiller. Olivier Giroud également. Meilleur buteur du championnat de France cette saison, il a réussi ses entrées. Hier, il a d’ailleurs offert le quatrième but à l’attaquant parisien.
Ce qui a moins marché
Si l’attaque s’est montrée à son avantage, la défense, au contraire, inquiète. Certes, l’équipe de France a gardé sa cage inviolée pendant deux matchs, contre la Serbie et l’Estonie. Pour autant, elle a été loin de se montrer rassurante. Le 27 mai dernier, pour le premier des trois matchs de préparation des Bleus, Laurent Blanc décide, dans la continuité des matchs précédents, de faire confiance à Debuchy, Rami, Mexès et Evra. Si le premier, buteur face à l’Islande, a livré trois bonnes copies, les trois autres ne sont pas exempts de tous reproches, à commencer par Patrice Evra. Le Mancunien, de plus en plus décrié et remis en question, a clairement perdu des points. En tort sur les deux buts, il a semblé totalement dépassé, quel que soit l’adversaire direct. Blague de mauvais goût ou pas, il a même vu son nom associé au plan « Alerte enlèvement » sur Twitter. Pourtant, c’est lui qui devrait débuter face à l’Angleterre, laissant son rival de City Gael Clichy sur le banc, malgré sa forme étincelante cette saison. Et si le sélectionneur pensait avoir des certitudes sur sa charnière, il a dû vite déchanter. Adil Rami et Philippe Mexès, qui ont pourtant eu l’occasion de peaufiner leurs automatismes depuis plusieurs matchs, ont été à la peine. A cinq jours de leur entrée en lice, on connait l’importance de la préparation. Difficile donc de douter de la motivation du Valencian et du Milanais. Pourtant, à plusieurs reprises, ils ont été mis à mal par des attaquants de seconde zone, bien loin de ceux qu’ils auront à contrer à l’Euro. Ibrahimovic, Carroll, Rooney et consorts pourraient poser bien des problèmes aux deux centraux. Reste la solution Laurent Koscielny, qui sort d’une très bonne saison à Arsenal et qui s’est montré à l’aise lors du match contre la Serbie, où il a été titularisé. Trop tard sûrement dans l’esprit de Laurent Blanc, qui a moins d’une surprise, ne devrait pas bousculer son effectif.
A l’issue de la préparation et à cinq jours seulement du premier match de poule face à l’Angleterre, une équipe, type si elle en est une, semble se dessiner. Dans les buts, Hugo Lloris bien sûr, jamais concurrencé et pas vraiment contestable. Devant lui, la défense, comme nous l’avons dit auparavant, devrait être composée de Evra, qui aura une épée de Damoclès au-dessus de la tête, puis de Rami, Mexès et Debuchy. L’ex compère de ce dernier à Lille Yohann Cabaye sera selon toute vraisemblance associé à Alou Diarra au milieu de terrain, lui qui profite de la blessure de Yann M’Vila. Le Rennais, en pleurs après s’être tordu la cheville face à l’Islande, devrait être de retour pour le deuxième match. Enfin, le quatuor offensif Nasri–Malouda–Benzema-Ribéry, grosse satisfaction de ces trois tests, ne bougera à priori pas. La France est-elle prête, après avoir affronté des équipes sur le papier très inférieures, à se frotter aux Anglais, Suédois et Ukrainiens ? Nul ne le sait, pas même Laurent Blanc : “La vérité sortira le 11 juin“. Premier élément de réponse lundi donc, à 18h sur TF1.
Crédit photos : Panoramic et et Marc Menou
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