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Christel Ferrier : “Ça été très dur de digérer cette non-sélection pour les Jeux de Londres”

Janvier 2013 - carnet #1. Retour sur la saison 2012, sa saison 2013, le changement d'équipe

Nouvelle année, nouvelle équipe. 2013, Christel Ferrier l’a plutôt bien attaqué. Victorieuse de la deuxième manche du Challenge la France Cycliste à Besançon, elle est montée sur la troisième marche du podium lors du championnat de France la semaine dernière, derrière Lucie Chainel, qui a conservé son titre et Pauline Ferrand-Prévot, deuxième comme l’an passé. Le 2 février, elle sera à Louisville, pour disputer les premiers championnats du Monde de cyclo-cross de l’histoire sur le continent Américain. Avant de s’envoler pour les Etats-Unis, la double championne de France sur route (2009, 2011) revient pour Culture Sport, dans son premier carnet, sur sa précédente saison et notamment sur sa non sélection aux Jeux Olympiques de Londres qui l’a légitimement affecté.

Christel Ferrier sur le podium des France de cyclo-cross

Quel bilan tirez-vous de votre saison 2012, la sixième chez les pros, la première (et dernière) au sein de la formation Hitec Products ?
C’est une belle saison même si elle est mitigée par ma non-sélection aux J.O. Au niveau des performances, je n’avais jamais fait de podium sur des courses internationales et je suis vraiment très contente d’avoir réussi à faire seconde à Roeselare en Belgique, devant la championne du Monde Georgia Bronzini et Marianne Vos. Après plusieurs monts, le peloton avait éclaté et après l’attaque de ma leader Emma Johansson, j’ai contré et je suis partie avec Linda Villumsen et Annemick Van Vleuten. Puis il y a eu aussi un podium sur une étape du Tour d’Afrique du Sud, « Free State ». Cette année j’ai fait un gros travail d’équipière pour aider au mieux Emma Johansson surtout sur les Coupes du monde. Sur les autres courses, j’étais offensive, j’allais souvent dans les échappées mais on se faisait souvent reprendre et c’est ensuite difficile de faire un résultat avec la fatigue de l’échappée. Mes résultats n’ont pas été très médiatisés en France et surtout je n’ai fait aucune Coupe de France à part les championnats de France.

Pouvez-vous nous rappeler vos principaux résultats acquis en 2012 ?
Je me suis donc classée deuxième au GP de Roeselare (catégorie 1.1) derrière Annemick Van Vleuten et devant Linda Villumsen, Georgia Bronzini et Marianne Vos. Je n’aurai pas cru faire un tel résultat. J’ai ensuite terminé quatrième au général du Tour du Free State, avec une troisième place sur une étape et une victoire de l’équipe. J’ai également terminé au pied du podium des championnats de France lors de la course en ligne.

Christel Ferrier

Vous étiez dans la sélection tricolore lors des Jeux de Pékin en 2008 et pas l’an passé. Comment avez-vous vécu le fait de ne pas aller à Londres ?
Ça été très dur de digérer cette non-sélection surtout quand on ne s’y attend pas du tout. J’étais rentrée dans les critères internationaux, j’étais la première au classement UCI (en mai 2012) et cela fait deux ans que je cours à l’international pour récupérer des points UCI pour ouvrir une troisième place. C’est ce que j’ai réussi à faire et on me remercie en m’éjectant sans raison. Et je crois que le pire c’est quand on apprend la sélection sur Twitter ! La DTN ou l’entraîneur national n’a même pas la décence de t’appeler pour t’expliquer qu’il ne te sélectionne pas, sûrement parce qu’il n’osait pas et qu’il n’avait pas d’arguments ! Vraiment j’ai été très déçue par la fédération, surtout que l’objectif de ma saison c’était d’être en forme pour les Jeux Olympiques afin d’aller chercher une médaille. On ne peut pas être en forme en début de saison puis fin juillet. Je suis allée voir le circuit des JO à mes frais en début de saison pour pouvoir m’entraîner spécifiquement. Je me suis investie à 100% pour cet objectif et l’entraîneur national était bien sûr au courant de tout ça, et après on t’appelle même pas pour te dire tu n’es pas sélectionnée. De plus, j’avais l’expérience des JO de Pékin, où je n’avais terminé qu’à sept secondes de la médaille. Heureusement, qu’il y a la famille, les amis et les supporters qui sont là pour nous soutenir et nous aider. Je les en remercie.

Vous avez participé au premier contre-la-montre par équipes de marques au Mondial de Valkenburg. Pensez-vous que cette course est une bonne idée de la part de l’UCI, a-t-elle sa place dans le programme des championnats du Monde ?
Je n’ai pas participé cette année aux championnats du Monde sur route par rapport à ma non-sélection pour les JO. Je n’avais pas envie de continuer la saison et j’ai préféré laisser la chance à une fille qui serait plus motivée. Ce qui m’a reboosté c’est la saison de cyclo-cross, dès le mois d’août je faisais les entraînements avec mon vélo de cross, je travaillais la technique et j’étais contente de commencer la saison plus tôt, pour une fois. Sinon pour répondre à la question, je trouve que c’est une bonne idée le CLM par équipe. C’est une discipline qui n’est pas facile, il faut vraiment s’entraîner spécifiquement, en équipe pour faire une belle performance. Il faut vraiment se connaître et être bien coordonnée pour avoir des relais fluides et aller vite.

Si vous deviez remettre un trophée de cycliste de l’année 2012, à qui le remettriez-vous et pourquoi ? Quelles sont les autres cyclistes qui vous ont impressionné en 2012 ?
Si je devais remettre le trophée de la cycliste de l’année, je le donnerai à Julie Bresset pour son année exceptionnelle. Arriver à être championne Olympique et championne du Monde s’est incroyable ! C’est une grande championne et en plus elle est jeune, dynamique et très sympa. Je lui souhaite de continuer comme ça. Après celle qui est aussi impressionnante c’est Marianne Vos qui a gagné les Mondiaux chez elle et les JO. Elle est au-dessus du lot, elle gagne tout, dans toutes les disciplines, route, cyclo-cross et piste !

Avant d’attaquer la saison sur route, vous faites quelques courses de cyclo-cross. En quoi est-ce important pour vous d’y participer ?
Pour moi, la saison de cyclo-cross est une discipline à part entière. Je ne fais pas ça pour l’entraînement sur route. J’ai des objectifs comme les Coupes du Monde, les championnats de France et les Mondiaux. J’ai connu les portes de l’équipe de France par le biais du cyclo-cross et c’est une discipline que j’adore. Je ne pourrai pas m’en passer. J’ai dû faire un choix entre la route et le VTT mais pour le cyclo-cross je ne pourrai pas l’abandonner, ça tombe bien c’est pendant la saison hivernale !

Nouvelle saison, nouveau maillot

Comment s’annonce cette année 2013 ? Vous changez encore d’équipe, puisque vous avez signé au sein de la formation italo-finlandaise Faren-Let’s Go Finland. Vous allez côtoyer du beau monde avec notamment les Italiennes Fabiana Luperini (quadruple championne nationale, 3 Grande Boucle féminine internationale, 5 Tour d’Italie), Marta Bastianelli (championne du Monde 2007) et Elena Cecchini (championne d’Europe juniors 2009). Quel va être votre statut dans cette nouvelle équipe ? Aider vos leaders, Luperini notamment, être leader lors des courses Françaises ?
J’ai pu rencontrer l’équipe début janvier avant la Coupe du Monde à Rome. C’était sympa de pouvoir se connaître et de rouler ensemble car je ne connais que Sara Mustonen qui était avec moi l’année dernière et Susanna Zorzi il y a deux ans chez Gauss. Ce qui est bien dans l’équipe c’est qu’il n’y a pas une leader attitrée, chacune a sa chance en fonction de la forme de chacune, du profil et du déroulement des courses. C’est une équipe qui va être offensive et qui a un bon esprit d’équipe, ce qui est très important pour avoir de bons résultats. J’ai un beau programme international avec les Coupes du Monde et les courses à étapes. Ce qui est dommage c’est que je ne pourrai pas trop courir en France notamment les Coupes de France.

Vous allez connaitre une septième équipe en autant d’années ! Pourquoi autant de changements ?
J’adore le changement, c’est ce qui me motive et qui me permet de progresser. On dit bien qu’une programmation pour l’entraînement c’est de partir d’une page blanche et de ne pas faire les mêmes entraînements que l’année d’avant et bien pour moi, c’est pareil pour les équipes ! De plus, chaque année j’ai une meilleure proposition que je ne peux pas refuser. J’apprends beaucoup dans chaque équipe, les programmes de courses, les tactiques, les ambiances sont différentes et en plus j’apprends plusieurs langues (l’italien et l’anglais). Comme je l’ai dit précédemment ce qui est bien par rapport à l’année dernière c’est que je retrouve un rôle de leader. J’ai beaucoup appris en étant équipière d’Emma Johansson mais cette année j’avais vraiment envie de changer.

Crédit photos : L’Equipe, Facebook de Christel Ferrier, Marion Denis

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