Richie Porte s’est adjugé ce dimanche la soixante-et-onzième édition du Paris-Nice, au terme d’un contre-la-montre en côte exceptionnel. Le Sky succède à son collègue Bradley Wiggins, et démontre une nouvelle fois l’hégémonie de la formation britannique. Dans cette équipe où les leaders ne manquent pas, Porte peut-il relancer sa carrière ? A défaut d’avoir retrouvé le devant de la scène…
Aussi fort que Wiggins
Le charme de Paris-Nice ne se résume pas à la quête du soleil. Il permet, par l’intermédiaire de son chrono final, de comparer les coureurs au fil des années. L’ascension du Col d’Eze reste l’épilogue, et il était intéressant de jauger le temps de Richie Porte face au vainqueur de 2012, Bradley Wiggins. Le dernier maillot jaune du Tour de France avait conclu sa montée vers le village provençal en dix-neuf minutes et douze secondes. Un an plus tard, c’est également un Sky, vêtu de jaune lui-aussi, qui a écrasé la concurrence. Mais cette fois, c’est le fidèle équipier Porte qui conforte son avance au classement général. Au sommet, il s’est approché à quatre secondes du champion olympique de l’effort solitaire ! Dans des conditions sensiblement défavorables – humide et frais – l’Australien peut se targuer d’avoir été l’égal du vainqueur de la Grande Boucle ! Est-ce une surprise ? Oui et non. Il est vrai qu’il n’avait plus vraiment eu de référence depuis son passage chez Sky. Certes, il s’était adjugé le Tour d’Algarve 2012, mais Wiggins ne visait pas la victoire et le Tasmanien en avait profité pour prendre les devants. Il s’agit pratiquement de sa seule opportunité depuis un an. Sur ce Paris-Nice, adossé du numéro un, il recouvrait un rôle protégé. Il n’a pas laissé passer cette chance. Nuance avec son illustre prédécesseur, il n’a pas acquis son maillot par la régularité, mais par stratégie. Profitant de la mésentente dans le groupe de tête, il a attaqué à un kilomètre du sommet de la montagne de Lure. Déposant au passage Menchov, il a creusé un écart fleuve. La dernière étape n’a fait qu’accroître l’avantage. Une telle démonstration remet la situation de Porte en question…
Un équipier, mais pas que…
« Je serai à nouveau dans le train de Bradley Wiggins lors du prochain Tour de France, mais j’aimerais profiter d’un rôle privilégié sur le Giro par exemple ». Au micro de France Télévisions, le nouveau vainqueur de la course au soleil a donné le ton. Via ce Paris-Nice, il a ravivé les souvenirs des suiveurs : ancien triathlète, il découvrait la route sur le tard. Âgé de vingt-cinq ans, le Tasman surprenait tout le monde en s’imposant sur le chrono du Tour de Romandie 2010. Dans la foulée, il profitait d’une échappée fleuve pour accrocher le maillot rose durant une semaine. Près du but ultime, il s’effondrait logiquement face à Arroyo et Basso. L’Aussie, protégé de Bjarne Riis, finissait septième à Milan, vêtu du tricot blanc. On imaginait le meilleur pour l’avenir du Saxo Bank, ses quatrièmes places sur l’Eneco Tour et le mondial du chrono appuyant ce sentiment. Mais la saison suivante ne fût pas du même acabit et Sky en profitât pour chiper la perle de Tasmanie. La suite est connue. Intégré dans le fameux train noir, Porte n’a que rarement jouit du leadership. Pourtant, son talent est probant et son dernier succès en atteste. Porte rêve à nouveau du Tour d’Italie. Si cette année, Wiggins monopolisera l’équipe, 2014 pourrait lui sourire. A condition de disposer d’un entourage costaud…
Sky, le train de la peur
A condition de disposer d’un entourage costaud… La phrase est évidente, mais récurrente aussi. On avait critiqué la composition au départ des Yvelines, prétextant une équipe B, au profit d’une dream-team sur la course des deux mers. Or, Sivtsov et Kyrienka – médaillé de bronze au mondial du chrono 2012 – ont suffi pour dégoûter la concurrence, offrant la victoire à Porte dans un fauteuil. Ce résultat prouve la force des Sky. Même les seconds-couteaux s’imposent. Si certain assimilent de telles performances aux pratiques douteuses, nous préférons – dans l’espoir d’une nouvelle génération propre – justifier par la qualité de l’effectif. En constant renforcement, le moins bon des grimpeurs de Dave Brailsford serait un homme protégé au sein de la concurrence. Pour être si performant, l’argent est primordial. Les équipes adverses savent ce qui leur reste à faire. Facile à dire…
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