Cyclisme Tour de France

La 100e du Tour : des lieux et des histoires (7/10)

1964-tour-20-Anquetil-e-PouIl fût un temps où le Tour de France se contentait de suivre les frontières et côtes de l’Hexagone. Chaque année, les mêmes villes accueillaient la caravane, dispensant les régions avancées dans les terres de la grande messe juilletiste. Conscient de ce gâchis, l’organisateur a progressivement visité la France profonde. C’est ainsi que le Puy de Dôme fût son entrée dans le parcours. Culture Sport s’installe dans le Massif central en 1964 pour se souvenir de l’un des plus beaux duels du sport cycliste !

Le Puy de Dôme, emblème d’une époque

Il faudra attendre 1951 pour que la caravane du Tour s’avance dans le Massif Central et 1952 pour grimper le Puy de Dôme. Corroborant avec d’autres arrivées en altitude telles que l’Alpe d’Huez, le Tour désire favoriser les purs grimpeurs. Une nouveauté qui s’inscrit dans un plan de réforme du Tour de France. Car le parcours n’épouse plus les formes hexagonales du territoire ! En effet, jamais la Grande Boucle ne visitait d’autres régions que les Alpes, les Pyrénées, la côte atlantique et méditerranéenne. Certes, des villes telles que Dijon avait déjà eu l’honneur d’applaudir les coureurs, mais ceux-ci traversaient la Côte d’Or pour revenir à Paris, théâtre de l’arrivée finale. Jacques Goddet, chef d’orchestre de la transhumance cycliste, a donc visité le Tarn, la région de la Loire et donc le Massif Central, offrant aux téléspectateurs une dimension nouvelle de la France. C’est ainsi que le Puy de Dôme apparût. L’incontournable Fausto Coppi fût le premier vainqueur au sommet. En 1959, c’est un contre-la-montre en côte qui sacre Federico Bahamontes. L’aigle de Tolède reviendra en 1964 à l’assaut du volcan. Face à lui: Julio Jimenez, Jacques Anquetil et Raymond Poulidor. Ces hommes ont offert l’un des plus beaux moments du cyclisme, alliant suspense, exploit et effort. L’événement de juillet reviendra plusieurs fois. Mais depuis 1988 et la victoire de Johnny Weltz, des dissensions eurent lieu entre le propriétaire du domaine et l’organisateur du Tour. De plus, un train à crémaillère s’est installé sur les pentes du volcan, empêchant la caravane de rejoindre l’observatoire placé au sommet.

Poulidor/Anquetil, duel sur un volcan

Revenons à 1964. Le Tour se termine. Plus que quatre journées avant le repos parisien. Si les classements annexes semblent joués, le maillot jaune reste convoité : Anquetil – en tête depuis le chrono de Bayonne – est suivi de près par Raymond Poulidor. Le populaire périgourdin accuse à peine une minute de retard au classement général. L’ascension du volcan éteint ravive ses chances de se parer du tricot doré. Son adversaire normand le sait et le surveille attentivement. Les deux s’observent, laissant partir Jimenez et Bahamontes s’expliquer pour la victoire d’étape. Mais les grimpeurs espagnols ne focalisent guère l’attention du public. Tous sont rivés vers les rivaux français : Anquetil et Poulidor sont côtes à côtes. Aucun ne prend le risque de relayer l’autre. Mais à neuf-cents-cinquante mètres de l’arrivée, Poupou attaque ! À la grande surprise, le maillot jaune ne peut suivre. Pire, il s’effondre ! L’écart grandit rapidement. Alors que Jimenez lève les bras en vainqueur, que Bahamontes se contente d’une deuxième place, Poulidor termine en trombe ! Il reprend une quarantaine de secondes, échouant à quatorze petites unités du jaune espéré. Anquetil franchit la ligne sur le plus petit développement en cinquième position derrière un modeste italien : Vittorio Adorni. Le suspense est complètement relancé au classement général. Mais en éternel second, Poulidor ne pourra reprendre les quelques secondes le séparant d’Anquetil lors du chrono final entre Versailles et Paris. Poulidor tentera sa chance les années suivantes en échouant à chaque fois. Pire, le Périgourdin ne portera jamais la tunique jaune !

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