Moscou s’apprête à accueillir les 14èmes championnats du monde d’athlétisme. Cela fait 30 ans que cette compétition existe après la première édition en 1983 à Helsinki. A n’en pas douter l’anniversaire de la troisième plus importante compétition sportive, se déroulera dans un contexte quelque peu tendu.
Tout d’abord la guerre contre le dopage, que semble entreprendre toutes les nations, commence à faire des dégâts. Pour faire bonne figure ? Un peu certainement. Mais ne soyons pas mauvaise langue. On peut se réjouir dans l’absolu de voir que la justice est rendue dans le milieu de l’athlétisme, quelque soit le nom et la renommée de l’athlète pris dans les mailles du filet. Ce renouveau en matière de lutte contre le dopage a été symbolisé par l’affaire des sprinteurs jamaïcains, dont Asafa Powel, pourtant figure emblématique sur la terre natale de Bob Marley. Dans cette affaire, c’est l’agence de lutte antidopage jamaïcaine, elle-même, qui a fait les contrôles. La Jamaïque progresse et elle n’est pas la seule. Le Kenya va ouvrir un centre antidopage. Même la Russie s’y met avec plus de 40 athlètes sanctionnés depuis la création de leur centre Rusada, en 2010. De quoi faire gonfler le torse de « tonton Vladimir » qui a émis une farouche volonté à sanctionner le dopage. Il faut dire que la Russie a hérité d’une mauvaise réputation après le dopage en masse de l’ex-Union Soviétique, que la seule chute d’un mur a eu du mal à effondrer. Dans un contexte de relent de guerre froide (où là aussi la chute d’un mur n’a pas tout effacé), il est important pour le pays de montrer patte blanche dans tous les domaines. C’est donc un signe fort envoyé aux organisations internationales, mais qui n’enrayera pas le scepticisme global qui tourne autour du dopage ces dernier temps.
Asafa Powell : c’était louche en même temps le bouc blond !
Equipe de France : une jeunesse dorée ?
L’équipe de France n’a malheureusement pas été épargnée avec l’annonce, hier, d’un échantillon positif appartenant à la jeune athlète Alice Decaux, alignée sur 100m haies. La faute à un complément alimentaire contenant des substances interdites. La fédération va pouvoir redoubler d’efforts pour la prévention sur l’automédication des athlètes.
Malgré cet incident de dernière minute, la délégation française, apparaît très ambitieuse. Les 51 athlètes de l’équipe semblent armés pour réaliser des performances de grande qualité. Bien sûr on peut penser à Renaud Lavillenie, Yohann Diniz, Teddy Tamgho ou Mahiedine Mekhissi pour rafler quelques médailles. Certains autres athlètes pourraient créer quelques surprises au cours de ces mondiaux. Effectivement, quelques jeunes pousses pourraient confirmer leurs excellentes saisons. On pense notamment à Pierre-Ambroise Bosse (800m), champion d’Europe espoirs et qui est passé à deux reprises sous la barre des 1’44’’. Sur le 1500m, Florian Carvalho (24 ans) et Simon Denissel (23 ans) tenteront de gratter leurs premières finales dans un si grand rendez-vous. En longueur féminine, une chance de podium se dessine pour Eloyse Lesueur (25 ans), championne d’Europe en titre. Au triple saut masculin on pourrait assister à une finale avec trois français notamment avec l’incontournable Teddy Tamgho (24 ans) mais aussi Gaëtan Saku Bafuanga (22 ans) et Yoann Rapinier (23 ans). Si pour le premier un podium semble tout à fait jouable, les deux autres devront s’approcher de leurs records personnels pour passer en finale. Au marteau, Quentin Bigot (20 ans) tentera de rejoindre la finale pour ses premiers championnats du monde.
Une autre première participation aux mondiaux sera très attendue… Celle de Kévin Mayer (21 ans) qui peut viser un podium cette année. Les sprinteurs français sont également en voie de progression. Stella Akakpo (19 ans) tentera de battre le record junior du 100m, mais une place en finale semble difficile. Aidé par les absences de Tyson Gay et Powell, on espère voir Jimmy Vicaut et Christophe Lemaitre en finale. Enfin Kévin Campion (25 ans), encore dans l’ombre de Yoann Diniz, a l’occasion de révéler tout son talent sur 20km marche.
Kévin Campion aligné sur le 20km marche
Des absents de taille
Cette nouvelle génération d’athlètes symbolise la bonne santé de l’équipe de France autrefois si fragile lors des grandes compétitions. Tous ces athlètes de moins de 25 ans, pour qui certains participent à leurs premiers championnats du monde, vont avoir l’occasion rêvée de tous montrer leurs potentiels. L’équipe de France pourrait profiter des nombreuses absences qui déciment les équipes adverses. Ainsi le 800m masculin sera orphelin de son recordman et champion Olympique en titre, David Rudisha, blessé au genou. Un gros coup dur pour l’équipe du Kenya ! Blanka Vlasic, double championne du monde à la hauteur, ne sera également pas présente, brisant le cœur de beaucoup d’entre nous ! A cette liste s’ajoute Jessica Ennis, championne Olympique de l’heptathlon, l’an passé chez elle à Londres, blessée au tendon d’Achille. Tatyana Chernova championne du monde à Daegu sur l’heptathlon sera également forfait. Yohan Blake, le sprinteur jamaïcain ne prendra pas le départ du 100m. Le champion du monde 2011 traîne une blessure depuis le mois d’avril. Et puis après la catégorie « blessés » vient la catégorie « dopés ». La liste est assez fournie, mais nous n’allons pas la développer au risque d’en oublier. Et de toute façon, les absents ont toujours tort !
On ne croisera pas le regard de Blanka Vlasic…
Article rédigé par Jean-Félix Pomier
Crédit photos : AFP
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