Ils sont trois et n’ont qu’une chose en tête depuis des mois: une cinquantaine de bornes à couvrir seul et le plus rapidement possible. Ainsi, Fabian Cancellara, Tony Martin and last but not least Sir Bradley Wiggins préparent les championnats du monde du contre-la-montre d’arrache-pied.À quelques heures de l’exame final, Culture Sport dresse les points forts et faibles de ces prétendants à l’arc-en-ciel.
Cancellara : enterré trop tôt
Outre ses succès dans les plus grandes classiques du monde, Fabian Cancellara exprime également ses talents de rouleur dans les contre-la-montre. À la clé: cinq tricots irisés complètent un palmarès bien fourni. Insatiable, le Suisse ne peut se contenter de pareille moisson. Il envisage prochainement de battre le vieux record de l’heure, détenu par son compatriote Rominger. Entre-temps, Spartacus veut retrouver sa couronne du meilleur rouleur du globe. C’est que l’Helvète a été touché psychologiquement ces deux dernières années. Depuis la maturité sportive de Tony Martin, Cancellara peine à suivre le rythme du champion allemand. Battu à chaque opposition, le RadioShack a enfin inversé la tendance lors de l’unique test, à Tarazona, en pleine Vuelta. Avec … secondes de prises en … kilomètres, son retour à l’avant-plan est indéniable. Quel retour de l’inusable Spartacus, lui qui retrouvait ce printemps le chemin du succès sur les pavés flandriens après une saison de disette! Fabian Cancellara a donc prévenu la concurrence et contredit ses détracteurs: “Canci” n’est pas mort, loin de là. À … ans, le revoici dans le coup, mais aussi opposé moralement à ses adversaires. Il s’est attiré les foudres de Sagan et Gerrans dans des déclarations assassines, puis s’est fait le plaisir d’annihiler l’exploit de Tony Martin, unique échappé de première heure dans la … étape du Tour d’Espagne. L’Allemand tenant le peloton en respect jusque dans les derniers mètres de la course n’a rien pu faire lorsque Cancellara a attaqué prématurément, probablement pour rechercher l’OPQS plutôt que la victoire, laissée au surprenant Morkov. Mais Cancellara est indéfectible. Rien ne semble l’arrêter. À moins que sa gourmandise ne lui entame ses forces. Resté très longtemps aux côtés d’Horner pour l’aider dans sa quête du maillot rouge, le Suisse a traversé le nord de la péninsule ibérique dans des conditions météorologiques abominables. Cancellara, visiblement chaud pour la joute finale, devra se méfier d’un éventuel refroidissement…
Martin : vengeance de Cacerès
En l’espace de deux années, Tony Martin s’est confortablement installé dans l’hégémonie mondiale de la discipline. Certes, la chance n’a pas toujours accompagné le protégé de Patrick Lefevere, grièvement blessé dès la première journée en Corse, en juillet dernier. Mais l’Allemand, originaire de la RDA, a été élevé à la dure. “I’m a German” s’exclama-t-il lorsque ses équipiers lui demandèrent s’il comptait poursuivre la route du Tour de France. En effet, tel une momie, Martin a enfourché sa machine, avec le chrono du Mont-Saint-Michel dans le viseur. Il a passé les Pyrénées en souffrance, mais la douleur s’estompât lorsqu’il s’imposa de peu face à Froome entre Bretagne et Normandie. Le policier de formation n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, lui qui s’offusquât du parcours concocté par les organisateurs du second chrono à Chorges. Il a le don de répondre avec les jambes. Le temps de se remettre de ses sensations juilletiste, il est réapparu en force sur la Vuelta. Comme expliqué ci-dessus, l’Allemand s’est testé avec succès sur une étape de plaine. Même si la victoire ne lui est pas attribuée, il était le vainqueur moral de la journée. On pensait alors Martin prêt pour l’affrontement mondial, mais la surprise fût de taille lorsqu’il fût platement battu par son rival Cancellara sur le chrono de Tarrazona. De quoi remettre en question l’hégémonie du « Tank ».
Wiggins : retour de poids !
En juillet 2012, Wiggins devenait le premier Britannique vainqueur du Tour de France. Un succès surprenant pour un garçon qui ne passait pas un pont en début de carrière. Sa trajectoire est aussi atypique que sa personnalité : en début de carrière, il enchaînait les équipes françaises ainsi que les prologues. Mais l’Anglais voulait plus : il débarque chez Garmin et perd sept kilos. L’objectif est clair et réussi : il se transforme en grimpeur. Il complète sa mutation chez Sky et rafle tout sur son passage en 2012. Le point d’orgue est sans conteste le Tour, gagné devant son coriace équipier Froome. De quoi le déstabiliser, malgré un titre olympique en contre-la-montre. Ensuite, le Kenyan blanc s’est installé insidieusement sur le siège du patron et Sir Bradley a compris que son avenir n’était plus dans les cimes. Le Giro catastrophique a conclu son raisonnement. Trois mois plus tard et huit kilos supplémentaires aboutissent à sa nouvelle mue. Sur le Tour de Pologne, le Sky n’est plus le même : certes, Wiggins a délaissé le classement général, mais il a accru ses performances dans l’effort solitaire. Dominateur, il a réédité l’effort sur son tour national, dont il a prolongé l’envie pour ravir le maillot jaune. Wiggins, en serrant les dents dans les ascensions, a montré qu’il avait la forme. De là à vaincre les réguliers Cancellara et Martin ? Le manque de comparaison empêche de l’affirmer. Mais souvenez-vous des mondiaux de Copenhague en 2011. Wiggins prenait la breloque d’argent au dépend de Spartacus. Avec son corps de jeune homme, son poids idéal peut lui offrir quelques kilomètres/heure supplémentaires. Si le Britannique réussi son coup, il parachèvera son œuvre sur la route, lui qui se retirera des pelotons au sortir de 2014 pour de nouveaux défis… sur la piste !
Crédit photo: Elise Eymeri – Culture Sport photos
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