Annonciatrice de la grande période des classiques printanières, Milan-San Remo est LE premier grand événement incontournable de la saison cycliste. Dans une course historique au cadre somptueux, les hommes forts du début de saison se donnent rendez-vous en Italie. Seul bémol au tableau : le circuit, amputé d’une difficulté devant faire la part belle aux puncheurs, rendra la part plus facile aux sprinters.
Le printemps, la mer, l’Italie, ses monts au nom chantant et ses descentes sinueuses. Avec le tour de Lombardie placé en fin de saison, la Riviera italienne offre un des plus beaux paysages possible aux coureurs pour évoluer et produire du spectacle. Ses routes, au caractère parfois difficile, ont vu défilé nombre de coureurs depuis 1907, date de sa création. Et même si le « cannibale » Eddy Merckx les a domptées à sept reprises entre 1966 et 1976, il n’a jamais réussi à réaliser le triplé, comme personne d’autre d’ailleurs (trois doublés en 66-67, 71-72, 75-76). Au total, ils sont sept à avoir réalisé le doublé et pas des moindres : Girardengo, Coppi, Petrucci, Merckx, De Vlaeminck, Fignon et Zabel. Ce dernier a remporté la classique italienne quatre fois, tout comme Gino Bartali. Fausto Coppi, quant à lui, s’est imposé trois fois, comme le sprinter espagnol Oscar Freire. La première victoire du « campionissimo » restera dans les annales, puisqu’en 1946 il gagna Milan-San Remo après 140 kilomètres d’échappée. Un palmarès qui en ferait donc saliver plus d’un, surtout si on rajoute à cette liste d’autres noms comme Bobet, Poulidor, Gimondi, Moser, Killy, Chiapucci, Cippolini, Bettini, Cancellara ou encore Cavendish.
Même si ces dernières années ont vu un petit groupe d’hommes forts s’expliquer à San Remo, la classique transalpine est souvent considérée depuis une vingtaine d’année comme une classique pour sprinteur. Et cela devrait encore être le cas cette année, même si les organisateurs ont tout fait pour durcir le parcours. Initialement, la Manie avait été supprimée pour intégrer juste après la Cipressa, la Pompeiana, un mur de 500 mètres dont le sommet, à 20 kilomètres de l’arrivée, laissait place à une descente tout aussi casse-pattes en direction du fameux Poggio, juge de paix de Milan-San Remo. Le profil avait de quoi attirer des puncheurs comme Alejandro Valverde ou des attaquants nés comme Vincenzo Nibali. Malheureusement, les intempéries de cet hiver ont eu raison de la route et de la bonne volonté des organisateurs qui ont toutefois assuré que la nouvelle difficulté sera présente l’année prochaine. En attendant, on risque de voir un peloton conséquent débouler sur la Lungomare Italo Calvino, après pourtant presque 300 km parcourus. Une aubaine pour les sprinteurs. Peut-être la dernière.
Et à en entendre parler Tom Boonen, ils en sont conscients puisque le champion belge voyait dans Milan-San Remo 2014 sa « dernière chance » de sortir vainqueur d’une classique qui s’est pour l’instant toujours refusée à lui (4ème en 2006, 3ème en 2007, 2e en 2010). Malheureusement, le coureur d’Omega Pharma est finalement forfait dimanche pour cause familiale. Il n’était bien sûr pas le seul à vouloir succéder à Gerald Ciolek, à commencer par Ciolek lui-même qui avait su braver des conditions dantesques pour venir coiffer Sagan et Cancellara au sprint. Il est vrai que l’équipe Omega Pharma fait figure d’épouvantail avec Mark Cavendish, vainqueur d’étape à Tirreno-Adriatico et accompagné par Bakelants, Kwiatkowski, Petacchi, Renshaw et Stybar, rien que ça ! Seul André Greipel, si les deux hommes sont encore là dans le final, semble pouvoir rivaliser avec le sprinteur de l’Île de Man.
Il n’en reste pas moins qu’il faudra compter sur des hommes comme Sagan, Gilbert ou Cancellara pour tenter de dynamiter la course. Et si cela se conclut bel et bien par un sprint, John Degenkolb ou José Joaquin Rojas, tous deux très en vue à Paris-Nice, pourront créer la surprise, à moins que bondissent une nouvelle fois un australien (Matthew Goss en 2011 mais non présent cette année, Simon Gerrans en 2012) ou un italien (Pozzato, Paolini). Quant aux français, premiers vainqueurs de la classique transalpine avec Lucien Petit-Breton, Arthur Vichot, très en jambe durant la course au soleil, ou encore Sylvain Chavanel, peuvent espérer briller par leur qualité de puncheur. Mais, les regards se tourneront principalement vers les nouvelles flèches nommées Arnaud Démare, Bryan Coquard et Tony Gallopin pour imaginer un français succéder à Laurent Jalabert, lauréat en 1995.
De toutes les manières, la Primavera, pas avare en scénario rocambolesque, lancera parfaitement la saison des classiques. On attend avec impatience dimanche pour se perdre dans les monts et descentes parsemés entre Milan et San Remo, entre terre et mer. Que la saison commence !
Crédit photos : Page Facebook officielle de Milan-San Remo
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