Quatre mois après leur premier derby en Nationale 2, les deux équipes vont à nouveau s’affronter pour tenter de subtiliser la suprématie du hand Basque. C’est dans la salle Lauga, théâtre du futur duel entre voisines, que les coachs des deux formations, Mickaël Moreno (Bayonne) et Tamas Marchis (Anglet-Biarritz), se sont rencontrés le temps d’une interview croisée. La pression commence à monter. Tout doucement.
Culture Sport : Comment abordez-vous ce deuxième derby Basque ?
Tamas Marchis : Nous allons enchaîner cinq matchs très durs. Ils s’annoncent compliqués face aux cinq meilleures équipes de la poule. Nous n’avons pas d’autres choix que de prendre nos matchs un par un. On va essayer de ne pas se prendre la tête et de sortir du contexte du derby. Le mot derby met un côté piquant au match. Ce n’est pas très bon pour l’enjeu à mon avis.
Mickaël Moreno : Que ce soit nous ou Anglet-Biarritz, on veut le gagner ce match. Nous avons fait une mauvaise prestation en seconde mi-temps à Bordes. Nous souhaitons nous rattraper. Même avec une autre équipe en face, nous aurions abordé cette rencontre de la même façon. Comme le disait Tamas, ça met un petit coup de piment, mais on ne veut pas trop l’aborder. À Anglet, lors du match aller, nous avions subi une correction dans le jeu, on s’en souvient. On va donc essayer de piquer les filles dans le vif. N’ayant plus rien à jouer, nous n’aurons pas la pression. C’est surtout l’ABOHB qui va vouloir faire le jeu, enfin, logiquement. À nous d’essayer de tenir sur une équipe plus forte dans la globalité du championnat.
Culture Sport : Que retenez-vous du match aller ?
Mickaël Moreno : Je l’ai abordé avec une petite appréhension en plus. Ce n’est pas que j’avais peur, c’est que le derby ajoute un peu de piquant comme le disait Tamas tout à l’heure. C’est un match qu’on se doit de gagner surtout quand on évolue à domicile. Mais ça reste match comme les autres dans lequel chacun aura ses arguments.
Tamas Marchis : J’ai un peu l’habitude de ne (re)garder que les mauvaises choses, celles qui n’ont pas marché durant un match… On gérait en première mi-temps, mais en seconde période nous sommes passés à côté durant quelques minutes. De ce derby, c’est le principal point dont je retiens. Mais j’avoue que ça a quand même été un beau match. Il y avait beaucoup de personnes !
“Il y a une bonne concurrence entre toutes les équipes du coin” (Tamas Marchis)
Culture Sport : Après le monde qu’il y a eu lors du match aller, peut-on dire que ce derby est désormais un vrai événement sportif, ici, au Pays Basque ?
Mickaël Moreno : Est-ce que ça sera le cas tout le temps ? Je l’espère ! Mais ça veut dire que l’on sera toujours dans la même poule et ça, c’est embêtant. Que ce soit Bayonne ou Anglet-Biarritz, j’aimerais qu’il y ait une équipe qui se hisse jusqu’en Nationale 1 pour justement tirer l’autre vers le haut. Je le dis, je n’ai aucune rivalité avec l’ABOHB. Si elles montent tant mieux ! C’est qu’elles l’auront mérité. Si on joue toujours la saison prochaine dans la même poule, c’est qu’elles n’auront malheureusement pas réussi à monter parce que nous, on n’y arrivera pas. C’est très bien que ça ramène du monde pour voir du spectacle. Du sport féminin, il n’y en a pas forcément sur la côte Basque.
Tamas Marchis : Effectivement, c’est plutôt rare !
Mickaël Moreno : Donc si on peut continuer à mener du monde pour venir voir nos équipes fanions et jeunes, qui poussent de plus en plus, ça ne serait que bénéfique pour nos clubs.
Tamas Marchis : Je pense qu’il y a une bonne concurrence entre toutes les équipes du coin. Ça booste pour travailler plus et se dépenser plus. C’est positif. Si on regarde en arrière, il y avait une seule équipe qui était en haut de tableau, qui dominait. Ça ne marchait pas trop.
Culture Sport : C’est une bonne publicité pour le hand au Pays Basque…
Mickaël Moreno : Exactement ! C’est pour cela que nous avons demandé aux présidents de la ligue d’Aquitaine et du comité départemental de venir. Ils seront présents, tout comme les présidents des clubs des alentours. L’idéal serait qu’ils viennent avec des licenciés, même s’ils ne vont pas spécialement supporter l’une des deux équipes. J’espère un beau spectacle sur le terrain en tout cas.
Tamas Marchis : On a tendance de dire que c’est un derby, donc que ça allait être un match très joli, mais ça peut également être catastrophique aussi…
Mickaël Moreno : Les filles n’ont pas l’habitude de jouer devant 800 personnes. Nous avons prévu des animations à la mi-temps. L’idée est de faire une grande fête autour de ce match.
Culture Sport : Les deux clubs sont dans le top cinq de la poule, c’est une assez grande performance !
Tamas Marchis : En effet, mais il ne faut pas oublier qu’Oloron et Bordes sont également bien classées. Le handball départemental a démontré de très belles choses pour le moment cette saison.
Mickaël Moreno : En termes de formation, les clubs se développent de plus en plus. Quand on voit Nafarroa en finale de Coupe de France féminine départementale, je pense que tous les clubs du Pays Basque se forment de mieux en mieux, idem pour les entraîneurs. Du coup ça se révèle sur les joueuses. On peut parler des autres clubs. Les garçons d’Anglet-Biarritz vont certainement monter, ils n’étaient pas loin aussi d’une finale de Coupe de France. Il y a également Irissarry et Tardets. Il y a un essor dans le département. Il faut continuer comme ça !
Culture Sport : Si vous aviez quelque chose à prendre du club d’en face, que choisiriez-vous ?
Mickaël Moreno : Leurs installations sont plus nombreuses et de meilleure qualité. Notre salle de musculation est toute petite par exemple. En termes de réseaux de partenariat, vous être plus étoffés que nous, ça, c’est sûr.
Tamas Marchis : Moi je pensais la même chose pour vous (rires) !
Mickaël Moreno : Je dois avouer que son équipe ne lâche rien quoi qu’il arrive. Ça fait partie des valeurs qu’elles ont à Anglet, que nous avons-nous aussi mais que nous avons peut-être perdu pendant certaines parties de la saison. On a pris deux, trois roustes notamment contre Carquefou il n’y a pas si longtemps. Je n’ai rien à envier dans son équipe. Il a des éléments forts, moteurs, comme je peux en avoir aussi. Je pense que nous avons deux groupes qui vivent bien. Je n’ai pas l’impression qu’elles se font la gueule dehors du terrain. Elles jouent au handball, se donnent des coups pendant les matchs mais se disent bonjour comme tout le monde après les rencontres. Je ne pense pas qu’il n’ait spécialement de rivalité tant que ça. Peut-être entre les deux villes (même s’il n’y a pas eu de gros soucis) mais pas entre les deux clubs. Elles se connaissent toutes à peu près. C’est la même génération. Du coup certaines ont même joué en sélection ensemble.
Tamas Marchis : Je suis du même avis. C’est tellement petit ici qu’elles se connaissent forcément par cœur, quasiment du moins.
“Ce n’est pas parce qu’on en discute que l’on va se marier !” (Mickaël Moreno)
Culture Sport : Vous n’en avez pas marre que tout le monde vous parle en permanence de la fusion ?
Mickaël Moreno : Oui un peu ! D’autant plus que nous ne sommes pas concernés. Je n’ai rien à dire là-dessus. Ce sont aux Présidents des deux clubs d’en discuter. On ne m’a pas demandé mon avis pour le moment…
Tamas Marchis : Nous sommes encore loin de tout ça ! Il y a trop de questions et nous n’avons aucune réponse.
Mickaël Moreno : Ce n’est pas parce qu’on en discute que l’on va se marier ! Ça devient politique, ce n’est plus du sportif. Réunir trois villes, trois mairies, deux entités omnisports, c’est complexe. Nous ne sommes pas des associations indépendantes, on dépend d’un omnisports. Anglet-Biarritz dépend même de deux omnisports. À eux de démêler tous les fils qu’il faut. Nous, nous ne sommes que des techniciens !
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Vers une possible entente ?
Les Présidents des deux clubs Eric Martinet (Anglet-Biarritz) et Jean-Pierre Guesnet (Bayonne) réfléchissent à une éventuelle entente qui réunirait les deux équipes fanions de Nationale 2 féminine. « Administrativement, on ne peut pas faire ça du jour au lendemain, avoue Eric Martinet. Il ne faut pas faire n’importe quoi parce qu’on engagerait beaucoup de gens avec nous dans cette aventure. Trois à six mois de travail seront probablement nécessaires. » « Ce projet intéresse la Ligue d’Aquitaine, déclare Jean-Pierre Guesnet. Nous allons bénéficier du soutien de la Ligue dans la réflexion et dans la mise en œuvre du projet. Cette entente vise à développer une pratique de haut niveau sur la côte basque. Elle doit se faire dans le respect de l’identité de chacun de nos clubs »
Propos recueillis par Nicolas Gréno. Crédit photo : Nicolas Gréno
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