SURF. Le Pro Anglet a débuté hier sur la plage de la Chambre-d’Amour. Si les huit séries féminines n’ont pas pu être toutes disputées, les seize séries masculines ont vu Vehiatua Prunier sortir du lot. Revenant de blessure, le Tahitien, dans le top 10 des meilleurs performeurs du premier tour, cherche encore à se rassurer. Et il le fait plutôt bien.
cultureSPORT : Vehiatua, peux-tu nous rappeler quelle est ta position au classement mondial, actuellement ?
Vehiatua Prunier : Je suis classé dans le WQS (qualifying series). Je n’ai pas vraiment regardé mon classement pour l’instant parce que je recommence à zéro. L’an passé, je me suis gravement blessé à la jambe. Je souffrais d’une déchirure à l’adducteur, plus précisément. Je suis resté six mois hors de l’eau et j’ai suivi une rééducation. Là, ça faisait quasiment un an et demi que je n’avais pas fait de compétition à l’étranger. Du coup, je n’ai plus aucun point et je dois donc recommencer à zéro.
cultureSPORT : Est-ce qu’on peut dire que tu cherches à relancer ta carrière, ici, à Anglet ?
Vehiatua Prunier : Oui, c’est un peu ça. C’est le lancement d’une petite carrière j’espère (sourire). On va voir comment ça va se passer après. J’espère gagner quelques points pour ensuite pouvoir rentrer dans les compétitions 6 000 (*). Je vais également essayer de viser les Primes d’ici la fin de l’année.
“J’ai perdu pas mal de confiance en moi et l’habitude de surfer contre des étrangers”
cultureSPORT : Du coup, comment abordes-tu ce Pro Anglet ? Plus comme une remise en jambes ou vises-tu déjà un résultat ?
Vehiatua Prunier : Plutôt une remise en confiance. Durant ma blessure, j’ai perdu pas mal de confiance en moi. J’avais perdu l’habitude de surfer contre des étrangers. Si je fais un bon résultat ici, à Anglet, ça va être que du bonus.
cultureSPORT : Quel est ton avis concernant l’organisation de cette deuxième édition ?
Vehiatua Prunier : Pour ma part, c’est la première fois que je viens ici puisque l’an passé je n’étais pas présent. Je trouve que c’est bien organisé pour le moment. Le commentateur est super, c’est top. En plus, il y a de bonnes vagues. Tout va bien !
cultureSPORT : Comment un surfeur de deuxième division fait-il pour survivre financièrement ? Comment fais-tu pour t’en sortir ?
Vehiatua Prunier : J’y parviens grâce à l’aide de mes parents. Mon père, ma mère et même mon frère sont toujours derrière moi. Ils me poussent et m’aident toujours beaucoup. A Tahiti, pour gagner de l’argent, j’allais soit beaucoup pêcher soit faire de la pêche sous-marine.
cultureSPORT : Comment est structuré ton plan de carrière ? Comptes-tu devenir professionnel dans les années à venir ?
Vehiatua Prunier : Exactement, mon principal objectif est d’entrer dans le tour (World Surf League), mais on ne va pas être trop gourmand tout de suite. Mon objectif, c’est d’être dans le top 100 avant le cut qui aura lieu en octobre. Entre-temps, et comme je l’ai dit précédemment, j’aimerais bien entrer dans les compétitions 6 000 (*).
cultureSPORT : Combien te donnes-tu de temps pour y parvenir ?
Vehiatua Prunier : Ca, je ne peux pas trop vous le dire. Sur le WQS, il y a vraiment un haut niveau. Tout le monde est bon, tout le monde a sa chance, mais ce n’est pas évident. Il faut vraiment avoir beaucoup de chance, chopper la vague au bon moment. Surfer intelligemment, surtout.
cultureSPORT : Justement, de quelle manière cherches-tu à te démarquer pour faire face à la concurrence ?
Vehiatua Prunier : J’essaie plutôt de rester simple, de surfer proprement. Mais d’abord, le plus important est de s’assurer quelques points pour le classement (rires).
cultureSPORT : En ce qui concerne le classement, as-tu déjà planifié ta fin de saison afin d’y glaner un maximum d’unités ?
Vehiatua Prunier : Pour le moment, en plus d’Anglet, j’ai prévu d’aller au Maroc (1 500, 13-18 septembre) puis je ferai Santa Cruz (1 500, 11-16 octobre). J’irai également au Costa Rica (5-9 octobre), à condition que je parvienne à y rentrer (compétition classée en 3 000, ndlr). Voilà ce que je prévois de faire pour le moment. Si j’ai un meilleur classement d’ici là, je tenterai d’intégrer les Primes à Oahu pour l’Hawaiian Pro (10 000, 12-23 novembre) et pour le Vans World Cup (10 000, 24 décembre-6 décembre).
cultureSPORT : Juste avant de venir sur la Côte basque, as-tu fait, comme la plupart de tes homologues riders, le crochet par Lacanau (1 500) ?
Vehiatua Prunier : Effectivement. Je me suis fait sortir au premier tour. C’était un premier tour assez corsé, mes adversaires étaient de vrais combattants. Le score était serré, j’ai perdu de moins d’un point. J’étais un peu triste mais je me suis dit qu’il fallait que je reste focus. Je me disais : « t’es ici pour gagner en confiance et essayer de faire de bons résultats. »
“J’essaie de ne pas trop me mettre le stress et de rester focus dans la compétition”
cultureSPORT : Tu viens de passer le premier tour sans encombre, devançant même au passage le leader du classement WQS, Leonardo Fioravanti. Comment appréhendes-tu la suite de la compétition ?
Vehiatua Prunier : C’est forcément une satisfaction de passer ce premier tour, surtout avec la présence Leonardo Fioravanti. Quand je l’ai vu dans ma série, je me suis dit : « wow, ça commence dur déjà. » D’autant plus que les deux autres riders qui concourraient savent bien surfer aussi. Lorsque j’ai eu ma première vague à 8,50, j’essayais de me calmer. Eh oui, parce que même quand tu décroches un 8,50 ; tu peux perdre ta série. Je me suis alors calmé avec pour objectif d’essayer de chopper une deuxième vague. Dans cette série, j’ai eu deux vagues et j’ai fini premier. J’étais vraiment content. J’espère que ça va continuer comme ça et que la chance soit avec moi (rires).
cultureSPORT : Pour finir, un petit mot sur ce deuxième tour. Peux-tu nous en dire plus ?
Vehiatua Prunier : Je sais que je tombe avec un copain tahitien (Ariihoe Tefaafana, nldr) et avec deux Portugais (Ruben Gonzalez et Guilherme Fonseca). Du coup, ça va être un match entre deux surfeurs tahitiens contre deux riders portugais. J’essaie de ne pas trop me mettre le stress et de rester focus dans la compétition. J’espère juste passer avec mon pote demain (aujourd’hui).
(*) Le Pro Anglet et le Lacanau Pro sont classés dans la catégorie 1 500. Il en existe cinq : les 1 000, les 1 500, les 3 000, les 6 000 et pour finir, les plus courues, les 10 000.
Propos recueillis par Nicolas Gréno (@nicolasgreno – n.greno@culturesport.net)
Crédits photos : Thomas Lodin et Laurent Masurel/World Surf League
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