FOOTBALL. Story. Pour la première fois de son Histoire, Leicester est parvenu à se hisser en quarts de finale de la Ligue des Champions. De quoi dégoûter le coach d’Arsenal, Arsène Wenger, qui échoue en huitièmes de la coupe aux grandes oreilles avec son club de coeur depuis sept ans. Le Français est installé sur un siège éjectable.

« Au début, j’ai pensé : qu’est-ce que ce Français connaît au foot ? Il porte des lunettes et ressemble à un instituteur. » Il y a vingt ans, Arsène Wenger déposait ses valises en bord de Tamise. L’Alsacien, tout droit venu du… Japon, ne faisait pas l’unanimité, en attestent ces propos de Tony Adams, le capitaine d’Arsenal en 1996. Nous voici en 2017 et l’entraîneur vit, de nouveau, des moments difficiles. Les supporters des Gunners ne cessent de tirer vers sa direction. Il faut dire que le bilan actuel est bien triste : une cinquième place en Premier League à seize unités du rival Chelsea couplé à un double désastre face au Bayern Munich en Ligue des Champions. Dans ces conditions, le coach est toujours dans le viseur, qu’importe qui il est. José Mourinho confirmera ces lignes. Arsène Wenger le sait aussi, alors que sa présence en terres londoniennes date depuis plus longtemps que son homologue Portugais.
Certes, son dernier titre de champion national remonte à 2004 mais les derniers trophées glanés ne sont vieux que de deux saisons, avec la Coupe d’Angleterre et le Comunity Shield. Que voulez-vous, c’est le monde du football qui est ainsi fait. Tout est très rapide, dans un sens comme dans l’autre. Son évolution en tant qu’entraîneur l’était également. Lui, le modeste défenseur Alsacien, né dans un bistro de Duttlenheim, là où il a touché ses premiers ballons, formé à Mulhouse et qui réalisa son rêve, celui de porter le maillot… du RC Strasbourg. Mais c’est à l’issue de sa carrière de joueur semi-professionnel que Wenger va décoller. Muni du précieux diplôme UEFA, écolé (1) à Cannes, il se lance dans le grand bain du coaching à Nancy. Son sens tactique fait mouche et attise les regards des dirigeants Monégasques. Au stade Louis II, il continue à impressionner, dont les Allemands du Bayern Munich, lesquels ont tenté d’engager ce polyglotte. Mais Arsène et son employeur s’y opposent. Or, puisque tout va très vite dans le football, la saison qui suit est désastreuse. Les Bavarois ne souhaitent plus engager celui qui s’est exilé du Rocher. Alors, direction le Japon et Nagoya.
Au pays du soleil levant, Wenger retrouve sa baguette magique et parvient à glaner des titres pour un club du ventre mou. Le retentissement de ces succès se fait entendre jusqu’à Highbury où le manager Bruce Rioch quitte l’ancienne enceinte des Gunners. Arsenal fait le choix osé de Wenger pour le remplacer. La suite, on la connait. Les joueurs sont sceptiques. Qui est ce mystérieux entraîneur provenant du bout du monde ? Qui est-il pour se permettre d’être le premier étranger à poser ses valises sur le banc ? Personne n’aurait imaginé son parcours fidèle et respecté, auréolé de trois titres de champion d’Angleterre, une finale de Ligue des Champions et un sacre européen en Coupe UEFA. Pourtant, depuis peu, le bruit d’un départ forcé se fait ressentir dans les travées de l’Emirates Stadium. Un bruit strident. Un peu comme de Larsen à l’Arsenal.
(1) formé (en version wallonne)
Julien Detroz (@juliendetroz)
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