Cyclisme Tour de France

Une page se tourne, ou plutôt a été déchirée

La chute d'une icône : Lance Arm(not)strong

Voilà. C’est fait. Vous pouvez à présent vous saisir d’un stylo. Noir de préférence, pour l’esthétique. Prenez également une règle pour que vos traits soient un peu plus droits. C’est toujours pour une question d’esthétique. Sinon, autre solution : attrapez un blanco, une souris correctrice. Cette technique marche aussi. L’UCI n’a pas encore décidé si les éditions du Tour de 1999 à 2005 seront réattribuées aux dauphins de l’Américain. L’Union Cycliste Internationale annoncera sa prise de position vendredi. Mais nous, on a déjà tranché. A l’époque, l’ensemble des meilleurs coureurs du peloton étaient tous logés à la même enseigne (*). Le palmarès doit donc rester vierge de tout vainqueur.

Et c’est parti. Commencez tout d’abord par 1999, le premier Tour d’une soit disant nouvelle ère. L’époque post Festina quoi. Poursuivez sur votre lancée avec les éditions 2000, 2001 et 2002. Les dernières avant la Grande Boucle du Centenaire. Vous imaginez… Vous êtes en train de barrer ou effacer le nom du vainqueur d’un des Tour les plus prisés, enviés, convoités… Bref, on ne va pas faire tous les synonymes pour simplement vous démontrer que ça fait un peu tache. Un peu ? Un peu plus oui. C’est un peu comme un gros tatouage, que l’on ne peut vraiment pas enlever (même pas avec les lasers les plus perfectionnés), qui souille la belle histoire du Tour de France ainsi que son palmarès, déjà bien endolori par Bjarne Riis, Floyd Landis et Alberto Contador.

Bon, on en est où ? Un Tour, deux, […], cinq. Ah oui, Lance Armstrong avait déjà rejoint Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain. Aujourd’hui, lundi 22 octobre 2012, il n’est plus du tout avec eux. On se souvient de cette belle image : l’Américain posant devant le podium avec les trois derniers champions cités (hormis le regretté Anquetil). Qu’il est loin ce dimanche 27 juillet 2003…

Les années 2004 et 2005 sembles elles aussi bien lointaines. Mais bon, hop, barrez, effacez. Le tableau d’honneur de la plus belle course au Monde est désormais amputé de 7 lignes. Oui, ce ne sont que des lignes, des mots, des lettres. Mais ça fait quand même quelque chose. C’est la toute première fois que le nom d’un coureur cycliste n’apparaîtra pas à côté de l’année de son sacre. Certes le Danois Riis a connu pareille situation (le 7 juin 2007) après être passé aux aveux. Mais le manager de la Saxo Bank a, quelques mois plus tard (le 4 juillet 2008), été réintégré au palmarès du TDF, avec la présence d’une mention : «Le 25 mai 2007, Bjarne Riis a reconnu s’être dopé lors du Tour de France 1996. Au moment de cet aveu, les faits étaient prescrits par les règlements. Bjarne Riis reste donc vainqueur.»

Cette situation est donc historique. L’UCI, par le biais de Pat McQuaid, son président, a tourné ou même déchiré une décennie, voire plus, de cyclisme. C’était presque nécessaire finalement. Mais maintenant, le mal est fait. Tournons nous vers le futur. Même s’il est difficile d’oublier ses années noires, il est temps d’aller de l’avant. Les jeunes coureurs, les jeunes pousses prônent un cyclisme propre. Nous avons envie de les croire.

En espérant que cette fois, le renouveau du cyclisme soit enfin vraiment arrivé. Pour que nous ne salissions plus nos livres ou magazines de traits noirs ou de traces blanches, comme du blanco par exemple. Parce que oui, ces livres sont chers et le remboursement n’est plus possible.

PS : lorsque j’étais plus petit, en 2005, mes parents m’avaient offert la collection de DVD (de France Télévisions) du Tour de France. Euuh, j’en fais quoi maintenant ? Poubelle ou je garde en souvenir cette période sombre ?

(*) 1999 : Alex Zülle (impliqué dans l’affaire Festina un an plus tôt, il avait aussi avoué s’être dopé); 2000, 2001, 2003 : Jan Ullrich (client du docteur Fuentes, impliqué dans l’affaire Puerto et suspendu en 2002 après avoir pris des amphétamines); 2002 : Joseba Beloki (cité dans l’affaire Puerto mais blanchi par la justice Espagnole); 2004 : Andreas Klöden (aurait reçu une transfusion sanguine dans la clinique universitaire de Fribourg avant le prologue du Tour 2006); 2005 : Ivan Basso (a été suspendu deux ans après son implication dans l’affaire Puerto).

Au niveau stats on fait le point
Au nombre de victoires finales, les nouveaux recordmen sont… Jacques Anquetil (1957 puis de 1961 à 1964), Eddy Merckx (1969 à 1972 et 1974), Bernard Hinault (1978, 1979, 1981, 1982, 1985) et Miguel Indurain (de 1991 à 1995). Les Etats-Unis qui figuraient au quatrième rang des nations ayant le plus remporté de Tour (dix : les sept de L.A et les trois de Greg Lemond), replongent au septième rang. Le coureur qui a gagné le Tour avec la plus grosse moyenne est… Oscar Pereiro Sio. Oui oui, en 2006. Oui, c’est bien l’édition où Landis a apparu, pendant une semaine, au sommet du classement général final. Dès aujourd’hui, il y a un homme qui pourra être tranquille puisqu’il n’apparaîtra plus jamais aux côtés du Ricain dans les statistiques du Tour. Chaque année depuis 2006, lors de la sortie du guide officiel de l’épreuve, dans la partie «les victoires d’étapes», André Darrigade était contraint de partager la quatrième ligne, celle des vingt-deux bouquets, avec Lance Armstrong. L’an prochain, ça ne sera plus le cas. Il sera même dépassé par un certain… Mark Cavendish.

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