EQUITATION. 4 étoiles de Pau. Champion olympique de concours complet par équipe en 2004, Nicolas Touzaint, un des meilleurs cavaliers de sa génération, était à Rio en tant que réserviste. Le double champion d’Europe 2003 et 2007 espère désormais pouvoir poursuivre sa carrière jusqu’à Tokyo.
cultureSPORT : Une première participation aux Jeux Olympiques en 2000, un premier titre européen à vingt-trois ans, vous avez connu un début de carrière fulgurant. Comment l’expliquez-vous ?
Nicolas Touzaint : Jeune, j’ai eu la chance de croiser la route de deux « cracks chevaux » : Galan de Sauvagère et Hildago de l’Île. Grâce à ces deux chevaux, j’ai pu accumuler beaucoup de résultats (voir fiche d’identité, palmarès).
“J’ai eu la chance d’avoir eu deux cracks chevaux. J’espère en recroiser un autre, je travaille pour ça.”
cultureSPORT : Vous êtes le seul cavalier français à avoir remporté deux épreuves 4 étoiles. Pensez-vous qu’un de vos compatriotes pourrait vous égaler, voire vous dépasser un jour ?
Nicolas Touzaint : J’espère ! Actuellement, on a de jeunes cavaliers qui vont bien. Après, c’est toujours le même souci : il faut avoir le bon cheval. De bons chevaux, on en a tous. Mais pour gagner un 4 étoiles ou avoir une médaille, il faut le « crack cheval. » Malheureusement, on n’a pas toujours la chance de l’avoir entre les jambes. Je pense qu’Astier Nicolas l’a actuellement. L’an passé il a gagné à Pau et cette année, il a fait une belle performance aux Jeux. S’il ne rencontre pas d’ennuis, il devrait pouvoir gagner à nouveau avec ce cheval. Comme je le disais précédemment, j’ai eu la chance d’avoir eu deux « cracks chevaux » dans ma carrière. C’est déjà beaucoup. J’espère en recroiser un autre, je travaille pour ça.
cultureSPORT : Justement, comment ça se trouve un « crack cheval » ?
Nicolas Touzaint : Au début, on les choisit avec le plus de qualités possibles. C’est ensuite le travail, l’évolution, qui fait que… Mais c’est difficile à mesurer au départ. Il y a beaucoup de critères, ce n’est pas une science exacte. On a tous beaucoup de jeunes chevaux qu’on fait évoluer. Il y a ceux qui se blessent, ceux qui ne suivent pas mentalement ou physiquement… Pour arriver tout en haut, il faut tout un ensemble de choses.
cultureSPORT : Quel est le processus d’adaptation avec un jeune cheval ?
Nicolas Touzaint : Il existe des circuits pour former les chevaux, qui ont entre quatre et six ans (1), mais aussi le mondial du Lion d’Angers (sept ans). C’est grâce à ces compétitions qu’on peut les faire évoluer. Ils arrivent ensuite, éventuellement, au plus haut niveau à huit ans. Parmi les chevaux âgés de huit à neuf ans, il n’y en a que quelques-uns qui peuvent prétendre participer à de belles épreuves. La sélection se fait progressivement.
“Ce n’est pas évident pour nous car le concours complet ne draine pas énormément d’argent.”
cultureSPORT : En tant que champion olympique par équipes 2004, quelle est votre réaction concernant vos successeurs cariocas ?
Nicolas Touzaint : C’est leur premier gros résultat mais ça fait déjà quelques années qu’ils sont performants. On voit qu’ils ont les qualités pour gagner de belles épreuves. C’est très rassurant et très motivant pour notre discipline, en France. Déjà qu’il n’y a pas beaucoup de chevaux parce que ces derniers ne peuvent pas beaucoup courir… Ce n’est pas évident pour nous car le concours complet ne draine pas énormément d’argent. Ces résultats tirent donc tout le monde vers le haut et font parler du concours complet au niveau olympique. C’est vraiment un plus pour tout le monde. Notamment pour le commerce des chevaux. Les étrangers vont continuer à en acheter chez nous. Il faut dire qu’on a un bon circuit de formation.
cultureSPORT : Si je vous demande de nous citer le nom d’un cavalier qui pourrait se révéler prochainement au plus haut niveau, de qui parleriez-vous instinctivement ?
Nicolas Touzaint : De tous ceux qui ont eu la médaille à Rio. Ils sont relativement jeunes. Thibaut Vallette, le plus âgé, a quarante-deux ans. Ces quatre-là peuvent encore performer. Après, tout dépendra du cheval qu’ils auront dans quatre ans. Par exemple, deux des trois chevaux de Thomas Carlile, qualifiés en début d’année, se sont blessés. Il suffit que le cheval se dérègle un peu techniquement un mois avant pour qu’il soit contraint de rester à la maison. On ne parle pas beaucoup de Thomas, mais il fait partie de ces jeunes qui montent. Cependant, l’équitation reste assez aléatoire. Personnellement, j’ai un cheval qui n’avait pas beaucoup d’expérience fin 2015 et qui a fait un très bon début de saison. Avec les ennuis des autres, je me suis retrouvé remplaçant aux Jeux alors que je n’y avais même pas songé six mois auparavant. Tout peut très vite basculer. On est tous à la même enseigne. Il faut bosser, rester dans le coup et espérer avoir le bon cheval au bon moment.
“A trente-six ans, j’ai toujours la pêche.”
cultureSPORT : Les Jeux restent toujours un objectif pour vous ?
Nicolas Touzaint : Exactement. On fonctionne un peu par olympiade. A trente-six ans, j’ai toujours la pêche. Après, tout dépend des propriétaires et des sponsors qui vous suivent. Actuellement, j’ai du monde qui me soutient. Je sais que je repars pour quatre ans.
cultureSPORT : Lors de ces 4 étoiles paloises, pensez-vous pouvoir vous immiscer dans le duel annoncé entre Astier Nicolas et Michael Jung ?
Nicolas Touzaint : Je pense plutôt que ça sera Jung contre le reste du monde. Même si nous sommes tous là pour faire de notre mieux, je pense que ça va être compliqué. Ses deux chevaux peuvent gagner ! Ça serait déjà pas mal si on arrivait à le priver d’une des deux premières places (rires). On est tous là pour s’en approcher le plus possible. On verra bien. On comptera les points dimanche soir.
(1) Avec une finale à Pompadour en fin d’année
Fiche d’identité
Âge : 36 ans (né le 10 mai 1980 à Angers)
Palmarès : Champion olympique 2004, champion d’Europe 2003 et 2007 (avec Galan de Sauvagère). Victoire aux 4 étoiles de Pau 2007 et aux 4 étoiles de Badminton 2008 (avec Hildago de l’Île). Champion de France 2006, 2007, 2008, 2013.
Chevaux : Caretinhus (9 ans), Crocket 30 (11 ans), Eboli (7 ans), Radijague (11 ans), Topsecret D’Eglefin (9 ans), Toytown de Barbereau (9 ans), Unplugged (8 ans), Vegas de L’Elfe (7 ans), Ventura de la Chaule (7ans)
Propos recueillis par Nicolas Gréno (@nicolasgreno – n.greno@culturesport.net)
Crédits photos : Nicolas Hodys
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