S’il est un des historiens les plus reconnus du Biarritz Olympique, auteur de nombreux ouvrages retraçant les plus grandes heures du club Basque, il en est surtout l’emblématique voix. Celle que l’on entend à chaque match disputé à domicile. Speaker du BOPB depuis une trentaine d’années (il entame sa trente-deuxième saison), Jean-Louis Berho a très gentiment accepté de répondre à nos questions durant la mi-temps du match amical opposant les Rouge et Blanc à Mont-de-Marsan. Des espoirs Biarrots à l’échec de la fusion avec l’Aviron, en passant par son expérience d’animateur à Aguiléra, Jean-Louis Berho s’est confié à cultureSPORT.
cultureSPORT : L’an passé, Alex Arrate et Alexandre Roumat remportaient ensemble, avec les Bleuets de l’équipe de France à 7, le titre Olympique de la jeunesse. Comment jugez-vous leur progression en un an ?
Jean-Louis Berho : Je trouve leur entrée au sein du groupe professionnel très rapide (ils disputaient le 30 juillet dernier leur premier match professionnel face à Mont-de-Marsan en amical, ndlr). Mais je les ai déjà vus jouer et le talent est là. Moi qui suis dans le rugby depuis tellement longtemps, nous avons vu, il y a quarante ans, des jeunes de dix-sept ans entrer en équipe première. Donc pourquoi pas ! Je le répète, ils ont le talent pour le faire. Il me tarde de voir cette deuxième mi-temps pour voir ce qu’il va se passer (Alex Arrate a donné le coup d’envoi de la seconde période et a joué les quarante minutes tandis qu’Alexandre Roumat est entré à cinq minutes de la fin, ndlr).
Si Alexandre Roumat a la classe de son père Olivier…
cultureSPORT : Y a-t-il eu une répercussion suite à leur médaille d’or Olympique ?
Jean-Louis Berho : Oui, effectivement ! Tout le monde attend beaucoup d’eux, ce sont deux espoirs. J’avais même entendu qu’Alexandre Roumat avait été courtisé par de grands clubs et non des moindres. Je suis agréablement surpris qu’il soit resté chez nous, parce que s’il a la classe de son père Olivier… Même chose pour Alex Arrate. Son père était également un très bon troisième ligne aile au Biarritz Olympique, mais dans des années qui étaient moins glorieuses que celles qu’a connues Olivier Roumat. Il a joué sur les années de titre. Le père Arrate a lui joué sur des années où nous avions quand même des gens qui étaient peut-être moins talentueux que ceux qui jouent actuellement mais qui détenaient une vertu exceptionnelle : l’amour du maillot et l’amour du BO. Sur le terrain, ces gens-là pouvaient crever et faisaient gagner leur équipe.
cultureSPORT : Nous avons entendu que vous partiez à la retraite dans six mois. Ce n’est pas vrai, c’était pour blaguer ?
Jean-Louis Berho : Non, non, non ! Je suis un compétiteur. Aujourd’hui (le 30 juillet 2015, ndlr), je débute ma trente-deuxième saison au Biarritz Olympique. J’ai débuté en août 1984. Ce qui veut dire que d’août 84 à aujourd’hui, je n’ai loupé aucun match ! J’ai couvert tous les matchs qui se présentaient à Aguiléra…
cultureSPORT : Jamais malade, rien !
Jean-Louis Berho : J’ai eu des petits rhumes mais j’ai une bonne santé ! (rires) Mais en tout, je dois être à 600 matchs au stade Aguiléra. J’ai été présent à tous les matchs : qu’ils soient amicaux, du Manoir, Challenge Espérance, de championnat… J’ai même fait des matchs de foot, ici ! Il ne faut pas oublier qu’il y a eu des rencontres de Coupe de France. La grande équipe de Marseille est venue, sur cette pelouse, jouer contre le FC Pau (victoire de l’OM 4-0, le 4 mars 1989, ndlr). Il y avait notamment Jean-Pierre Papin, Klaus Allofs et Karl-Heinz Förster… En faisant tous les matchs qui se présentaient à Aguiléra depuis trente-deux ans, je peux dire que j’en ai vu passer des joueurs !
C’est une période très triste de l’Histoire du Pays Basque ce qui s’est passé.
cultureSPORT : Un petit mot concernant la fusion. Comment avez-vous vécu cet épisode difficile et compliqué ?
Jean-Louis Berho : Très mal. Très mal, parce que depuis le 7 janvier, en France, on me parle de vivre ensemble, on me parle d’être Charlie. Et ce que je remarque, c’est que des gens, qui vivent à quatre kilomètres les uns des autres, sont infoutus de vivre ensemble. C’est un pays, et je touche du bois, où il ne se passe jamais rien de grave. Il n’y a jamais de tremblement de terre ou de tsunami, par exemple. Mais si un jour, il arrivait quoi que ce soit, comme un événement de cette ampleur, je me demande si on serait capable d’être solidaires les uns envers les autres. J’en doute énormément. Je trouve que c’est une période très triste de l’Histoire du Pays Basque ce qui s’est passé. Nous ne sommes pas capables de vivre ensemble, aussi bien d’un côté comme de l’autre. J’ai bien peur que l’intelligence ne soit une vertu qui courre beaucoup au Pays Basque.
cultureSPORT : Après cette période douloureuse, comment appréhendez-vous cette nouvelle saison pour le coup ? Après avoir connu une saison d’adaptation en Pro D2, est-ce que l’objectif affiché par le BO est la remontée ?
Jean-Louis Berho : Je crois que les joueurs du Biarritz Olympique doivent se racheter vis-à-vis des supporters. Nous nous attendions quand même à faire, au moins, une demi-finale d’accession. Je ne demande pas de remonter en Top 14, mais je pense qu’on aurait pu jouer un peu mieux. Nous en avions les moyens, l’effectif, les joueurs. La qualité était là. Nous avions également une mêlée surpuissante à un moment donné. En revanche, ce que je trouvais bizarre, c’est que dans l’Histoire du club, nous n’avions pas souvent pris quarante points comme ce fut le cas à Montauban, Pau et Perpignan. On a loupé des matchs où on pouvait gagner et là je pense à la rencontre contre Tarbes. Il y a aussi eu des cerises sur les gâteaux comme la défaite à Mont-de-Marsan, alors que nous avions le match en main. Et puis le pompon, ça a été la défaite à Dax…
cultureSPORT : Justement, comment a-t-il été perçu ce revers ?
Jean-Louis Berho : Les gens ont été déçus. Je pense qu’ils attendent leurs joueurs cette année, qu’ils aient un esprit de revanche. Je pense que ce n’est pas simplement mental parce que ces joueurs-là ont les moyens de bien faire, j’en suis persuadé. Il y a des jeunes qui peuvent amener ce club jusqu’aux demi-finales d’accession. Je n’en demande pas plus ! Après on peut rêver… Et puis il y aura ce satané derby (match aller le 6 novembre à Bayonne, retour le 29 janvier, ndlr) qui va venir. Le derby, ça ne me fait plus du tout rigoler.
Propos recueillis par Nicolas Gréno. Merci à Jean-Louis Berho pour sa disponibilité. Crédits photos : Photo Bernard-Clément Mathieu/Biarritz Olympique.
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